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La couverture attire l'oeil : aucune couleur ne vient éclairer la vie des Islandais de Paimpol. Dans ce roman graphique, le noir y est intense, se décline tout au plus dans une palette de gris, gris sombre plombé, gris bronze, bistre, gris bleuté, gris vert glacé, gris perle, une palette qui laisse flotter le même sentiment d'abnégation et de fatalité mêlées que celui éprouvé lors de la lecture du roman de Pierre Loti.
Mais Alexandre Noyer paraît emprunter un autre chemin, un peu plus flou, plus morne. C'est un album de vies qui se révèlent un peu, un brin, et en silence là où Pierre Loti envisageait un récit poétique et sentimentaliste qui célébrait ce peuple auréolé de légende et de folklore. Je garde en mémoire l'image d'Épinal d'hommes et de femmes vaillants au coeur celé dans une enveloppe robuste pour garder éloigner la peur et le malheur.
Ici on est davantage dans la suggestion, l'auteur se complait dans un sentiment de tristesse tenace à travers des expressions figées sur des visages livides, son trait est parfois guère plus détaillé qu'un storyboard accordant plus d'importance au rendu vaporeux et mélancolique.

L'histoire se voile d'une ambiance éthérée qui ne nuit cependant pas à la puissance du graphisme. La qualité de l'esthétique est indéniable. Elle capte votre attention, vous envoûte par sa faculté à renvoyer à l'imaginaire de marins obstinés face à la mer sous la protection de la vierge de faïence et de femmes qui attendent enveloppés dans leur châle noir et leur solitude. Je regrette simplement que cette puissance ne compense pas un récit un peu faiblard, qui peine à s'affirmer trop absorbé par la dimension contemplative. J'aurais aimé me défaire de cette impression de personnages silhouettes, moins incarnés que ceux rencontrés chez Pierre Loti et qui rendaient le roman inoubliable.
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Tout de suite, dès les premières pages, on est immergé dans le texte de Pierre Loti, alors qu'il est absent, Alexandre Noyer a pris le parti d'illustrer le roman, plus que de le raconter.

La première planche marque déjà l'ambiance, le noir, le blanc, brossés, raclés, en lutte, la lumière est reproduite par le coup de pinceau agressif, on ressent le remous des vagues à l'intérieur de la cabine du bateau, et la statuette de la Vierge ouvre le récit, comme dans le roman. Tout de suite, la dureté de la vie et le poids des traditions nous oppressent. C'est vraiment Pierre Loti, tel que je me souviens l'avoir lu. Les décors s'apaisent à terre, légèrement. Puis les vignettes se succèdent sur les 110 pages de chaque tome, lourdes et chargées de drames.

C'est une lumière de tragédie, sombre, laissant passer des éclats cinglants. On retourne vite en mer, toujours agressive et violente, les images sont somptueuses d'intensité, des marines, comme des vieilles photos passées, usées, mais d'une justesse de description un peu glaçante. Dans le deuxième tome, la terre reprend le dessus, mais comme marquée par une profonde tristesse, une fatalité. Les silhouettes des bâtisses côtières sont représentées avec une fine observation de ce pays, celles de ses habitants semblent fantomatiques et résignées.

Gaud est amoureuse de Yann et espère l'épouser, Yann ne veut pas se marier avec Gaud, la pêche en Islande est sa raison de vivre elle a un pouvoir hypnotique, mais il sait aussi que c'est une machine à fabriquer des veuves. Sylvestre, son petit frère est tué en Asie lors de son service militaire, ils vivent dans un pays où les gens ne sont pas très causant, c'est sombre, un peu lent, on vit au rythme des saisons de pêche. Cela m'a rappelé un film vu il y a longtemps, Finis Terae de Jean Epstein, avec le noir et blanc très constrastés, le rythme lent, la Bretagne de la mer et le drame réaliste.

Le vent, la mer, les vagues, les embruns, la brume, la tempête, les landes, le granit, et toutes les odeurs, les sons, c'est toute cette société de pêcheurs bretons, de Ploubazlanec et Paimpol (22), avec la religion, la famille, l'économie, la dureté de la vie et de la mort qui sont superbement décrites dans le roman, de Pierre Loti, C'est ce qu'a su reproduire Alexandre Noyer. Peut-être que les personnages sont en retrait par rapport à la mer et la côte bretonne. L'ambiance que l'illustrateur nous impose prend le dessus, les personnages sont assez éteints, ce qui pourrait freiner l'enthousiasme quelqu'un qui n'aurait pas lu le roman.

Pour ma part, j'ai vraiment aimé cette adaptation faite de noirs lumineux et de blanc ténébreux

Cette critique est identique aux deux tomes que j'ai reçus dans le cadre d'une opération Masse Critique. Merci à Babelio et aux éditions Ouest-France, c‘était un beau cadeau de Noël !
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Autant j'ai aimé la lecture de Pierre Loti, autant cette BD m'a déconcertée. Retrouve-t-on les personnages et l'histoire ? Oui, en gros. Mais de loin.
L'auteur est un illustrateur doué, pas de doute, mais un peu en roue libre ; on a le sentiment qu'il s'est fait plaisir en posant sur la page ses propres images mentales du roman.
Des images sombres, très sombres.
Et un peu répétitives.
Quant à l'histoire, si on ne connaît pas le roman de Loti il me paraît quasi-impossible de suivre l'intrigue ou de comprendre la psychologie des personnages, tant la narration est elliptique.
Bref une belle réalisation, mais pas un album pour moi.

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Ce qui attire dans ce roman graphique tiré d'un roman de Pierre Loti, c'est le dessin, très sombre. Il s'accorde à la vie dure de ces pêcheurs partis des mois vers les mers froides d'Islande. Yann est l'un d'eux, engagé sur La Marie. Il est en âge d e se marier mais refuse, sa promise c'est la mer. La jeune Gaud est pourtant amoureuse d e lui.
Les femmes restent à terre, s'occupant des enfants et des orphelins tandis que les hommes partent sur la mer ou sont enrôlés pour aller se battre dans ces pays lointains des colonies. C'est le sort de Sylvestre que sa grand-mère voit partir avec appréhension. Sera-t-elle encore en vie lorsqu'il reviendra dans 5 ans?
Beaucoup de silences entre les mots, silences marqués par des dessins, et l'imagination du lecteur fait le reste.
très bel album
j'attends le second avec impatience.
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Je me souviens avoir étudié le roman de Loti en classe de troisième il y a de cela quelques (petites) années... Je dois avouer que je ne me souvenais plus de grand chose de l'histoire.
Cette bande-dessinée est magnifique. le noir et blanc des planches plongent le lecteur dans cette ambiance froide et humide des navires de pêche qui sillonnent la mer d'Islande pendant de longs mois.
Pendant ce temps, à Paimpol, la jeune Gaud est amoureuse de Yann, un pêcheur. Pourtant celui-ci est distant et semble accorder son amour à la mer plutôt qu'à la jeune fille...
Un beau premier volume que j'ai découvert avec plaisir grâce à l'opération Masse-critique de Babelio et aux Editions Ouest-France que je remercie vivement.
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J'ai été attiré par la couverture avec ces embruns derrière le personnage de face et aussi parce que nous célébrons le centenaire de la mort de Pierre Loti. de nombreuses célébrations ont eu lieu à Rochefort depuis les derniers mois et de nombreuses publications sont parues.

J'avais envie de découvrir une adaptation de l'univers proposé par Pierre Loti. J'ai adhéré au graphisme d'Alexandre Noyer et sa manière de présenter les visages des personnages. Les marins sont fatigués mais désireux de rester en mer. L'auteur nous montre la dureté de leurs conditions de vie et de leur métier. L'atmosphère est poignante, lourde, pesante. On arrive à entrer dans la tête des personnages et à prendre à notre compte leurs angoisses, leurs doutes. Tout est gris, tout est noir.

Je ne sais pas ce que Pierre Loti aurait pensé de cette adaptation mais elle a le mérite de nous replonger dans l'univers de ces bretons partant à la conquête des océans et à la poursuite de leurs rêves. C'est un bel hommage au courage de ces hommes mais aussi à la volonté de ces femmes pour exister elles aussi.

Belle découverte graphique.
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De splendides dessins charbonneux aux arêtes légèrement anguleuses, gris-obscur comme les calles d'un bateau ou par moment vert glacé, s'égrènent au fil des pages. Une atmosphère éthérée enveloppe de beaux personnages désincarnés, solitaires et taiseux.

Alexandre Noyer donne à voir un monde de forçats durs à la tâche et aux sentiments. Un monde de séparation forcée et d'attente, à la forte tradition catholique teintée de fatalisme. Un monde malgré tout homogène et solidaire autour de Paimpol, son port d'attache.

On scrute intensément l'obscure profondeur des cases, on frémit de l'ambiance venteuse et poisseuse des scènes, on en oublie assurément l'Islande, Pierre Loti et son roman pour se lover dans une pure contemplation artistique. D'autant que le texte est parcimonieux et s'efface derrière la prégnance du dessin. L'onirisme de l'Orient et de la Chine, insérés en cours de narration avec les mêmes codes graphiques, renforce ce sentiment de lévitation vaporeuse.

Le choc artistique retombé, il faut bien le reconnaitre : Loti a bel et bien été oublié.

Longue et heureuse vie aux Éditions Ouest-France dans le monde de la bd.
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Lors de la masse critique, j'ai craqué pour cette BD, car j'avais adoré le roman étant plus jeune. Fan de littérature graphique en tout genre, j'avais hâte de découvrir cette histoire sous ce nouveau format ! Tout d'abord, c'est la sublime couverture qui m'a tapée dans l'oeil et m'a incité à partir à l'aventure en compagnie de l'équipage. de la Bretagne à l'Islande, sans oublier la Chine, ce récit nous fait voyager à bord de la Marie. Côté ambiance, le choix des couleurs collent parfaitement à l'atmosphère dont je me souvenais du roman. Sombre, auréolée de noir et de brun, l'histoire est intense.
Le seul bémol que j'aurais à dire sur cette version est la difficulté à suivre les changements de point de vue dans le récit. On a parfois du mal à se situer, à savoir quel personnage nous suivons tant la transition est brutale.
Au final, c'est une BD aux superbes graphismes qui retranscris bien l'oeuvre d'origine même si certains détails auraient pu être améliorés pour une immersion plus totale dans cet univers.
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Le travail du noir et blanc d'Alexandre Noyer est extraordinaire. Grâce à celui-ci le lecteur a l'impression d'être au côté de ces marins, plongé dans l'atmosphère obscure et confinée qui remplit la cale de ces vieux navires, ou encore au coeur d'une sombre tempête, jusqu'à ce que le blanc le ramène sur le pont, vers la clarté du ciel, pour aspirer une bouffée d'air chargée de sel. Au-delà de ce somptueux jeu entre ombre et lumière, l'album est un hommage au dur labeur et à l'abnégation de ces simples pêcheurs.
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