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sur 124 notes

L'enfant Enzo est trop gentil, il essaie de se conformer à sa mère, un peu excentrique, vêtue de panthère moulante, faisant le ménage de façon répétitive, pratiquement hypnotique, chez de grands bourgeois qui partent en voyage pour leurs affaires, et rentrent brusquement, sans prévenir.
La relation entre la mère, qui apprend pas-à-pas par amour ce que c'est que d'élever un enfant depuis 12 ans sans toujours y arriver (ses actes et ses convictions ne sont pas toujours associées : elle lui achète du Nutella et lui interdit de le manger) et Enzo, qui la regarde, qui essaie de ne jamais la contrarier, nous enchante par tous les sentiments « en vérité » qui sont exposés.
« Elle aussi devait avoir un chagrin en sommeil, une peine en cage qui lui donnait parfois l'air méchant, et, tout de suite après, un peu effrayé d'elle-même, et alors elle demandait pardon. »
Enzo est un souffre-douleur au lycée du quartier chic : il est différent, il est trop gros, et il ne se rebelle jamais, il souffre, c'est tout, « victime idéale, sensible et stupide au point de se faire envoyer chez le directeur » quand les autres enfants lui crachent dans le dos.
Avec une écriture émotionnelle qui fait monter les pleurs, Véronique Olmi réussit à nous faire attendre le pire, puisque le harcèlement existe dans le monde des adolescents, «  cette petite société pleine de bruit et de rancoeur, d'envie et de désoeuvrement ».
Ils ne savent pas bien pourquoi ils s'acharnent, c'est comme ça, ils ne peuvent pas voir Enzo en peinture, et, en même temps, il leur appartient.
Et puis le pire arrive, et ce qui est particulièrement touchant jusqu'au pathétique, ce sont les phrases de l'auteur :
« Ce moment de torture, ils le partagent bien plus qu'ils ne le croient, chacun d'eux en souffrira, et pour toujours… Ils auront des reflux gastriques, des migraines et des phobies, ils auront des tics et des angoisses soudaines, ils aimeront des femmes dont ils se détourneront sans comprendre pourquoi et ils fuiront la beauté de leurs fils, ils craindront la sensualité et la délicatesse, ce seront des ricaneurs, des sournois, des pervers narcissiques, des patrons colériques, des amis inconstants et des mendiants. »

Bouleversant, angoissant, attendrissant, épouvantable, ce qui reste du roman en vérité, c'est l'amour en équilibre mais profond entre une mère et son fils.
Très beau roman, par l'écriture soignée, les sentiments fondants bien que retenus entre les deux personnages principaux, et l'analyse des conséquences des actes haineux d'adolescents trop sûrs de la force de leur pouvoir.
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Véronique OLMI. La nuit en vérité.

Enzo Popov, vit avec sa mère Liouba, dans un luxueux appartement du 1er arrondissement de Paris. Il fréquent un collège situé dans cet arrondissement , réservé aux enfants d'une certaine classe sociale. La mère de notre adolescent est femme de ménage, chez de riches propriétaires, sans cesse en déplacement à travers le monde, à la recherche de meubles, tapis, objets décoratifs, revendus à des prix exorbitants. Et dans cette appartement la mère et le fils bénéficient d'une unique chambre, en échange de 40 heures de ménage hebdomadaire que Liouba accomplit scrupuleusement, lavant même les rideaux jusqu'à deux fois par semaine !

Enzo est en surpoids, à la limite d' l'obésité et il est la tête de turc de ses compagnons de classe. Il est toujours vêtu de noir, chaussé de baskets de bas de gamme. Il éprouve un certain mal être, ne pouvant être comme les autres. le paraître prime sur l'être ! Il vit sa crise d'adolescent et se cherche. Il est également en quête d'identité : il désire savoir qui est son père. Sa mère avait seulement dix-sept ans à sa naissance ! Depuis douze ans, Liouba vit avec son fils, quasi en osmose. Elle n'a pas trente ans. Elle aussi est à la recherche d'aventure amoureuse, de relation suivie. Lorsqu'elle habitait chez sa grand-mère, après le décès de sa mère, elle a fugué à dix-sept ans, mené une vie de bohème. Elle ressemble davantage à une »putain », issue des pays de l'Est, avec ses mini jupes et ses talons aiguilles….

Et ce nom de famille à une consonance russe. Enzo va faire quelques recherches et partir sur les traces de ses aïeux. Il est torturé par son origine. Il ne connaît aucun membre de sa famille, vivant uniquement avec sa mère. Au cours des nuits, avec les livres, Enzo s'invente des vies. Il échappe au monde qui l'entoure. Partira-t-il à la recherche de ses ancêtres ? Une lecture va le mettre sur une voie. Gagnera-t-il ce lieu où a vécu son arrière grand-père ?

Ce récit sur la recherche de l'identité d'un jeune adolescent, les différences sociales, le racisme, est troublant. Toute cette violence dont les enfants font preuve est un signe de mal-être, d'angoisse. La maltraitance s'exerce même dans les collèges, les écoles : il nous faut faire preuve de bienveillance pour éviter de tels dérapages. La base de nos relations sociales, c'est l'éducation, la politesse, le respect, la tolérance.

L'écriture fluide de Véronique OLMI décrit à la perfection le sentiment d'insécurité qui règne autour de la mère et de son fils. de la violence, de la pauvreté, du mépris mais aussi beaucoup d'amour. Ce livre est à lire mais je me permets de vous recommander « Bakhita » et « Le gosse », de cette autrice, pour ceux qui ne les ont pas lu. Bonne journée à tous et belles lectures.
(15/04/2023).

Lien : https://lucette.dutou@rorang..
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Ce roman se déroule de nos jours à Paris. Enzo Popov, 12 ans, vit avec sa mère Liouba dans le grand appartement d'un couple aisé, toujours en voyage. Liouba, 29 ans, entretient l'appartement, effectuant scrupuleusement 35 heures par semaine, en échange du logement. Enzo est en 6ème, dans un collège huppé, et il est harcelé, tyrannisé, parce qu'il est différent : en surpoids, fils d'une "bonne" au look extravagant, avec un nom d'origine russe. Sa mère l'habille en noir, dans les magasins discount.
L'appartement est spacieux, mais Enzo et Loubia partagent la même chambre. Enzo lit beaucoup et fuit l'exclusion et l'harcèlement grâce à son imagination et ses lectures.
Ce roman met l'accent sur les différences : différence de classes sociales, différence de nationalités, différence d'apparence physique.
Enzo est attachant, ne se plaint jamais, encaisse les moqueries et les coups des autres collégiens.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Voilà un beau roman sur l'amour maternel mais aussi sur le thème de la précarité et de ses conséquences, une situation vécue par beaucoup de femmes qui élèvent seules leurs enfants. Je ne pouvais pas passer ce thème sous silence cette semaine.
Ce roman retrace la vie d'Enzo, un jeune adolescent et de Liouba, sa mère. Ils vivent tous deux dans une seule chambre d'un appartement chic de la rue de Rivoli. La mère d'origine russe, est employée au black par de riches propriétaires, toujours en voyage, qui collectionnent les objets d'arts récoltés ici ou là, pour les revendre ensuite.
Elle est très jeune puisqu'elle n'a pas 30 ans, elle a eu son fils alors qu'elle était une toute jeune fille de 17 ans. Elle n'a jamais voulu ni lui parler de son père, ni de ses origines russes ou de celles italiennes de son prénom. Il sait tout simplement qu'elle a vécu à la campagne dans la Creuse et qu'elle a de temps en temps un copain qu'elle ramène le samedi soir à la maison, espérant que les patrons ne choisiront pas ce soir-là pour débarquer de leur voyage, à l'improviste, comme ils le font souvent en pleine nuit.
Enzo fréquente le collège chic du quartier. Il est rejeté par ses camarades parce qu'il est différent, trop gros, mal habillé, toujours vêtu de noir (parce que sa mère pense que ça le mincit), qu'il a des tennis à bas prix, quand les autres adolescents portent tous des marques. de plus, vu son nom, il est étranger et en plus, fils de femme de ménage...
Il n'en faut pas davantage pour qu'Enzo finisse par devenir le bouc émissaire de ses camarades. le retour en classe tous les matins le plonge dans l'angoisse.
C'est un enfant silencieux qui ne se sent jamais à sa place, ni dans l'appartement trop spacieux qui n'est pas "chez eux", ni dans ce collège trop huppé où personne ne le comprend. Il accepte les punitions de ses professeurs et les remontrances du principal qui lui demande de faire tous les efforts possibles pour s'intégrer et de ne pas laisser passer sa chance d'être admis dans son établissement prestigieux.
En parallèle, Enzo qui veut ménager sa mère, signe les mots à sa place et lui envoie de faux mails pour justifier sa désertion d'un cours, prétextant l'absence d'un professeur. Pourtant, c'est un ado intelligent, en avance pour son âge physiquement mais aussi intellectuellement. Il aime lire ce qui lui permet de fuir dans l'imaginaire sa triste vie quotidienne.
Enzo aimerait savoir d'où il vient, pourquoi sa mère a accepté ce travail humiliant, et surtout, qui était son père. Dans le placard-chambre où il décide de s'installer en ayant assez de partager son intimité avec sa mère, il a une nuit des visions, un soldat tente de lui parler, de l'attirer vers le passé...c'est un membre de sa famille, il en est certain.
Mais un jour sa vie bascule, il est coincé dans une cave par un groupe d'élèves, agressé et torturé. Stimulés par le groupe, ils vont filmer les horreurs qu'ils lui infligent...

Mon avis
C'est un roman sensible et marquant sur l'amour maternel. L'amour entre Enzo et sa mère transparait à chaque page. Loubia est touchante car toute jeune et maladroite. Elle apprend son métier de mère au fur et à mesure, aurait besoin d'un peu de légèreté dans sa vie mais n'y arrive pas. Elle aussi est exclue du monde qui l'entoure. Sa solitude est terrible et elle n'arrive pas à aider son fils à sortir de la sienne. Tous ses actes et ressentis sont ambivalents : elle aime son fils, mais il l'encombre ; elle trouve qu'il mange trop, mais lui achète des sucreries et des gâteaux.
C'est un livre éprouvant tant la détresse de ce jeune adolescent est forte. L'auteur nous décrit parfaitement le passage du harcèlement à la violence et le silence des adultes qui ne voient rien ou ne veulent pas voir. le roman débute pourtant tranquillement, il ne se passe pas grand chose et puis peu à peu le lecteur fait connaissance avec les personnages, s'étonne de leur humanité, découvre le poids du passé. Ces deux-là sont un peu perdus, hors du monde, on a envie de les protéger, de leur tendre la main.
Le quartier ne se prête pas à la tolérance. L'auteur décrit avec réalisme les différences de classes sociales et ce qu'elles impliquent pour les enfants mais aussi pour leurs parents, là une mère isolée, qui élève seule son enfant et ne peut pas agir, car en situation précaire. Jeune femme exploitée par des patrons peu scrupuleux, comme tant de femmes en situation irrégulière, elle a du mal à se défendre et à défendre son fils face à la violence de notre monde d'aujourd'hui. Elle-même n'a pas eu le temps de vivre son adolescence, ce qui la rend particulièrement fragile et vulnérable.
La fin ouvre des possibles et l'espoir d'une vie meilleure pour tous les deux.

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Suite à une rencontre en librairie avec la romancière j'ai voulu aborder son oeuvre par « La nuit en vérité » . Mon impression est mitigée . Côté positif, une brillante écriture , un premier tiers du roman qui met en scène une belle relation mère-fils et la souffrance de l'enfant victime de persécution scolaire ( en prime un souvenir personnel réactivé de grimper à la corde en cours de gym) . Côté négatif un dernier tiers du roman trop envahi de pathos à mon goût ; trop de thèmes poursuivis : la quête du père (mais le fantastique apparaît un peu plaqué) , l'exclusion sociale (la vision est un peu trop manichéenne ) , le souvenir des soldats russes massacrés au camps de la Courtine…Une lecture intéressante cependant.
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Je suis passée à côté de ce livre !

J'ai découvert l'autrice en lisant Bakhita alors quand j'ai croisé un livre de V. Olmi à la foire aux livres il y a quelques jours, je me suis dit que c'était l'occasion de découvrir un peu plus la plume de l'autrice.

Le résumé me faisait envie : l'histoire d'une mère pauvre et de son fils. Pour survivre et donner une éducation à son fils elle est femme de ménage dans un très grand et très bel appartement parisien. Celui-ci en surpoids et en situation d'infériorité de classe se fait harceler au collège.

Oui mais voilà je me suis perdue entre la vie de ces 2 personnages, les rêveries du fils et son imagination débordante qui fait intervenir le surnaturel …

Voilà, je ne peux malheureusement pas vous en dire plus car vraiment j'ai lu sans tout comprendre, et sans réussir à faire les liens entre les différents éléments de l'intrigue
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Je n'ai pas été emballée par cet ouvrage. Autant j'avais aimé bord de mer, autant celui ci m'a lassée. le fait que le jeune Enzo divague souvent entre réalité et fiction m'a beaucoup gênée.
La plume de l'auteure est toujours aussi belle, malgré tout je ne l'ai pas fini.
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J'ai beaucoup aimé les autres livres de Véronique Olmi, mais j'ai été un peu déçu par celui-là.
Il n'y a pas vraiment d'histoire. On ne retrouve pas la tension de certains romans tels que « le Premier amour » et « J'aimais mieux quand c'était toi ». L'histoire est finalement assez ennuyeuse, malgré quelques beaux passages sur la Révolution russe et la Première Guerre mondiale.
Les deux personnages principaux ne sont pas tellement attachants. le couple de patrons assez caricatural.
Mais surtout, j'ai été mis assez mal à l'aise par deux choses.
Le livre évoque un lynchage absolument affreux, qui aurait pu coûter la vie à la victime. Mais après cela, il ne se passe rien : aucune sanction, aucune plainte, aucune suite judiciaire. C'est un peu une leçon d'impunité, car les agresseurs ne sont jamais inquiétés. On a aussi du mal à croire que la victime s'en sorte avec une telle légèreté du point de vue psychique.
Le récit s'achève clairement sur un détournement de mineur. C'est une infraction pénale. Et je ne parle même pas de la dimension morale…
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Il y a des livres ainsi qu'on se réjouit de lire car un précédent du même auteur nous a follement plu. J'ai eu un gros coup de coeur pour Bord de mer.

J'ai ouvert La nuit en vérité et j'ai retrouvé la jolie plume de Véronique Olmi qui nous relate la vie d'une jeune mère près de son fils Enzo harcelé par les élèves de sa classe.

Le gamin de douze ans obèse, habillé de noir et de baskets de seconds prix se murent dans la peur et le chagrin d'être rejeté et peu aimé. Sa mère femme de ménage essaie d'élever son fils comme elle peut, elle refuse que Enzo l'appelle maman et se dit que Enzo est sa plus longue histoire d'amour. Douze ans à vivre ensemble dans un taudis où suinte la misère.

J'ai vécu cette lecture en dent de scie. le début m'a happée puis la magie s'est transformée en ennui. Enzo finit par être la tête de turc de ses condisciples, suite à une agression, il devient fiévreux et commence à avoir des hallucinations. Des pages et des pages peu crédibles où l'atmosphère devient lourde et ennuyante.

Un livre qui démarrait bien et qui finit malgré tout en flop. Faute à un trop plein de lourdeur, de personnages perdus dans leurs ombres, une solitude où l'amour ne sauve pas, ne protège pas. Tout est lourd et abstrait dans cette histoire. J'ai eu au final l'impression de traverser un brouillard dense sans rien apercevoir. Ni le jour ni la nuit. Une histoire trop subtile, incertaine et floue qui ne restera pas gravée dans ma mémoire.
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Un roman sombre et douloureux dans lequel une mère et son fils sont confrontés à l'exclusion et au rejet , chacun de leur côté sans que l'un ne perçoive la détresse de l'autre.
Une relation fusionnelle pourtant entre ce fils et sa maman, une relation à la fois forte et fragile.
Une mère très jeune, pas encore trentenaire et un fils adolescent.
Chacun voulant protéger l'autre des blessures de la vie.
Les blessures d'Enzo sont le manque de père et la recherche de son identité, son surpoids et des camarades de collège dont il est la tête de turc.
La mère quand à elle estime avoir raté sa vie en ayant eu son fils trop jeune et du coup, est contrainte de travailler comme bonne à tout faire dans une famille riche.
La première partie du roman est toute en pudeur, on s'attarde sur la psychologie des personnages et l'atmosphère se fait insidieusement de plus en plus lourde. C'est long, c'est lent mais on sent bien que des événements en latence vont venir faire basculer cette sombre quiétude.
Et c'est dans la seconde partie du livre que tout explose.
Enzo, est hanté par des personnages imaginaires par l'intermédiaire desquels il va essayer de créer sa propre histoire et ses racines. le roman prend tour à tour des airs de roman fantastique et c'est ce qui fait que j'ai moyennement apprécié cette lecture.
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