Quand on kidnappe, c’est essentiellement pour en tirer de l’argent. Une victime, un ravisseur, un échange, point. Là, nous avons le PDG de Total, menacé d’être asphyxié par sa propre essence. Cohérence, je disais. C’est un tableau. Les choses sont à leur place.
Si j’appelle « séquence » le temps qu’il y a entre maintenant et la libération de la victime, alors je considère que notre séquence va se jouer en deux temps principaux. Un temps calme pour qu’il nous explique ce qu’il attend de nous, son plan si vous préférez. Puis une accélération que vous avez estimée à trente minutes maximum, lorsqu’il démarrera le moteur. Et la complexité de son dispositif me laisse penser qu’il ira jusqu’au bout.
De toute façon, nous sommes l’épicentre, nous saurons tout sans délai. Ne pensez pas au reste de l’enquête. Nous n’avons qu’une seule chose à faire, garder en vie PDG, savoir combien sa libération va coûter et de quelle manière nous ferons l’échange. L’interpellation du ravisseur suivra.
Le profilage se fait en bureau, comme la psychanalyse. Dans l’intimité d’un face-à-face ou d’un dossier, à perquisitionner dans un esprit les raisons qui l’ont poussé au crime.
Son premier enfant. Une fille. Et Virgil Solal avait déjà peur pour elle avant même qu’elle naisse. Il s’était fait une raison, à partir d’aujourd’hui, il aurait peur tout le temps.
Il trouverait un poste plus calme pour ne plus quitter la France et abandonnerait ses missions sur les cinq continents. Il ne resterait plus qu’un continent, plus qu’un pays, plus qu’une ville, plus qu’un quartier, plus qu’une maison, plus qu’une chambre d’enfant… Et ce serait un territoire bien assez grand à protéger.
Le regard dur et les cheveux courts, Solal était l’archétype du gradé militaire. La quarantaine, peut-être dix de moins ou dix de plus, impossible à dire. Il y a des hommes, comme ça, sans âge.