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Voici la vie de deux hommes, animée d'une écriture sensible, accompagnée de scènes poignantes. Chaïm fuit les persécutions en Lituanie et part en charrette vers la France, pays libre, en 1911. Engagé volontaire à la « grande guerre » il revient blessé gravement. le gaz « moutarde » lui ronge la moitié du cerveau et le rend inapte à toute vie sociale. Il part à sainte-Anne et finit ses jours à l'asile de Cadillac. Son fils Albert s'engage lui, dans la « drôle de guerre », pour être aussitôt fait prisonnier, et connait lui aussi les persécutions anti-juives. François Noudelmann, fils et petit-fils des deux hommes, a mis du temps à revenir à ses racines. Instinctivement, il a recherché une plus grande liberté encore s'installant à New-York, puis Paris pour enseigner la philo. Il écrit là un premier roman saisissant qui insiste beaucoup sur la transmission de la mémoire. L'auteur évoque la vie chaotique de son père Albert qui a connu plusieurs camps de travail forcé, la prison, les humiliations, la peur et la faim durant quatre ans. Il arrive même à changer de nom pour échapper quelque peu à sa judéité. Il a bien compris que le nazisme veut effacer les « sous-hommes » La chance et la rage le font survivre, comme tous les hommes de caractère. Il connait des amours éphémères, mais garde un lien fort avec son fils, l'auteur, qui dévoile plus de douleur que de joie, mais aucun des deux ne regrette. Cette douleur, il la retrouve en visitant le cimetière de Cadillac, où repose Chaïm, en fosse commune. Fort heureusement, un juriste-historien a fait ériger un mur métallique, en gravant des milliers de noms de Poilus, rendus fous par le gaz « moutarde » ou simplement par l'horreur de la guerre. Un asile pour les fous, les protège-t-il assez ? Hélas, difficile. Enfin, Chaïm mérite bien que la France garde sa mémoire.
Dès qu'une vérité dépasse cinq lignes, c'est du roman, disait Jules Renard. Alors un roman réussi ressemble étrangement à la vérité.
Merci à François Noudelmann pour cette leçon d'humanité.
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J'ai beaucoup aimé les deux premières parties de ce roman et leur différences de narration. L'auteur n'a aucun héritage de son grand-père alors il imagine, fait des conjonctures avec d'autres témoignages et se pose beaucoup de questions. Pour l'histoire de son père, il sait tout, il nous rapporte les paroles de son père. Mais la troisième partie m'a été plus difficile à lire, on sort du récit et on rentre dans une sorte d'essai, des réflexions plutôt philosophiques. le changement m'a déstabilisé. Des questionnements profond et intéressant sur le fait d'être français, juif, un homme, sur la famille, ses racines et ses origines.
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J'ai découvert "Les enfants de Cadillac" avant d'enchaîner sur "la France goy" : le point commun à ces deux livres, c'est le poison de l'antisémitisme qui a infecté la fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle. Idéalement, il faudrait lire ces 2 livres dans l'ordre inverse pour réaliser comment les choses se sont déroulées : toutes les sociétés européennes ont été contaminées et c'est en Allemagne que la maladie a frappé le plus fort, même s'il faut se souvenir que la France n'est pas passé très loin de ce mal absolu.

Malgré ce passé tragique, il faut croire que nous ne sommes pas immunisés, car cette infection resurgit à intervalles réguliers comme le présente François Noudelmann dans la dernière partie.
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Premier gros coup de coeur de cette rentrée littéraire, les Enfants de Cadillac bouleversent, chamboulent.
A travers l'histoire de son grand-père et celle de son père, l'auteur nous guide à travers les deux guerres mondiales, deux histoires si différentes et à la fois si proches lorsqu'il s'agit de détruire les hommes et tout ce auquel ils pensent appartenir.
Dans un style poignant, le narrateur nous met face aux ambiguïtés de l'identité française, face à la complexité de l'héritage et de la filiation.
Un premier roman magnifique, déjà dans les premières sélections de l'académie Goncourt et Femina.
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J'ai beaucoup aimé ce roman et je trouve qu'il répond bien à mes attentes car l'histoire est principalement basée sur l'histoire autour des juifs et de la guerre.
D'une part c'est un roman historique, basée sur des faits réels avec beaucoup de dates clés. Egalement, le narrateur utilise un style très réaliste un peu comme "Les Misérables" de Victor Hugo. Cependant ce style ne me plait pas beaucoup, de base je me concentre principalement sur des romans policiers. D'autre part, j'ai adoré la construction de ce roman. le fait qu'il y ait un chapitre pour chaque personnage permet de ne pas se perdre pendant la lecture. François Noudelmann utilise trois pronoms différents pour raconter les histoires des de ses personnages. Mon personnage préféré est Chaïm car je l'ai trouvé très attachant et émouvant. Je me suis rendu compte au cours du roman que ce personnage ressemblait beaucoup a mon arrière grand mère qui était aussi une réfugiée des persécutions antisémites.
Je conseille cette oeuvre à tous les passionnés d'histoire, d'intrigues et d'épopées vous allez être servis !
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Avec ce premier roman François Noudelmann retrace le destin de sa lignée paternelle: Chaïm, son grand-père et Albert/Philippe, son père, tous deux menacés à deux périodes différentes par leur appartenance à la religion juive. Héritier de cette histoire, François Noudelmann décrypte leur relation ambigüe à la France et s'interroge sur son identité et les résurgences d'une forme d'insécurité dans son propre parcours.

Le récit dénué de poncifs psychologiques est d'autant plus percutant qu'il ne donne aucune formule magique et nous autorise ainsi d'y piocher ce qui nous parle. Bien sûr, il y a toujours ce fil rouge présent ces derniers mois dans mes lectures sur l'appartenance à un lieu mais aussi en filigrane un message fragile et peut-être dérisoire ou vain de la difficulté de se connaître soi-même et les raisons qui nous poussent à adopter certains comportements. Une lecture qui nous rend plus sensibles aux autres et à ce qui les constitue, plus indulgents et tolérants en quelque sorte et cette raison seule suffirait à la recommander.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Ayant lu il y a quelques mois « Un tout autre Sartre », du même auteur, que j'avais beaucoup apprécié, j'ai été tentée de découvrir ce nouveau livre traitant d'un sujet totalement différent, très personnel et qui me touche beaucoup.
Ce texte se divise en trois parties bien distinctes dans lesquelles , pourtant, se retrouvent l'idée de l'exil forcé ou volontaire, l'amour de la France, la souffrance et le poids de l'héritage génétique et historique.
L'auteur raconte tout d'abord la vie de ce grand-père fuyant les Pogroms d'Europe de l'Est et pensant trouver en France une patrie accueillante, idéale, et qui y trouvera la guerre et la folie. Puis l'on découvre le destin du père que l'histoire et les conflits rattraperont une fois encore. Et enfin, la troisième partie, dans laquelle l'auteur nous livre sa vision personnelle et ses ressentis face à ces destins bousculés puis brisés, en tentante comprendre ce qu'ont pu vivre ses proches et les conséquences sur sa propre existence.
Très éloigné d'une simple auto-analyse, François Noudelmann en tire des leçons à l'échelle humaine et universelle qui nous nourrissent et nos poussent à la réflexion.
Ce livre, porté par une écriture belle, claire et fluide, même en l'absence de dialogues, m'a profondément touchée tout comme l'avait fait un style différent, « la carte postale » d'Anne Berest, auquel il fut malheureusement récemment comparé lors de la polémique relative au Prix Goncourt 2021.
Il y a de la place sur la scène littéraire pour ces deux très beaux ouvrages que l'on ne devrait pas opposer mais considérer comme complémentaires.
A lire absolument, tous les deux.
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Aujourd'hui je vais évoquer Les enfants de Cadillac le premier roman intime et personnel de François Noudelmann.
A la lecture des Enfants de Cadillac le lecteur s'interroge sur la pertinence du qualificatif de roman. En effet, ce texte a tout d'un récit familial duquel toute fiction semble exclue. Cadillac est une petite ville de Gironde bien connue pour son hôpital psychiatrique. le grand-père de l'auteur y a terminé sa vie après de longues années d'enfermement dans un dénuement absolu. Les enfants de Cadillac est composé de trois parties dédiées à trois hommes d'une même lignée, les Noudelmann. Cela commence avant la première guerre mondiale avec Chaïm le grand-père lituanien qui fuit son pays et débarque en France. Il est juif ; à l'époque les persécutions sont nombreuses là-bas et pour y échapper il choisit l'exil. Dès lors il aspire à devenir français, il veut être exemplaire et s'intègre dans cette terre d'accueil bienveillante. Pendant la grande guerre il s'engage et combat avec les Poilus. Atteint de surdité provoquée par des obus il va sombrer dans la folie. Il est interné en région parisienne d'abord puis sera déplacé à Cadillac jusqu'à sa mort. Ses liens avec sa famille s'étiolent, l'obtention de la nationalité espérée ne change rien au mal qui pendant plus de vingt ans le ronge et nécessite son enfermement dans le milieu psychiatrique clos et démuni. Il meurt pendant la guerre, les traces mémorielles et une tombe sommaire ne seront reconstituées que des décennies après les événements. Chaïm a un fils, Albert dont la vie bascule lors de la seconde guerre mondiale. François Noudelmann recompose ces années abominables à partir d'une unique très longue conversation tenue avec son père qui a toujours dissimulé son passé à son fils adoré et tu ce qu'il avait vécu. En 1940 il a été dénoncé comme juif (alors que sa judéité n'avait rien d'évident pour lui) et il a été conduit dans des camps de travail forcé. Pendant quatre ans, sur le front de l'est, il a réussi à échapper à ses bourreaux. Ses aventures sont rocambolesques, il s'évade, est repris, s'évade encore. Il traverse les années de guerre sans rien connaitre de l'extermination systématique mise en oeuvre par les nazis. Revenu de Pologne Albert qui s'est fait appeler Philippe Garnier pour cacher son identité juive qui risquait de lui causer la mort retrouve son pays et doit réapprendre la vie et le bonheur. Son fils François n'a longtemps rien su de cette histoire. Il a grandi auprès de ce père affectueux, homme divorcé avec lequel dans son enfance il avait une grande complicité. Il raconte les codes établis entre eux pour communiquer l'évaluation de l'enfant sur les maitresses et amantes de son père. Albert se suicide et laisse François orphelin et plein de questions sur ses racines et ses origines familiales. La dernière partie des Enfants de Cadillac est une réflexion de l'auteur sur son parcours, son rapport à la judéité, ses liens familiaux, son départ de la France pour les Etats-Unis, sa propre transmission à ses enfants. En quelques pages émouvantes il s'interroge sur cette quête qui le conduit à la rédaction et la publication de ce texte qui embrasse un siècle de désordres et de menaces pour les juifs en Europe.
Les enfants de Cadillac est un roman émouvant, un récit sur la trajectoire de trois hommes de trois générations avec au centre la question de la transmission et de la judéité.
Voilà, je vous ai donc parlé des Enfants de Cadillac de François Noudelmann paru aux éditions Gallimard.
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Né à la fin du XIXème siècle, dans une famille pauvre de Lituanie, Chaïm quitte sa patrie, arrive en France et s'engage dans l'armée française en 1914. Intoxiqué par le gaz moutarde, déclaré " fou de guerre", il se retrouvera interné à Sainte Anne à Paris puis à l'asile de Cadillac en Gironde, où il finira sa vie durant la seconde guerre mondiale, victime de malnutrition.
Dans la même période, son fils Albert se trouve prisonnier en Allemagne, tente de multiples évasions et ne sera finalement libéré qu'à la fin de la guerre...

Roman autobiographique ou longue introspection, saga familiale et engagements politiques, interrogations sur les origines et la judéité, réflexions philosophiques... un drôle de mélange.
J'ai eu la sensation de lire le compte rendu d'un génogramme à travers le génocide, et surtout de lire deux livres distincts. La première partie a passionnée la lectrice que je suis, la deuxième partie l'a intéressée, la troisième l'a barbée, il faut bien le dire. Non pas parce que le propos est inintéressant bien au contraire mais parce qu'il est, à mon sens, en décalage avec la forme première du roman, qui au final n'en est plus un, mais plutôt un essai élaborant toute la problématique de l'antisémitisme, des conséquences à moyen et long termes de l'immigration, de l'intégration, etc...
Grosse déception pour ma part peut etre induite par le titre
A relire peut être...
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