2014 sera un grand cru ! Je vous le dis, mes ouailles, et j'en suis encore plus intimement persuadée après la lecture de la nouvelle pépite d'
Antoine Ozanam et Rica, qui nous avaient déjà délivré le ô combien sublime
E dans l'Eau chez Drugstore. Cette fois-ci, c'est Casterman qui signe le duo, et l'on flaire immédiatement l'insolite lorsque l'on aperçoit ce très grand format (22x32cm), bien loin de l'habituel format cartonné de la collection KSTR. Bon, vous allez dire que je m'étale, que je chipote, que je traînasse, mais laissez-moi vous conter mon émoi lorsque je suis rentrée dans la librairie ! Je flânais innocemment dans les rayons quand soudain ! Oooh, aaaah, ce jaune, mais CE JAUNE (qui avait déjà manqué de me faire défaillir dans
E dans l'Eau) ! Et cette couverture soignée, aux jeux de texture mat/glacé ! Bref, j'étais déjà amoureuse de l'objet.
Mais dedans, qu'est-ce qu'il y a dedans ? C'est très simple : tous les ingrédients d'un polar électrique et sans concession, qui vous prend à la gorge dès la première page. Si le scénario ne brille pas par son originalité de prime abord, je ne peux que m'extasier devant la narration audacieuse et pêchue qui transforme une histoire aux relents de déjà-vu en une petite bombe incroyablement efficace. Ce super-pouvoir,
Antoine Ozanam en a maintes fois fait preuve, et c'est ce qui me plaît tant chez ce scénariste : sa capacité à raconter des événements de manière très cinématographique, en usant et abusant de ficelles qui retournent littéralement le cerveau, le tout en conservant un découpage extrêmement classique.
Mais
Succombe qui doit ne serait pas autant réussi si Rica n'était pas passé par là, avec ses personnages aux gueules cassées et ses couleurs improbables. Un bleu verdâtre qui voisine avec un rouge pompier ? Pas de problème ! Je suis toujours aussi stupéfiée par l'harmonie globale qui se dégage de ces mélanges ultra-violents, qui pourraient me faire écrire des trucs du genre : "Messieurs et mesdames les épileptiques, ne clignez pas trop vite des yeux en lisant cette BD !". Associée à ce trait caractéristique, à la fois gras et extrêmement ciselé, la palette utilisée par Rica nous offre des ambiances uniques, très noires et apocalyptiques.
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