Quand Idil (@BookyCooky) ne nous emmène pas en Israël, elle nous balade en Nouvelle-Zélande. Pour notre plus grand plaisir, cela va de soi. Même si
Une falaise au bout du monde ne commence pas exactement comme une jolie histoire.
« La voiture dans laquelle se trouvaient les quatre enfants endormis quitta le sol. le sommet de la falaise boisée, où la route rendue glissante par la pluie s'incurvait dangereusement, dominait d'une bonne vingtaine de mètres la rivière en crue qui coulait au pied. C'était une nuit sans lune ; des nuages bas et lourds bouchaient le ciel. Comme en suspens, la voiture s'immobilisa dans l'air une fraction – voire une fraction de fraction – de seconde. Très bientôt les enfants amorceraient leur chute. Vers la cime des arbres. Vers l'eau hâtive qui coulait entre les gros rochers. Leur plongeon dans l'avenir. ». Ca, c'est l'incipit.
Au volant, John
Chamberlain. Anglais pur jus des années 70, il a embarqué sa femme Julia et leur quatre enfants, du nourrisson à l'ado, dans son nouveau projet de carrière pour lequel il doit passer deux ans en Nouvelle-Zélande. Tout juste arrivé dans ce pays, tout ce petit monde bien propre sur lui a quinze jours avant la prise de fonction du Papa pour partir à la découverte de leur nouvel environnement. Un road trip version famille nombreuse.
Il y aura un certain nombre de morts à la suite de cette fâcheuse échappée de leur voiture en dehors de la route. Mais pas d'autre meurtrier que la pluie et l'inconséquence d'un père si sûr de ses choix. On ne cherchera d'ailleurs pas vraiment de responsable à cette tragédie.
En fait, tout au long de ce récit, on ne saura pas vraiment ce qu'il y a à chercher. Ni qui le cherche. Mais on n'en continuera pas moins à lire avec délice, gourmandise et hâte la construction pleine de suspens que nous propose
Carl Nixon.
Suzanne, la soeur de Julia, fera le voyage depuis l'Angleterre, plusieurs fois, une fois l'alerte donnée, bien longtemps après, des semaines ayant passé depuis la fatale nuit. Elle sera accompagnée de son mari au début, et puis plus ensuite. Ce qu'elle cherchera en arpentant obstinément le chemin surplombant l'endroit où la carcasse de la voiture aura été finalement découverte, elle ne le saura jamais elle-même. Après plusieurs mois, plusieurs années ensuite, que peut-elle bien espérer trouver ? Elle ne le sait pas trop mais continue. Marche là où elle est déjà venue. Pose des questions, montre les photos collet-monté et de plus en plus diluviennes où ses neveux et nièces posent dans tous les attributs de leur statut de collégiens d'un prospère établissement privé anglais.
C'est pourtant Suzanne que l'on suit très vite, d'abord depuis 2010, à une distance de plus de trente ans avec la tragédie donc, lorsqu'elle reçoit un coup de téléphone lui apprenant que des ossements ont été retrouvés. Mais il y a comme un problème. Et puis, petit à petit, la narration nous proposera des chapitres où le temps de Suzanne retrouve celui qui s'est arrêté lors de cette nuit de 1978.
On partage aussi ce qui arrive à trois des enfants, Katherine, Maurice et Tommy. Je ne vous dirai rien. Il faudra pour que vous l'appreniez que vous vous plongiez à votre tour dans ce roman qu'on ne lâche pas. Dans cette histoire où la vraie enquête réside dans la compréhension des personnages. Complexes, en évolution, en réaction avec un environnement que l'on découvre petit à petit, ils disent une histoire qui n'est pas celle que l'on attendait, ce qui n'en est que plus séduisant.
Ce n'est pas un polar. Il n'y a pas de meurtre, pas d'assassin, pas vraiment d'enquête. Mais c'est haletant, on frissonne, on postule, on élucide, on se trompe et ensuite on comprend. Immersion dans un autre monde garantie !
Merci à toi, Idil, pour cette très belle découverte !