Petit précis de mondialisation, tome 2 : L'avenir de l'eau

La conclusion s'impose: si l'on parvenait à extraire l'eau de l'air qui nous entoure, plus personne sur terre ne souffrirait de la soif.

La pénurie d'eau et les souffrances qui l'accompagnent, sont bien plus souvent filles de l'incompétence et de la paresse politiques que d'un manque physique de ressources.

Deux hommes s'accusent mutuellement de vol.
Le chef de village convoque les plaignants devant la mare.
- Et maintenant , dites la vérité à l 'eau.
- Pourquoi l 'eau demande l'un d 'eux?
-Es-tu sur qu'elle sait reconnaitre la vérité?demande l'autre.
Le chef de village les regarde accablé.
-Vous etes des ignorants. Vous buvez , vous pleurez , vous pissez.
La pluie tombe. Quand revient le soleil elle s'évapore. Elle monte au ciel.
- Et alors?
-Alors imbéciles, vous n'avez pas compris? Il n'y a qu'une seule eau. Et cette eau est partout. Elle voit tout, elle entend tout, elle sait tout. Maintenat essayez donc de lui mentir.

J e comprends que l'eau ne mesure pas seulement le temps. Elle l'accélère. L'eau a des colères, des impatiences que n'a pas le temps. L'eau charrie la sauvagerie du temps.

L'eau, c'est la métaphore parfaite du lien. Célébrer l'eau, c'est glorifier la société. S'y dévouer, c'est prouver son civisme.

L'eau est-elle une marchandise comme les autres ? Non, à l'évidence. Mais l'idée ici sous-jacente est que l'eau serait un cadeau de Dame Nature aux espèces vivantes, un cadeau que nul n'aurait le droit de s'approprier, de quelque manière que ce soit. Or l'eau n'est pas un cadeau, mais, le plus souvent, un produit, un produit manufacturé (à de rares exceptions près, l'eau, avant d'être utilisée, doit être traitée) et distribué (Dieu a peut-être fourni l'eau, mais pas les tuyaux). Parler de la gratuité de l'eau n'est pas lui rendre service.

Vous êtes nul en physique-chimie ? Pas de problème. Je vais simplifier. L'air, constitué majoritairement d'azote (78 %) et d'oxygène (21 %), peut contenir, sous forme de vapeur, plus ou moins d'eau selon sa température et sa pression. Quand la température (ou la pression) de l'air s'accroît, la masse d'eau que peut contenir l'air augmente. A pression donnée, on peut calculer facilement la température à laquelle la vapeur d'eau se condense : c'est le point de rosée. Depuis toujours...

Notre atmosphère, ont calculé les scientifiques, contient 12 900 kilomètres cubes d'eau douce : 98 % d'eau à l'état de vapeur et 2 % d'eau condensée (nuages). Cette masse impressionnante est comparable à celle des ressources en eau, liquide et renouvelable, des terres habitées : 12 500 kilomètres cubes.
La conclusion s'impose : si l'on parvenait à extraire l'eau de l'air qui nous entoure, plus personne sur terre ne souffrirait de la soif.

Au commencement de toute humanité est l'eau. Au commencement de toute dignité, de toute santé, de toute éducation, de tout développement. Dans l'ordre des priorités, rien ne précède l'accès à l'eau.

La nature a souvent de ces tranquillités ou de ces indifférences qui font honte aux agitations des hommes.