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3,33

sur 124 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

L'enfant Enzo est trop gentil, il essaie de se conformer à sa mère, un peu excentrique, vêtue de panthère moulante, faisant le ménage de façon répétitive, pratiquement hypnotique, chez de grands bourgeois qui partent en voyage pour leurs affaires, et rentrent brusquement, sans prévenir.
La relation entre la mère, qui apprend pas-à-pas par amour ce que c'est que d'élever un enfant depuis 12 ans sans toujours y arriver (ses actes et ses convictions ne sont pas toujours associées : elle lui achète du Nutella et lui interdit de le manger) et Enzo, qui la regarde, qui essaie de ne jamais la contrarier, nous enchante par tous les sentiments « en vérité » qui sont exposés.
« Elle aussi devait avoir un chagrin en sommeil, une peine en cage qui lui donnait parfois l'air méchant, et, tout de suite après, un peu effrayé d'elle-même, et alors elle demandait pardon. »
Enzo est un souffre-douleur au lycée du quartier chic : il est différent, il est trop gros, et il ne se rebelle jamais, il souffre, c'est tout, « victime idéale, sensible et stupide au point de se faire envoyer chez le directeur » quand les autres enfants lui crachent dans le dos.
Avec une écriture émotionnelle qui fait monter les pleurs, Véronique Olmi réussit à nous faire attendre le pire, puisque le harcèlement existe dans le monde des adolescents, «  cette petite société pleine de bruit et de rancoeur, d'envie et de désoeuvrement ».
Ils ne savent pas bien pourquoi ils s'acharnent, c'est comme ça, ils ne peuvent pas voir Enzo en peinture, et, en même temps, il leur appartient.
Et puis le pire arrive, et ce qui est particulièrement touchant jusqu'au pathétique, ce sont les phrases de l'auteur :
« Ce moment de torture, ils le partagent bien plus qu'ils ne le croient, chacun d'eux en souffrira, et pour toujours… Ils auront des reflux gastriques, des migraines et des phobies, ils auront des tics et des angoisses soudaines, ils aimeront des femmes dont ils se détourneront sans comprendre pourquoi et ils fuiront la beauté de leurs fils, ils craindront la sensualité et la délicatesse, ce seront des ricaneurs, des sournois, des pervers narcissiques, des patrons colériques, des amis inconstants et des mendiants. »

Bouleversant, angoissant, attendrissant, épouvantable, ce qui reste du roman en vérité, c'est l'amour en équilibre mais profond entre une mère et son fils.
Très beau roman, par l'écriture soignée, les sentiments fondants bien que retenus entre les deux personnages principaux, et l'analyse des conséquences des actes haineux d'adolescents trop sûrs de la force de leur pouvoir.
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En dix mots, en vrac car tous ces sentiments se succèdent et s'entremêlent en cours de lecture : beau, triste, poétique, inégal, affecté, surprenant, douloureux, violent, choquant, poignant...

En plus développé : quel gâchis ! Je sortais de l'excellent 'Long week-end' de Joyce Maynard dont le cadre est identique : une cellule étouffante mère-fils et un pré-ado mal dans sa peau. Alors forcément, j'ai comparé et trouvé ce roman léger, artificiel, agaçant. D'autant que mes impressions à l'égard de l'oeuvre de l'auteur varient beaucoup d'un texte à l'autre, et la dernière expérience ('Cet Été-là') fut ratée pour moi.
Et puis déclic, je ne saurais dire pourquoi, à mi-chemin. Des situations et des propos tellement justes, pertinents. L'ambivalence réciproque des sentiments mère-enfant : tu me fais honte, je t'adore, tu m'étouffes, tu m'agaces, tu me manques quand tu n'es pas là. La souffrance d'un enfant harcelé au collège. L'infinie cruauté dont est capable un groupe. le hiatus entre deux mondes, deux milieux sociaux. le poids du passé familial. La difficulté d'être mère, d'improviser chaque jour face à des comportements déroutants.

Donc ce gâchis, de ne pas avoir su savourer ce très beau roman dès le début, je compte y remédier : en relisant la totalité du livre, dans quelques mois. La preuve, encore une fois, que je ne dois pas abandonner un livre trop rapidement.
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Très belle lecture, émouvante, enrichissante, bouleversante...
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Pas facile de porter le nom de Enzo Popov quand on entre dans l'adolescence. Surtout si on est obèse. Et plus encore quand on est pauvre et parachuté dans un collège huppé d'un des plus chics quartiers de Paris… Se faire accepter par les professeurs, les autres élèves, lier des camaraderies… Un combat de chaque jour pour Enzo qui redoute plus que tout les jours d'école, mais cache à sa mère sa souffrance et ses mauvaises notes pour ne pas l'attrister ni l'inquiéter.

Pas facile non plus de vivre seul avec une mère trop jeune. de ne pas avoir vraiment de chez soi, puisque Enzo et Loubia ne sont que locataires temporaires, le plus discrets possible, du grand appartement des employeurs de la jeune femme, qu'elle brique à longueur de journée pour mériter son salaire, en arrivant à déteindre les rideaux, râper les tapis et abimer les meubles. Mère et fils doivent partager une chambre étriquée alors que l'appartement est immense et quasiment toujours vide des propriétaires qui parcourent le monde. Ils se sentent en transit, en sursis et vivent sur la pointe des pieds.
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Il y a des livres qui marquent, celui-ci en fait partie. J'ai lu il y a peu son premier roman, Bord de Mer et je n'avais pas trop envie de lire un autre livre d'elle tout de suite, peur de retomber dans cette mélancolie poisseuse que j'avais adoré mais qui ne m'attirait pas ces jours ou j'avais besoin de légèreté, pourtant je l'ai lu et là je suis émerveillé. Ce livre est à mes yeux parfait. Il est dur mais pas désespéré, bien écrit et prenant.
Il s'agit de l'histoire d'une jeune femme de ménage et de son fils unique de 12 ans, obèse, mal dans sa peau et bête noire du collège bourgeois dans lequel il n'est pas à sa place.
Enzo est en quête de savoir, il est curieux du monde, de sa filiation, des autres. Ses camarades vont se liguer contre lui, le remettre à sa place de la pire des manières. Comme dirait ‪Nietzsche‬ « Was mich nicht umbringt, macht mich stärker. », et ici cet épisode va le libérer, le collège et la vie dans ce grand appartement parisien dans lequel sa mère travaille feront partie de son parcours initiatique.
En filigrane, Enzo a une espèce de délire onirique dans lequel il va communiquer avec ses ancêtres lors de la première guerre mondiale, dit comme ça on pense que c'est de trop, cependant c'est très bien intégré à l'histoire et va contribuer au charme de ce livre.
Un énorme coup de coeur, un roman touchant qui entre en résonance avec son premier roman tout en étant son contre-pied.
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Véronique Olmi

Née à Nice en...

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