Comment faire rentrer le lecteur directement dans un roman ? C'est facile : prenez 3 caïds du 93, faites les abattre dans le prologue et c'est parti.
Ça vous parait simple ?
Oui ça l'est assurément mais c'est diablement efficace.
C'est en effet ainsi que commence «
Territoires ».
Un caïd dealant tranquillement se fait abattre par un tireur en scooter, et cela sous les yeux des stups. Peu après un père de famille est abattu dans sa voiture à la sortie d'un parking, puis un homme est retrouvé mort torturé dans un box de garage.
Rien de mieux pour enflammer une cité. le capitaine Coste est alors chargé de l'enquête qui s'avère ne pas être simple car tout se complique exponentiellement quand on mêle des gamins désabusés (voire psychopathes), des retraités aux étranges habitudes, et des politiques magouilleurs.
Plusieurs points retiennent mon attention dans ce roman fort bien construit.
Tout d'abord, parlons du style proprement dit. Ce dernier est direct, efficace et sans fioritures. C'est très appréciable de ne pas passer par des détours ou des chausses trappes. J'aurais même tendance à dire que cela renforce la crédibilité du roman, aussi bien dans l'intrigue que dans la construction des personnages, mais pour nous y reviendrons plus tard.
Tant que nous parlons de la forme, parlons du rythme, car celui-ci est important. En effet, le rythme soutenu, voir très soutenu du récit permet de donner de l'ampleur au sentiment d'embrasement de la cité, mais sans jamais trop en faire, toujours pour semble-t-il garder cette efficacité.
Quand j'y réfléchis, ce style, au sens global, ne m'étonne pas car il me fait penser au style qu'ont les auteurs issus de la Police. À croire qu'il existe une école d'écriture au sein des commissariats. Tous maitrisent une chose importante : aller à l'essentiel pour être efficace.
Pour ce genre de roman c'est juste ce qu'il faut, et pour cela, c‘est un pari réussi pour
Olivier Norek.
Nous venons de nous pencher sur la forme, passons sur le fond. Nous parlions à l'instant de crédibilité dans le récit, et même si le style aide à cela, le fond est essentiel. Si en débutant ce livre on ne sait pas que l'auteur est flic, on le devine assez vite. Pas seulement à cause de la maitrise parfaite des rouages inter-services, mais également par le contexte qui sent la poudre. Qui mieux qu'un flic de terrain peut décrire cet environnement et ces montées de tension ?
Je ne peux pas parler plus du fond et donc de l'intrigue car j'aurais peur d'en dire trop et de vous gâcher la surprise. Mais sachez juste une chose : tout fonctionne et tout est logique… de là à se dire que c'est ce qui se passe chez nous, il n'y a qu'un pas et je vous laisserai le faire…
Quand nous parlions de crédibilité, j'ai évoqué les personnages. Ils sont tous bien calibrés par rapport à leurs fonctions dans le récit et ils sont normaux. Nous n'avons pas de super flics, pas de méchants surréalistes, des retraités avec des vies très classiques (au moins en apparence).
En résumé, nous avons des êtres humains avec leurs forces et leurs faiblesses, leur humour (ou pas). Tous sont vraiment attachants, sauf bien évidemment la bande de gamins totalement désorientés menée par le déjanté Bibz qui a réussi à me faire regarder mon micro-ondes différemment… très différemment même…
Pour finir, je dirai que j'ai passé un excellent moment à arpenter les
territoires proposés par
Olivier Norek, et c'est un livre que je recommande vivement.
Lien :
http://polar.zonelivre.fr/ol..