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4,2

sur 1526 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A toutes les lectrices et lecteurs de Gaëlle Nohant, vous pouvez dès aujourd'hui trouver son tout dernier roman dans toutes les librairies !

Bad Arolsen, c'est dans cette ville de la Hesse en Allemagne qu'Irène est installée maintenant depuis plus de vingt cinq ans. Divorcée juste après la naissance de son fils, elle reste là, ne revient pas en France, son pays d'origine. C'est au coeur de l'International Tracing Service qu'elle travaille. Ce centre de documentations sur les persécutions nazies qui dispose du plus important fond d'archives sur les victimes et survivants de la seconde guerre mondiale. L' ITS a hérité de quatre mille objets au début des années soixante, Irène à ce jour, se voit chargée d'une nouvelle mission et c'est une enquête exceptionnelle qu'elle va mener avec beaucoup d'émotion. Mais parviendra t-elle à temps à tous ses rendez-vous ?
Un roman foisonnant d'histoires terribles, tragiques, émouvantes à souhait que l'auteure met en lumière, elle donne avec élégance voix aux oubliés et toutes ces victimes.
" Ce que la guerre nous a arraché est notre secret. Si nous en parlons, qui serait prêt à nous écouter ? "


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Kirzy dit « coup de coeur », je suis déjà aux portes de la bibliothèque ! Merci Babelio!
Effectivement un roman à ne pas laisser passer. le support fictif est bouleversant de réalisme. Au travers de ces « remontées dans le temps », ces enquêtes pour restituer un objet à leur propriétaire, l'auteure nous éclaire sur de nombreux angles morts de la Shoah et l'après guerre. Les personnages et leurs histoires sont fictives nous dit elle en fin de livre, mais je n'ai pas trouvé de différence entre les mots qui témoignent et les mots qui romancent.
L'autrice nous amène (ou Irène mène son travail) à repenser par nous même. Nous questionner, voir de plus haut, prendre en compte des histoires de personnages au complet, leurs parents, grands parents, frères soeurs, enfants, ceux qu'ils côtoient… Elle le fait avec le don de ceux qui savent le faire mais pas que, vraiment, elle nous présente les ombres, les oubliés, ceux qu'on ne connaissait pas ou trop peu pour qu'ils aient du poids dans notre mémoire collective. Ainsi, le regard historique du roman m'a paru totalement passionnant, effroyable aussi mais surtout complètement à ma portée émotive. L'écriture de Gaelle Nohant est libre, sans dédales, fluide, passionnante.
Je n'ai jamais aussi bien lu sur la Pologne des années 1940, jamais lu avec détails les rapts d'enfants, la germanisation, les questions sur ces gamins volés qui doivent ou non être retirés à leurs familles adoptives, la destination des déplacés après les accords de Yalta, ni la portée des décisions de la guerre froide, les apatrides, la misère dans l'union soviétique, les infiltrés SS avec les déportés à l'arrivée des alliés, les sabotages aux archives, les espions dans les camps de déportations, la gueria anticommuniste, les soldats maudits.

L'archivage, la forme du roman (les enquêtes) donnent voix à tous ces pans (presque) invisibles, ceux qui sont maniés certainement pour l'écriture du roman national. On le sait, chaque pays officialise sa version de la guerre, la fait apprendre à sa nation. Ici, dans ce roman on comprend que l'archivage retrace avec une grande justesse et pudeur le déroulé des personnages. Passer par l'individualité pour nous donner à comprendre l'ensemble.

C'est ce qui m'amène à penser que l'autrice (ou Irene dans son travail) nous conduit nous aussi à repenser par nous même grâce à tous ces éclaircissements de destins. Et m'amène à penser que tout est manipulable. C'est ce qui ressort le plus de mon ressentie après lecture. La manipulation des faits, des normes, des souvenirs, des foules, des individus. le travail des archivistes est indiscutablement vital, et le roman leur rend également un bel hommage.

J'ai choisi de ne parler que de ce point de vue pour me rappeler de ce livre mais sa lecture m'a également profondément marquée sur les destins de vie des déportés, l'atrocité de la Shoah, l'inhumanité des guerres et des hommes. Ce roman porte vraiment beaucoup de regards et trace de nombreuses lignes pour comprendre la seconde guerre mondiale. Peut être ne le lire qu'en fin d'adolescence mais il est dans les incontournables.

On a donc bien besoin d'un bureau d'éclaircissement des destins et de lire Gaelle Nohant. Ce livre est un vrai coup de coeur.
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Ravensbrück, Buchenwald, Treblinka, Auschwitz, Sobibor... La litanie peut s'égrener ad nauseam, évoquant le roulement imperturbable de trains lancés vers l'innommable.
A Ravensbrück, droit et fier, se dressait l'arbre de Goethe, où il se dit que le grand homme aimait se reposer et méditer. Peut-être est-ce en ce lieu qu'il composa la phrase "Écrire l'histoire est une façon comme une autre de se libérer du passé.". Gaëlle Nohant s'attelle à la tâche, prenant comme point d'ancrage l'International Tracing Institut né après-guerre à la croisée des zones allemandes occupées par les alliés. le fond d'archives d'Arolsen est une boîte de Pandore. Il s'agit du plus important fonds mémoriel au monde. Archives administratives, photos, lettres personnelles, billets jetés depuis les trains roulant vers l'est y côtoient les milliers d'objets exhumés, retrouvés, cachés et sauvés. Ainsi ce Pierrot sur le ventre duquel est écrit un matricule.
Ce jouet devient l'enjeu d'une quête acharnée pour Irène, archiviste de l'institut. Retrouver des survivants ou leurs descendants est sa mission afin de leur rendre ces reliques venues d'un passé que la fureur a englouti. L'enquête va la mener sur les pas de Wita, jeune polonaise qui s'est sacrifié pour un petit orphelin; sur les pas de Lazar, spectre ressuscité de Treblinka dont il fut l'un des émeutiers; sur ceux de Karl, enfant blond volé pour alimenter un reich avide de pureté aryenne.
Des héros anonymes, envolés, sidérants de courage s'invitent pour rappeler l'histoire de celles qui, à Ravensbruck, se sont faites militantes pour protéger les jeunes Kaninchen, ces jeunes filles victimes d'expérimentations chirurgicales insoutenables.
Le chemin est long et torturé pour rendre un Pierrot, pour réunir un frère et une soeur, pour rassurer sur l'amour d'un père disparu.
Pas de ligne superflue dans ce livre documenté et pudique. S'il ouvre des gouffres insondables, il s'acquitte de l'injonction d'écrire l'histoire. L'arbre de Goethe est tombé sous un bombardement, mais le poète peut se reposer. le relai persiste à se transmettre, et c'est bien ainsi.
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Avec ce roman, je découvre la plume – agréable – de Gaëlle Nohant. Ma libraire préférée m'a dit que son écriture est encore plus belle dans L'ancre des rêves, son premier roman. C'est normal : ici, l'autrice a choisi l'angle de l'enquête, de l'Histoire, des objets confisqués à des personnes déportées par les nazis.

Nous suivons donc Irène – au prénom tellement approprié – dans sa quête minutieuse, obsessionnelle pour retrouver les descendants des déportés à qui elle pourrait remettre une poupée de chiffons, un médaillon ou autres objets très modestes. Elle travaille pour l'ITS (International Tracing Service) basé à Arolsen dans le nord de l'Allemagne, un centre (qui existe vraiment et s'appelle en réalité le Centre d'archives d'Arolsen) qui a recueilli les archives de la déportation et des persécutions nazies sur 17 km de linéaire (ça aussi, c'est le chiffre réel). Dans cette mission de restitution des objets volés, elle va être amenée à voyager de Thessalonique à Varsovie, de l'Europe à l'Amérique du Sud en passant par le camp d'extermination de Treblinka et le camp de femmes de Ravensbrück. Elle va se focaliser particulièrement sur le destin de Lazar Engelmann, rescapé de Treblinka et de Wita Sobiecki, morte à Ravensbrück. Au cours de son enquête, nous (re)découvrons avec elle les persécutions les plus ignobles que les SS ont fait subir aux Juifs, aux femmes, à tous ceux qui n'entraient pas dans leur « idéal » aryen : transports en wagons à bétail, sélections, travail forcé, expériences médicales, résistance et destruction du ghetto de Varsovie, programme Lebensborn, sans oublier la fuite des bourreaux à la fin de la guerre, les entraves aux enquêtes, les témoignages glaçants des employés des camps et le difficile devoir de mémoire des Allemands.

Comme nous l'a expliqué Gaëlle Nohant, en tournée en Belgique ces derniers jours, l'écriture du roman s'est basée sur un important travail de documentation (fait notamment en ligne pendant le confinement, grâce aux archives numérisées d'Arolsen) et si toutes les personnes et les histoires individuelles qu'elle raconte sont fictives, elles auraient parfaitement pu exister. Certes on a déjà lu beaucoup sur la Shoah mais ici, le point de vue original est celui de ces enquêtes à partir d'objets. Et parfois, comme dans le roman, même si le passé saute parfois à la figure de descendants qui ne connaissaient rien ou presque de l'histoire de leurs aïeuls, se voir restituer ces maigres objets perdus leur permet de s'approprier leur passé familial, de l'apaiser quelque peu en en recueillant une trace tangible. L'autrice a pu participer à la restitution d'un objet par Georges Sougné, un bénévole belge qui aide le Centre d'Arolsen : nous avons pu aussi entendre avec Gaëlle Nohant le témoignage émouvant de ce monsieur.

Ce roman est vraiment très beau, très fort, par la richesse des personnages et des situations, par sa construction maîtrisée de bout en bout, par le magnifique personnage d'Irène, par le message positif apporté malgré l'horreur des camps et la difficulté à appréhender cette réalité sans l'avoir vécue. Gaëlle Nohant n'use pas de facilité pour nous tirer la larme, ce sont ses personnages qui nous touchent, nous émeuvent. Elle-même, comme Irène, a souvent été envahie par son sujet pendant l'écriture du livre. A sa lecture, bien qu'il soit passionnant, j'ai eu besoin de ménager quelques pauses pour « souffler » si j'ose dire. Cette lecture demande de l'attention car il n'est pas évident de retenir tous les noms des déportés et de leurs descendants mais elle en vaut vraiment la peine, même si vous avez l'impression d'avoir lu beaucoup sur le sujet.

L'autrice fait dire à un de ses personnages : « Ne pas laisser leur mort éclipser leur vie. » et « Quelquefois, en cherchant les morts, on trouve des vivants. » C'est un beau message pour nos démocraties. C'est un grand livre.
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Je plonge dans le bureau d'éclaircissement des destins de Gaëlle Nohant. Irène, experte des Archives Arolsen, révèle des récits à travers des objets sans valeur, mais porteurs d'adieux poignants. Son engagement, hérité de sa mentore Eva, dévoile des tragédies, des rédemptions et des secrets d'une époque troublée. Ce roman audio dévoile l'Europe méconnue de la Seconde Guerre mondiale. Entre Irène et son fils Hanno, le travail et les blessures du passé se mêlent. Nohant honore les Archives Arolsen, dévoilant un monde souvent ignoré. Un baume sur les cicatrices du nazisme, ce livre offre une réflexion sur la mémoire et les leçons de l'histoire. Un récit captivant qui résonne bien au-delà des pages.
Ma chronique complète :
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Irène travaille au centre d'Arolsen dont le but est de restituer des objets retrouvés dans des camps nazis à leurs propriétaires survivants ou leurs descendants.
Elle entreprend tout un travail de recherche minutieux pour restituer un Pierrot, un mouchoir et un médaillon. a travers ces enquêtes, ce sont beaucoup d'évènements qui seront relatés : les Kaninchen de Ravensbrück, les rafles d'enfants remis aux allemands, l'horreur des camps bien évidemment.

Tout comme l'auteure, j'ai été très jeune attirée par les romans historiques sur cette période. A chaque fois que je pense en avoir fait le tour, je me laisse surprendre par de nouveau faits. J'ignorais l'existence du centre d'Arolsen par exemple.

Les précédents romans de Gaelle Nohant m'ont toujours passionnée, remplies de connaissances, de recherches poussées et d'émotion.
Je suis encore une fois conquise par son écriture intelligente, fluide, empathique et terriblement recherchée.

Hâte de lire son prochain !
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En 2016, Irène, française expatriée en Allemagne, est passionnée par son travail à l'International Tracing Service, un grand centre de documentation sur les persécutions nazies. Une de ses missions consistent à rendre des objets aux familles de déportés.
A travers ce roman, nous la suivons dans ses enquêtes rendues d'autant plus difficiles que le temps a passé.
Je ressors de cette lecture toute émue et à la fois écoeurée et ahurie de voir que l'être humain est capable du meilleur comme du pire. C'est vraiment un grand roman, très bien documenté et d'une grande sensibilité, très intense.
Quelle bonne idée de nous présenter les choses sous forme d'enquête! La seule petite difficulté pour moi, a été de m'y retrouver dans les très nombreux personnages, par ailleurs des portraits faits avec un grande justesse de ton.
Ne passez pas à côté de ce roman!
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Irène travaille aux Archives Arolsen, que j'ai découvertes dans ce roman. Il s'agit du plus grand centre d'archives sur les persécutions nazies fondé en 1947. L'héroïne est divorcée et élève seule son fils adolescent. Elle est à la fois archiviste et enquêtrice, sa patronne lui confie la tâche de restituer différents objets aux survivants des camps de la mort ou à leurs descendants. Il s'agit d'un pierrot en tissu, un mouchoir brodé et un pendentif. On suit son enquête pour identifier leurs propriétaires et ensuite ses rencontres avec eux. C'est passionnant et ce roman m'a fait penser à La carte postale d'Anne Berest, les deux enquêtes remontent le trace des déportés.

Toutefois on peut s'interroger sur le fait d'écrire un roman sur ce sujet, sans que cela concerne sa propre famille. Irène ne semble avoir aucun lien personnel avec cette tragédie, en dehors de sa dispute avec son beau-père qui a cassé son couple. Lors de l'enterrement du vieil homme, elle explique à son fils alors âgé de treize ans qu'elle ne sait pas ce que son grand-père a fait durant la guerre, que c'est un sujet tabou dans la famille et que son père accepte ce silence contrairement à elle, mais que rien ne dit qu'il ait été complice des crimes commis autrement que par volonté de ne rien voir. Certes les témoignages des victimes sont suffisants, mais il y en a de moins en moins et si la fiction ne s'empare pas du sujet, finalement plus personne n'en parlera.

Les histoires des victimes du roman sont très respectueuses de la réalité, on ne peut qu'être bouleversé à cette lecture. Certains descendants militent pour l'avortement en Pologne ou les réfugiés en Allemagne, je trouve que cela n'apporte rien à l'histoire, ces combats semblent bien légers face à ceux de leurs parents qui se sont battus contre les nazis dans le ghetto de Varsovie ou ailleurs. Les personnages sont émouvants et vrais, tout sonne juste dans ce magnifique roman à l'écriture ciselée. J'ai eu la chance de l'écouter en audio, lu par Anne le Contour dont le voix douce convient parfaitement à Irène, elle nous transmet les émotions des personnages. C'est une lecture immersive qui nous permet une belle rencontre, comme c'est souvent le cas avec les livres audio. Je trouve qu'ils procurent des émotions plus intenses que la lecture d'un texte. Au lieu de lire l'intrigue, on nous la raconte, plus j'écoute de livres audio, plus j'apprécie ce format.

Même si Irène ne compare pas les problèmes, les jeunes Allemands sont aussi des victimes de la guerre comme Hanno. Chez les descendants des bourreaux aussi, le silence régnait, on était face à un tabou que Wilhelm a préservé au prix de sa famille, et finalement c'est son fils Hanno qui en paie le prix.

L'auteure a su parfaitement entremêler la fiction et les évènements historiques pour donner un souffle extraordinaire à ce magnifique roman aux personnages inoubliables. J'ai été particulièrement touchée par les retrouvailles d'un frère et d'une soeur très âgés, mais aussi par le courage de Lazare qui a préféré abandonner son épouse enceinte que de se trouver incapable d'assumer sa fille. Tous ces personnages sont bouleversants.

Un grand merci à Neggalley, Audiolib et aux Editions Grasset pour ce gros coup de coeur.

#LeBureaudéclaircissementdesdestins #NetGalleyFrance
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Gaëlle NOHANT. le bureau d'éclaircissement des destins .

Situées à Bad Arolsen,  en Allemagne L'ITS, les Arolsen Archives sont le Centre International de documentation sur les persécutions nazies. Elles conservent des millions ( environ 30 millions) de documents et objets, témoignant des exactions exercées par les nazis sur les populations juives, en particulier. Avec brio et dextérité, Gaëlle NOHANT va créer une fiction et suivre une famille persécutée par les allemands et nous livrer un joli récit. Un pierrot en tissu grossier, un mouchoir brodé et un médaillon, vont lui permettre de reconstituer toute la généalogie d'une grande famille de déportés, partie de Thessalonique et qui va essaimer sur tous les continents, jusqu'en Argentine.

Grâce à des détails infimes, de la persévérance, Irène, cette employée modèle n'a qu'un but : restituer les objets aux descendants des personnes martyrisées par les nazis. Elle fait preuve de beaucoup d'imagination et ainsi reconstitue l'odyssée de ces familles, déchirées, séparées et dont les héritiers se sont dispersés au quatre coins du monde afin de tenter de vivre en toute quiétude. Les effets collatéraux, suite à ces exactions sont toujours tangibles et sont ensevelis au fond des mémoires des survivants, des miraculés de tous ce camps de concentration, ceux qui ont échappés aux flammes des fours crématoires, aux mauvais traitements, à la malnutrition, aux maladies, au typhus, à le dysenterie, ….

Elle imagine le quotidien de Lazar à Tréblinka, celui de Wita à Ravensbrück, celui de Sabine, de Karol et tant d'autres. Les images insoutenables de ces prisonniers, à la lecture de cette narration défilent sous nos yeux. Nous nous souvenons du film de Claude LANZMANN, consacré à la Shoah. Ces êtres complètement décharnés et vêtus de costumes rayé bleu et bis, les yeux hagard, recevant les troupes alliées les libérant enfin de ces camps maudits. Nous passons sur tous les continents pour suivre ces personnes déplacées, retirées à leur famille ou purement exécutées dès leur arrivée dans les camps.

Gaëlle NOHANT a une belle écriture. J'avais beaucoup aimé son récit consacré à Robert DESNOS : « Le dormeur éveillé », paru il y a trois ou quatre ans et dont je vous recommande la lecture. C'est un nouveau coup de coeur. de plus la couverture présente des documents originaux, semblables à ceux qui lui ont servi à identifier les héros dont nous partageons le destin. C'est une immersion directe dans le vif du sujet. Merci Gaëlle pour ce témoignage qui redonne vie à toute une lignée d'opprimés. Beaucoup de sensibilité, d'humanité, d'amour affleurent dans cette histoire, qui, à partit de faits réels et authentifiés, est romancée pour notre plus grand plaisir de lecteur. Beaucoup d'émotion.
(03/05/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Un roman qu'on lit la gorge serrée, chaque page amenant son lot d'émotions. Irène, une française, travaille depuis plus de 20 ans à l'International Tracing Service en Allemagne. Ce centre, créé après-guerre, a notamment pour vocation de retrouver les victimes du nazisme, de retracer leur parcours, de reconstruire leur histoire souvent à la demande des familles ou de leurs descendants.
Tâche infinie, travail minutieux d'enquête, quête de menues pièces d'un puzzle horrifique. Irène suit plusieurs pistes à partir d'objets qui recèlent quelques indices de leur propriétaire, reliques qui pourraient être rendues aux descendants pour les aider à faire leur travail de deuil et de mémoire. Un pierrot en tissu, un médaillon volé à une détenue accompagné de la lettre d'une gardienne de camp hanté par la culpabilité les décennies qui ont suivi, associés à des noms de détenus : inoubliables Lazar et Wita, personnages solaires qui incarnent magnifiquement des millions de victimes.
Les descendants rencontrés par Irène ignorent parfois tout de leurs origines ou des circonstances du décès de membres de leur famille. Les recherches de la jeune femme viennent alors bousculer ce qu'ils croyaient savoir, ébranler un roman familial mille fois entendus, des mensonges faits sous couvert de protection. Elles permettent aussi de réparer le désespoir de n'avoir jamais eu de réponses, de nouvelles des personnes aimées disparues. Certaines scènes sont juste poignantes, je pense notamment à celle entre Karl et Agata.
Dans un pays qui n'en finit pas avec son Histoire, la française recherche inlassablement des indices pour aider les survivants à panser leurs plaies. Au risque de s'oublier, de ne pas avoir de vie amoureuse et, parfois même, de négliger son fils.
On retrouve ici des références au projet Lebensborn, en écho à la lecture d'un roman de Nancy Huston achevé il y a quelques jours, et aux nombreux enfants volés en Pologne et en Ukraine pour être adoptés par des familles allemandes.
Fait du hasard également, alors que j'écris ce billet, aujourd'hui dans le journal le monde, un article sur les récentes découvertes faites dans le camp de Treblinka, les vestiges de chambres à gaz et autres créations inhumaines mis à jour.
C'est un roman original du fait de la construction du récit, qui met en scène des personnages complexes et extrêmement touchants, le tout enlevé par un style puissant. A lire absolument !

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