A un moment donné ou à un autre, il faut bien sortir du temps : rencontrer le printemps pour toujours. Maintenant je n'ai plus peur, parce que je sais que la vie est parfaite.
La poésie est le tremblement de la langue, or qu'est -ce qui nous rend humains sinon ce qui nous fait trembler.
Ecrire, vivre, c'est apprendre à mourir. La poésie est une voie spirituelle. (p. 64)
Car la poésie est liée à la vérité. Elle est parfaitement réelle. Elle est ce point de pureté du réel qui, lorsqu'on le perçoit, fait de nous des êtres humains incarnés et vivants, manifestations du divin, spiritualisant la matière. Notre tâche d'homme, je ne cesse de le répéter : déplier l'absolu en nous.
Nous croyons être dans le temps en étant dans le monde mais nous ne sommes que des formes qui courent derrière leur nom à la recherche de leur demeure véritable. La seule chose que chaque homme désire est : rentrer chez soi. La seule chose qui en empêche chaque homme est qu'il a oublié le nom, le lieu et le chemin qui mène à sa demeure.
Je n'étais pas encore assez déçue par le monde, j'en espérais toujurs quelque chose. Tant que cela perdurait, ce que je cherchais ne pouvait se produire. C'est ce à quoi sert l'expérience, l'humilité de l'expérience. Il ne faut pas lutter, il faut s'abandonner. Car l'expérience a tout son temps. Nous seuls sommes pressés. L'expérience, elle, a l'éternité p 66-67
Que ton oeuvre et ta vie soient une et une seule, afin qu'en t'abandonnant à la fiction du monde, par l'écriture, tu illumines le mystère sans le révéler. (p.130-131)
La littérature est mon rêve de langage...
Est-elle plus vivante que la vie ? Est-ce elle la vie vivante ? Elle qui double la vie, lui ouvrant l'espace divin où être. Elle qui, par la puissance du verbe, en nous séparant du monde nous relie à tous les mondes, supportant de nous faire passer de l'un à l'autre sans devenir fou ? (...)
La littérature est mon éveil. (p. 132-133)
Je comprends ici la différence qui existe entre la beauté et l'esthétique. Le Japon est esthétique et je préfère la beauté : c'est la poésie surgissant tout à coup, de façon inattendue dans sa spontanéité tragique et vitale. (p. 116)
Les mystères de la littérature étant ce qu'ils sont, ils se trouve que j'ai imaginé l'existence d'un poète japonais il y a plus de dix ans, du nom de Yazuki- un nom venu de mon imagination qui a parcouru tous les livres que j'ai publiés depuis- et dont je m'aperçois, au moment de partir au Japon- où je ne suis jamais allée-, qu'il existe bel et bien. Vous imaginez mon trouble et ma joie.
S'il était possible que la fiction rencontre la réalité, il me semble que je serais enseignée sur le pouvoir de la littérature. (p. 52)