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François Noudelmann est habitué aux essais philosophiques qu'il étaye avec sa carrière d'enseignant à Paris VIII et New-York University mais aussi dirige des collections d'essais chez plusieurs éditeurs.

Son premier roman, les enfants de Cadillac est autobiographique. Car en recollant les morceaux d'une filiation malmenée, François Noudelmann nous entraine dans ses réflexions sur sa judéité, sur ce qu'est d'être français, ou francisé, aujourd'hui. Il s'interroge aussi sur le vécu d'un homme, sur les conséquences de ses rencontres, de son expérience et sur la valeur de la transmission des aînés.

François Noudelmann s'attache à redonner identité à son grand-père Chaïm débarqué d'Europe centrale avec sa charrette de brocanteur. Dans un souci d'assimilation, il s'engage dans l'armée pour partir à la guerre 14/18. Il en revient gazé au fameux gaz moutarde à l'âge de vingt-deux ans. Il est interné à Sainte-Anne plutôt que de retrouver sa femme et son fils.

L'écrivain rend compte de son quotidien tout au long de la vingtaine d'années qui a suivi son premier internement. Sa mémoire oubliée est noyée dans celle des fous de guerre mais aussi des fous tout simplement !

Mais l'histoire de la famille ne peut s'arrêter là ! le fils, assez anar pour savoir se rebeller, va connaître lui aussi une guerre, mais la suivante, celle de 39/40. Ces cinq années de prisonnier dans des camps allemands sont racontées au plus près des privations, des sévices et de la violence subis en ces lieux.

Les deux ne pourront pour des raisons différentes raconter, rendre compte de leur vécu et du coup, c'est le petit fils, François Noudelmann, qui comble les blancs pour leur redonner existence. Ainsi, la voix sur une cassette assure la transmission vers un futur alors réconcilié au passé.
Une initiation au passé

Au cours de ses recherches, François Noudelmann raconte son cheminement pour se connaître, pour expliciter ses choix et inscrire son présent dans ce passé.

Ce récit, bien qu'il évacue la notion romanesque, est une plongée dans l'abîme du silence et des non dits. Ici, les interrogations de l'écrivain accompagnent et analysent pour donner consistance à un passé qui s'est échappé jusqu'ici.

François Noudelmann signe un récit qui fait résonner des événements, trop silencieux, concernant sa filiation, à un présent qu'il faut décrypter pour à la fois reconnaître la part de la transmission et celle de l'invention identitaire du sujet. Un bien intéressant premier roman !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Les enfants de cadillac est de ce type de roman qui s'avère être aussi révélateur pour l'auteur que le lecteur.

-- François Noudelmann retrace son histoire familiale, depuis la naturalisation de son grand-père Chaïm, son service pendant la guerre ainsi que l'internement de son père dans un camp pendant la 2nde guerre mondiale.


-- Un grand-père ayant fui la Lituanie pour se réfugier en France et qui part à la guerre suite à sa mobilisation après sa naturalisation. 

Son internement pendant plus de 20ans dû à son empoisonnement au gaz moutarde, et surtout inhumé à Cadillac, lieu de sa dernière demeure ( dans le dernier asile qu'il a fréquenté) dans l'anonymat. 


Survient ensuite l'histoire du père du narrateur qui est fait prisonnier suite à la dénonciation dont il a fait l'objet. Effectivement Albert était juif.

Il va passer plusieurs mois enfermé et mettre plusieurs semaines à rejoindre la France par la suite.


-- le narrateur dans ce roman très épatant vient se demander ce que signifie au juste être Juif et être Français et se pose des questions sur sa propre identité.



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Sous le titre Les Enfants de Cadillac, on ne s'attend pas à trouver un tel livre... François Noudelmann, philosophe dont c'est le premier roman, écrit un récit sur la mémoire, l'identité et l'héritage, qu'il construit comme un devoir de philosophie, en trois parties, racontant d'abord l'histoire du grand-père Chaïm, juif de Lituanie qui rêvait de devenir Français, engagé volontaire pour la guerre de 14-18 et que le gaz moutarde a privé de sa raison ; puis celle d'Albert, son fils, marqué par la Drôle de guerre qu'il a subie de 1937 à 1945, déporté en Allemagne en tant que travailleur de force ; enfin, la propre histoire de l'auteur... ou plutôt ce qu'il a hérité de ces deux aïeuls.
(...)

Comment devient-on qui on est ? Certes, il y a le poids de la famille et du passé, mais aussi les rencontres (les gens, les livres, les expériences...). Malgré lui, François Noudelmann suit les pas de ce grand-père qu'il a retrouvé tardivement, à l'occasion de l'inauguration du cimetière des oubliés à Cadillac, en 2020. Dans la construction même du récit, on voit que les vies (Chaïm veut dire "les vivants" en hébreu), au sein d'une famille, se superposent. L'identité se construit par strates, qu'on en ait conscience ou non...
Les dernières pages bouclent la boucle de la mémoire, d'une très jolie manière, nous embarquant sur les routes américaines à bord de la Cadillac d'Aretha Franklin...
Un très beau livre sur l'identité et la mémoire généalogique.

L'article en entier sur le Manoir des Lettres
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Parution en poche en ce mois de mars 2023 qui m' a permis de découvrir une petite pépite de lecture.
Cet auteur reconnu pour ses essais philosophiques décide d'aborder et de partager le silence qui recouvre l'histoire de son grand-père et de son père et nous relater sa filiation intime.
Nous voilà face à son premier roman-récit, son témoignage bouleversant sur ses ancêtres.
Sans archives ni documents, son ambition est remarquable.
Le grand-père, Chaïm, juif de Russie, fuit les pogroms antisémites de début du 20ème siècle à bord d'une charrette pour se réfugier en France, pays de la liberté.
Il va s'engager comme patriote dans cette terre d'accueil dans le conflit de la première guerre mondiale.
Chair à canons comme beaucoup de français, il en réchappe mais "perds la tête" face à l'horreur vécue.
Il finira interné dans un hôpital psychiatre, à l'époque, lieu inhumain où sont oublié les revenus des tranchées.
Il meurt en 1941 dans un asile abandonné où les patients meurent de faim,
ils ne sont pas prioritaires en ce début de deuxième conflit mondial.
Son fils, Albert et père du narrateur, lui même soldat, va faire le chemin inverse, né en France, fait prisonnier, il passera cinq ans dans des camps dans l'est de l'Europe, région fuit par son père.
Récit des destinées humaines brisées par l'horreur des guerres mais en même temps hymne à la liberté.
Ne ratez pas cette introspection du petit fils, l'auteur François Noudelmann.




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Arrivé en France en 1911 après avoir fui les pogroms de Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, s'engage dans l'armée pour obtenir la nationalité française. Il est gravement blessé pendant la Première Guerre mondiale et finira interné dans un asile à Cadillac, où meurent de faim des milliers de patients, blessés, laissés-pour-compte et autres oubliés de la société d'après-guerre. Cette vérité méconnue, François Noudelmann la reconstitue avec minutie et force, déterminé à savoir quelle vie Chaïm a pu mener durant toutes ces années d'isolement que la mémoire familiale et collective a souhaité oublier. Puis, c'est l'histoire rocambolesque du père qu'il déploie : soldat lors de la Deuxième Guerre mondiale, il mettra cinq ans à rentrer en France depuis la Pologne, survivant à des situations extrêmes et à des épreuves au-delà du concevable. Au-delà de ces récits, nécessaires, de trajectoires d'hommes pris dans l'atrocité de deux grands conflits mondiaux, l'auteur livre une réflexion lumineuse, philosophique et personnelle, sur le sentiment d'appartenance et la façon dont son héritage familial a questionné et façonné son identité française. Un premier roman d'une grande intensité.
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Lecture du jour "Les enfants de Cadillac" de François Noudelmann. J'ai pris ce roman à la médiathèque car le titre m'a donné envie de découvrir ce que l'auteur avait à raconter sur l'hôpital psychiatrique de Cadillac où son grand-père est mort après vingt ans d'internement.
Finalement la majeur partie du livre est surtout axé sur Albert, le père du narrateur et sur la guerre de 39/45 lorsqu'il a été fait prisonnier. Juif, il va connaître les camps de travail et raconte à son fils l'incroyable histoire de ses évasions multiples car à chaque fois rattrapé et renvoyé à sa condition de prisonnier. Une histoire de deux générations d'hommes broyés par les conflits mondiaux 14/18 pour le grand-père Chaïm qui avait fuit la Lituanie et la seconde guerre pour Albert. Une quête d'identité pour ces hommes qui ont combattus pour la France, c'était le sésame pour Chaïm pour obtenir la nationalité française.
Un roman souvenir qui se termine à Cadillac par la restauration en 2020 du cimetière des oubliés de l'asile...
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L'auteur nous parle de son grand-père, son père, de sa vie, de leurs vies, des épreuves, de racines… puis des autres, de l'ironie de l'Histoire, des fous, des aliénés, de la recherche de racines, de pays, de naturalisation, d'ancrage, de guerre, de survie, d'hérédité.

On fait immédiatement la connaissance de Chaïm, juif balte, qui a fui les pogroms pour trouver une meilleure vie en France, dont il veut embrasser la culture, la nationalité et la terre. Lui, l'étranger, va se battre dans les tranchées pour honorer ce pays qui l'accueille… dont il devient un enfant bien après la bataille (les…). Pourtant sa vie n'est pas si belle ; gazé à la moutarde, son comportement inquiète sa femme, de 10 ans son aîné, et qui souhaite à tout prix protégé ses enfants du premier lit et leur fils (le père de l'auteur, donc)…
Alors, il va être soigné, dans un asile, ou quelles que soient les nombreuses dénominations ultérieures. Un fou, un déséquilibré, un homme perdu, enfermé à Sainte-Anne à Paris, puis à Cadillac en Gironde (le pire du pire) où il va mourir de faim (cachexie ; comme une certaine Camille Claudel quelques années plus tard… dans le Vaucluse), en mars 1941…
Lui qui a fui les pogroms, va finir sans histoire, car « les fous n'ont pas d'histoire » écrit l'auteur.
Petit à petit, François Noudelmann reconstitue l'itinéraire de son grand-père jusqu'à son inhumation dans le carré des fous, sans fleur, couronne et nom.
Puis, il nous conte l'histoire qui a manqué à Chaïm… son fils Albert, le père, qui a fui la lignée juive, l'absence de père, obstination d'être français et sa détention dans les mines de sel de Silésie… pour finir par son suicide…
Les passages sur Albert/Philippe sont intenses, plus graves, avec quelques bons mots de ce père taiseux, par choix et obligation, et aussi les années perdues en Allemagne entre privation, liberté, collaboration humaine et peur de la mort.

A force de silences, d'absences comblées comme il le peut, l'auteur poursuit l'héritage de ses grand-père et père, et confirme l'enracinement de sa famille, sauf qu'il est affranchi d'être français à plein temps…car entre judaïsme, la France, la vie, le poids du passé, les non-dits, les pertes et la justesse d'une vie, il peut s'interroger, refuser, accepter tout, ou rien. Il est détaché de ce poids, mais inconsciemment, Chaïm et Albert rôdent…
Le texte est fort, grave et nous interroge aussi sur cette irrépressible envie de remonter nos lignées, de savoir qui étaient nos ancêtres… sur l'antisémitisme, la conscience collective, ce dont nous avons hérité, les grandes joies et peines, sans en être conscient…
J'ai vraiment beaucoup aimé ma lecture qui célèbre des figures familiales, mais surtout ces hommes et femmes abandonnés à la folie, à la guerre, à l'ignorance, à l'indifférence, à la cupidité de leurs soignants, à l'abandon de l'Etat, de la vie, de nous, les « moins fous » ou les moins « abîmés ».
Les dernières pages sont très fortes en émotion et ouvrent un débat avec soi-même.
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Un livre acheté à l'arrache dans une librairie en Bretagne …Une histoire qui déjà interpelle sur sa 4ème de couverture et qui m'a séduit …. L'histoire de ces deux personnages décrite par François Noudelmann nous transporte dans les deux conflits armés européens du siècle dernier. La reconnaissance de la France pour ces hommes juifs qui ont cru en elle nous laisse perplexe....Il y a dans ce livre un mélange de réflexion sur les deux époques tragiques mise en parallèle avec la situation actuelle en Palestine ....cela me fait vraiment réfléchir.... Les références à Jack London ne sont pas la pour retirer de l'intérêt à ce livre .....Quel plaisir de découvrir une histoire si forte et si bien narrée dans un livre que l'on a arraché à notre méconnaissance ....
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Cadillac.. c'est à 20 km de chez moi ! On sait qu'il y a des fous, on sait qu'ils sont , heureusement pour eux, en liberté dans Bordeaux parfois, on sait que les traitements existent !
On sait également que cet établissement est là depuis longtemps et que des recherches ont été faites.
On sait, on sait et on ne sait pas tout !
J'ai eu envie de lire ce livre, un des nombreux ouvrages écrits par des petits enfants sur la vie, la survie et l'autre vie de leurs grands parents qui se sont tus, comme se sont tus leurs parents parce qu'ils ne savaient pas  parce que leurs parents s'étaient tus !!
Contrairement à d'autres lecteurs, je leur en suis reconnaissante d'avoir parcouru le chemin à l'envers, de leur avoir rendu la parole et souvent leur dignité !
Les Berest, Amigorena, Valérie Toranian, Raczymov, Michèle Sarde ou Michel Persitz ont su le faire avec talent et leurs mots résonnent encore en moi ;
Celui ci m'a déstabilisée! Parfois j'ai aimé le choix que l'auteur a fait, le choix de la distance, avec son grand père notamment qui lui était totalement inconnu, un récit froid lors de la première partie, très documentaire, laissant la place à la vie du père.. qui du coup n'a plus rien à faire avec les enfants de Cadillac, encore moins quand il est fait prisonnier en Allemagne. Une partie complète sur la survie dans les camps de prisonniers, les mois en semi liberté dans les campagnes environnantes et le retour en France, silencieux et muet. La vie d'après est parfaitement bien rendue, légère mais empreinte de creux et de vagues .
Puis une troisième partie plus particulièrement consacrée à l'auteur lui même, enfant, ado et adulte, ses ressentis,mais..
Est ce un roman ? Les limites entre roman, autobiographie et documentaire sont floues de nos jours, mais encore plus pour ce livre où ces trois hommes, grand père, père et fils ont sans arrêt franchi des frontières, géographiques et politiques, psychiatriques et sanitaires, intellectuelles et linguistiques .
Trois vies, trois parcours, peu ou pas de transmissions directes.. qu'en sera t'il de la quatrième génération ?
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A travers ce roman autobiographique, François Noudelmann Roman tente de nous expliquer comment s'est fondée la conscience d'être français.

C'est lors d'une conférence philosophique qu'il entreprend de partir sur les traces de sa famille.
La première partie est consacrée à son grand père, Chaïm. Ce dernier a fui la Lituanie et ses pogroms et traversé l'Europe avec sa charrette pour rejoindre la patrie qui a défendu Dreyfus contre le mensonge et l'injustice (et qui n'est pas sans rappeler le parcours d'Idriss la grand-mère de Robert Badinter). Engagé sous le drapeau tricolore pour s'assimiler plus rapidement à sa patrie d'adoption, il fut victime du gaz moutarde et ne recouvrit jamais ses aptitudes et capacités. « Mutilé du cerveau », il sera interné à Ste Anne puis à Cadillac où il finira ses jours parmi les aliénés. L'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir un pan de l'histoire française inconnu mais pas très glorieux.

La seconde partie retracera le parcours de son père, à travers un témoignage arraché sur le tard et pourtant tellement poignant et riche, qui oscille entre désastre (la folie meurtrière, les dénonciations, la lâcheté …) et espoir (l'amitié, la vie de saltimbanque). Mais tout comme pour Chaïm, le retour de la guerre ne se fera pas sans mal. Il ne se reconnaît plus dans cette ville / vie qui a continué sans lui. Malgré une timide accalmie, Albert sombrera dans une profonde mélancolie avant le drame final.

Et enfin, la troisième dernière partie est davantage un réflexion philosophique sur l'hérédité, la judéité et la transmission, les trois étant intimement liées.

Ce roman est une traversée de l'Europe au XX° siècle et de ses conflits meurtriers, l'Europe de ceux qui la peuplèrent, qui se croisèrent volontairement ou pas. C'est un roman sur la recherche d'identité, sur la signification de sa judéité quand, comme Albert et François, on a été élevé dans les valeurs laïques et républicaines.
Les deux premières parties sont passionnantes, la troisième est plus ardue. Elle mériterait qu'on s'y penche plus longuement, qu'on y revienne à tête reposée tant la réflexion est grave et profonde (mais intéressante, je ne voudrais pas vous décourager !).
Dans tous les cas, un beau témoignage !l
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