Jamyang Norbu entame son roman en fustigeant le nombre trop important d'ouvrages apocryphes attribués à John Watson et découverts dans une malle en fer blanc. S'il se donne du mal pour composer un apocryphe original, l'histoire qu'il propose est hélas bien peu passionnante.
Le scénario se déroule ici durant le Grand Hiatus. John Watson ne sera pas de la partie, mais il va céder la place à Hurree qui n'est rien d'autre qu'une sorte de Watson copié-collé à la mode hindoue. Tout y est : l'envie d'aventure, la capacité à rendre-compte après-coup, la susceptibilité, la révérence au maître, le bon appétit et ses conséquences sans oublier les bons sentiments, la lenteur d'esprit, la maladresse et les initiatives pas toujours heureuses…
L'auteur tente d'inscrire son roman dans le Canon en collant aux révélations de Holmes dans la Maison vide et quelques autres références. de ce côté, l'auteur fait une nouvelle fois de son mieux. Dans la première partie de l'oeuvre, il tentera également beaucoup de clins d'oeil à
Kipling.
Malheureusement, le meilleur est dans le premier tiers. Un mystérieux voyageur arrive en Inde, laisse rapidement tomber le masque afin d'enquêter sur un meurtre pour le moins étrange. Après une belle entrée en matière, le voici convié à partir au Tibet, prélude à un voyage long, ennuyeux. L'arrivée ne sera guère plus intéressante. Sherlock et son allié vont devoir traquer un grand méchant (dont l'identité est prévisible) dans un contexte où la Chine tente de faire main basse sur le Tibet.
Une seule surprise sera au rendez-vous : la confrontation entre Sherlock et le grand méchant. Digne d'un comics (Docteur Strange pour être précis), cette séquence est particulièrement originale mais franchement déplacée. Quelle catastrophe ! Il y d'autres moyens (et supports) pour faire découvrir la mystique tibétaine de cette manière-là ! La fin n'est guère surprenante et c'est un soulagement d'arriver jusque là.
Sans véritable trame narrative,
le mandala de Sherlock Holmes est un roman étrange mais qui laisse un curieux sentiment de déception. A ne pas recommander aux adeptes du Grand Détective, sauf à vouloir passer des vacances en Inde et/ou au Tibet en compagnie de leur idole.