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Citations sur Médecin à Auschwitz (5)

La conscience de la liberté et le désir de grands espaces qui réveillent mes dernières énergies ont remplacé l'état de hors-la-loi. Malade dans mon corps et brisé dans mon âme, je prends le chemin du retour.

Ma route n'est pas facilitée et ma nostalgie persiste, car partout à la place des villes florissantes ce ne sont que ruines consommées par le feu et fosses communes des cimetières.

Je redoute la réalité et je crains de ne retrouver, dans mon foyer dévasté, ni parents, ni l'amour bienfaisant de ma femme, de mon enfant et de ma sœur.

Les brimades, les chagrins, les horreurs des crématoriums et des bûchers, les huit mois passés dans le Kommando des morts vivants ont estompé en moi le sentiment du bien et du mal.

Je sens qu'il faudrait me reposer, retrouver des forces. Mais je me demande si cela a un sens. D'une part, la fièvre de ma maladie me consume, tandis que le passé sanglant glace mon cœur.

Mes yeux ont accompagné deux millions d'innocents jusqu'aux chambres à gaz, et j’ai été témoin des horreurs des bûchers.

J'ai ouvert des centaines de cadavres sur l'ordre d'un médecin à la fois génial et dément, afin qu'une science bâtie sur des théories fausses profite du champ d'investigations illimité qu'étaient les milliers de victimes envoyées à la mort et pour que la même fausse science trouve sa justification.

J'ai coupé de la chair sur les cadavres de jeunes filles saines et j’en ai préparé de la nourriture pour les cultures de bactéries du docteur Mengele.

J'ai plongé les cadavres des estropiés et des nains dans du chlore ou bien je les ai fait bouillir durant des jours afin que des squelettes bien préparés parviennent dans les musées du Ille Reich pour justifier, devant des générations à venir, la nécessité qu'il y avait de détruire un peuple.

J'ai senti à deux reprises les ailes de la mort lorsque j’étais couché devant les armes des compagnies chargées d'exécutions sommaires.

J'ai dit adieu aux corps de trois mille camarades morts et ensanglantés, et je suis resté seul porteur des secrets.

J'ai marché durant des centaines de kilomètres à travers les champs de neige en luttant contre le froid pour devenir le prisonnier d'un autre camp de concentration.

J'ai parcouru un long chemin.
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Toute personne qui a franchi le territoire du KZ est un candidat à la mort.Celui que sa chance à dirige à gauche est transformé en cadavre par les chambres à gaz dans l heure qui suit son arrivée. Plus malheureux est celui que l adversité à dirigé à droite. Il mérite tout autant le qualificatif de candidat à la mort,avec la différence que durant 3 ou 4 mois,tant qu il peut le supporter, il doit subir toutes les horreurs du camp de concentration, jusqu'à ce qu il s écroulé sous un travail de galérien.
De tous les nôtres, parents,frères et enfants, qui donc a le plus de chance?Celui qui va à gauche ou celui qui va à droite?
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Ils sont tous morts d une mort sûre et rapide comme ils le désiraient, mais non pas de leurs propres mains, comme cela eut mieux valu,mais des mains de leurs bourreaux.
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Début 1944. L'Hitlérisme sent l'approche de sa fin. A l'Ouest, et plus particulièrement en France, les peuples épris de liberté harcèlent sans cesse les troupes d'occupation.

A l'Est, l'armée russe inflige défaite sur défaite à l'envahisseur. Au cœur même de l'Allemagne, l'aviation alliée pilonne et détruit systématiquement l'arsenal nazi.

Ressemblant à la fois à un bandit traqué et à un sadique, pour revigorer le fanatisme des masses, le nazisme doit faire une nouvelle démonstration de force et de violence.

Fidèle à son habitude, il choisit de préférence une victime faible et inoffensive.

Dans la nuit du 14 au 15 mars 1944, les troupes allemandes occupent la Hongrie. Leur premier soin - mis au point depuis de nombreuses années - est de consigner à leur domicile les Juifs du pays.

Cette mesure, exécutée avant la fin même de la matinée, permet peu de temps après de rassembler et de parquer en divers points du pays cette population afin de la déporter plus aisément vers les camps de la mort.

C'est ainsi que le docteur Nyiszli a été déporté à Auschwitz en même temps que les habitants juifs de sa ville.

Les récits sur les camps et plus spécialement sur Auschwitz sont assez nombreux et du fait même de leur nombre ont contribué à créer une saturation.

Cependant je crois pouvoir affirmer que le journal du docteur Nyiszli relate certains faits qui, quinze ans après l'ouverture des dossiers des camps, demeurent encore mal connus.

En effet, alors même que les témoins et acteurs SS des scènes qu'a vues et vécues l'auteur ont été exterminés méthodiquement par ordre du haut-commandement allemand, afin que nul ne puisse raconter ce qu'il a vu, lui qui - par un hasard miraculeux - a pu échapper aux exécutions.

Le SS Obersturmführer docteur Mengele, médecin chef du Camp d'Auschwitz, a désigné le docteur Nyiszli pour les fonctions de médecin légiste et anatomiste des Sonderkommando.

Il faut savoir que ces derniers formaient un enclos isolé du reste de l'immensité du camp, où n'entrait personne d'étranger au service, fût-il SS.

L'inscription « Lasciate ogni speranza voi ch'entrate » qui aurait pu figurer sur l'immense portail du crématorium concernait non seulement le contingent quotidien des chambres à gaz, mais aussi le personnel des déportés du Sonderkommando qui étaient relevés tous les quatre mois, « relevés » étant dans ce cas un euphémisme qui signifie « exterminés ».

Avant la fin de la guerre, le même sort a été réservé au personnel SS des crématoriums.

C'est de ce commando des « morts vivants » que le docteur Nyiszli a échappé. Il nous porte le témoignage de ce qu'il y a vu et vécu.

Il est utile de savoir comment, au moment où le procès Eichman s'achève, six millions d'hommes sont morts parce que leurs ascendants proches ou éloignés étaient de religion israélite. Il s'agit là de crimes que ne peuvent atténuer ni le temps, ni le repentir, ni d'autres crimes commis ailleurs.

En consignant les faits relatés dans son journal, le docteur Nyiszli a voulu dresser sur le plan de l'histoire un monument qui rappelle une des périodes les plus sombres de l'Humanité.

J'aimerais qu'on puisse appliquer à son récit les vers d'Horace : « Exegi monumentum ierie perennius » et que son œuvre soit à travers les temps un memento du sinistre égarement d'une masse fanatisée.

(Préface du traducteur)
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Dans mon logement, je ne trouve pas ma place. Je vais et je viens sans but entre des murs muets. Mon passé est chargé de souvenirs sanglants et de chagrins profonds tandis que l'avenir m'apparaît sombre.

Comme si j'étais mon propre fantôme, j'erre, inquiet, dans les rues autrefois familières. Je ne suis secoué de ma profonde léthargie que lorsqu’il me semble rencontrer les miens parmi les passants.

Je supporte sans plaintes les douleurs de ma maladie et, prostré, je compte les mois qui passent ; nous sommes en octobre, déjà six mois se sont écoulés depuis ma libération.

Frileux, je m'assieds un après-midi près de ma cheminée et dans l'obscurité de la pièce j'essaye de trouver un peu de soulagement dans le rayonnement du foyer.

C'est l’heure crépusculaire et je laisse errer mes pensées sur tout ce que j'ai vécu.

La sonnerie retentit et tout de suite après la porte s'ouvre. Ma femme et mon enfant entrent. Elles ont été libérées dans le fameux camp d'anéantissement de Bergen-Belsen et c'est de là qu'elles reviennent en bonne santé.

Elles n'ont pu raconter que cela ; ensuite, elles n'ont cessé de sangloter durant des heures. Je n'ai pas essayé d'arrêter leurs pleurs.

Tant de souffrances, tant de peines refoulées ne pouvaient être contenues plus longtemps. Nous nous comprenions sans rien nous dire, et ce que nous éprouvions ne pouvait pas se dire avec des mots.

Maintenant, la vie reprend tout à coup un sens. Je recouvre mes forces et un vaste champ d'action s'ouvre devant moi. Je vais travailler de nouveau.

Ce sera désormais pour quelqu'un et pour quelque chose. Comme ce sera bon de pouvoir maintenant soulager les autres! Mais je ne veux plus jamais disséquer de cadavre.

Miklos Nyiszli
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