La mort n'explique pas tout. L'amour non plus.
J ai échangé un regard très bref avec Julien et j ai eu de la chance , il n a rien dit. N' a pas soutenu mon regard. N a pas souri. Ce qui me laissait le champ libre pour exploser ou m'enfourner du sable dans la bouche. Avaler pas mal de sable et me retrouver aux urgences. Ou l'étrangler, lui. Ou dire bonjour.
J ai dit bonjour.
J'avais pris une femme de ménage. Elle était entrée dans ma vie comme ça, parce que J'avais tiré sur une petite languette,à la pharmacie.C'etait la dernière des six qu'elle avait prédécoupées au bas de son annonce,scotchée sur la vitrine. Une petite languette de papier verticale ,avec les huit chiffres superposés de son numéro de téléphone. Toutes les languette qui m'eussent intéressé, sauf la sienne ,sa petite dernière, donc,avaient été arrachées. Et je m'étais dit qu'il etait grand temps que je m'y arrête, devant cette vitrine.
La mort n'explique pas tout. L'amour non plus.
Ça ne se regrette pas, l'amour.
Elle s'est donc laissée aller avec cette sorte de chavirement passif que charpente la honte, parfois, chez les femmes quand elles cèdent trop tôt , à leur goût et qu'elles vont se perdre dans les bras de quelqu’un dont elles n'ont pas pris le temps faire le tour, dont elles ont choisi sciemment de ne pas faire le tour.
Nos regard se croisaient, donc, mais en bon véhicules qu'ils étaient, conduits avec prudence, ils ne se rencontraient pas. Une fois croisés, en quelque sorte, ils se dépassaient sans heurt et poursuivaient leur chemin dans le regard de l'autre, à la recherche d'une réponse.
Des silences de femme. Ces petits silences, bien cadrés par les mots, qui ne viennent pas de l'absence. Avec de vrais regards parfois.
C'est une bonne chose que les femmes mangent, elles aussi, il n'y a pas de raison, elles sont comme nous, finalement, en tout cas manger les rapprochent de nous, ça les rend plus humaines.
Rien n'est jamais complètement neuf, c'est comme les mots, les choses reviennent, elles sont neuves quand même.