Je veux dire que, même si nous tentons de nous mentir, il vient toujours un moment où nous nous rendons compte que ce n’est pas possible indéfiniment.
L'Afrique, enfin ? Mais Bird n'était plus capable d'imaginer qu'une Afrique désolée, sans saveur. C'était la première fois que ça lui arrivait depuis qu'il était gamin. Un homme libre, sans joie, au milieu d'un Sahara gris... Cet homme avait assassiné un nouveau-né sur une île qui était à des milliers de kilomètres de là, puis il s'était enfui et il avait parcouru toute l'Afrique, incapable d'y capturer ne fût-ce qu'un sanglier, ne fût-ce qu'une musaraigne - et il était planté là bêtement, au milieu du Sahara...
- Eh bien ? Voulez-vous voir la chose ? Le jeune médecin assis à la droite du directeur se leva. C’était un grand type maigre, au visage bizarrement asymétrique : un de ses yeux avait une expression timide et inquiète, l’autre un regard absent. Bird mit un moment à se rendre compte que c’était un œil de verre. – Pourriez-vous d’abord m’expliquer ? demanda Bird avec une pointe d’angoisse dans la voix. Le mot qu’avait utilisé le directeur (la « chose ») avait suscité en lui une répulsion qui ne se dissipait pas. – Cela vaudrait peut-être mieux, oui. Quand vous le verrez, vous risquez d’être surpris, comme je l’ai été moi-même.
Mais on dirait que la réalité nous oblige finalement à faire front... Je veux dire que même si nous tentons de nous mentir, il vient toujours un moment où nous nous rendons compte que ce n'est pas possible indéfiniment.
c'est peut-être la jalousie qui l'a fait parler comme elle l'a fait, mais ça n'ôte rien à la portée de tout ce qu'elle m'a dit...
C'est peut être la jalousie qui l'a fait parler comme elle l'a fait, dit-il, mais ça n'ôte rien à la portée de ce qu'elle m'a dit.
Je ne suis ni assez diabolique pour étrangler ce bébé de mes mains ni assez angélique pour mobiliser une armée de médecins et les supplier de sauver la vie d'un enfant condamné à être un monstre.
Bird sentit, en parlant, qu'il était méprisable. Le médecin avait avait une lueur de dégoût dans les yeux.
Il est difficile de dire avec certitude s'il vaut mieux avoir vécu que ne pas être né.
Je n'ai pas cessé de m'enfuir, et je l'ai presque fait. Mais on dirait que la réalité nous oblige finalement à faire front...Je veux dire que, même si nous tentons de nous mentir, il vient toujours un moment où nous nous rendons compte que ce n'est pas possible indéfiniment.