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Leonardo Padura Fuentes, né en 1955 à La Havane (Cuba), et licencié en philologie, est auteur de romans policiers, scénariste, journaliste et critique littéraire, auteur d'essais et de livres de contes. Il amorce sa carrière de romancier en 1991 et devient l'auteur d'une série de romans policiers ayant pour héros le lieutenant-enquêteur Mario Conde qu'on retrouve dans Electre à La Havane, paru en 1998.
Août 1989, Alexis Arayan, fils d'un diplomate cubain est retrouvé mort étranglé à La Havane, à ce détail près que la victime était habillée et maquillée en femme. Quand débute le roman, le Conde, a été suspendu provisoirement de ses fonctions suite à une bagarre avec l'un de ses collègues, mais son chef le major Rangel (Le Vieux), en manque d'effectifs, doit le mettre sur l'affaire. Une enquête dans laquelle notre héros, homophobe notoire, va entrer en reculant, « ce monde-là était trop lointain et exotique pour lui, il s'y sentait définitivement perdu… » d'autant que ses premières investigations vont le mettre sur les traces d'Alberto Marqués, un dramaturge et metteur en scène homosexuel.
Résumé ainsi, on pourrait penser qu'il s'agit d'un polar quelconque, en fait il s'agit d'un roman beaucoup plus profond/ambitieux que cela, ce que l'on constate dès les premières pages. Il s'agit d'un polar littéraire, les phrases sont souvent longues, ce qui n'est pas banal dans ce genre de bouquin, l'écriture est soignée même dans les passages scabreux et par-dessus tout, ce polar nous préserve (dans l'ensemble) des clichés trop souvent présents, même chez les plus grands écrivains de romans policiers. Littérature que nous retrouvons au sein de l'intrigue, Mario Conde se voulait écrivain dans sa jeunesse, Alberto Marquès écrit pour le théâtre et sa demeure est une immense bibliothèque de livres rares. Et des flash-back consacrés à un séjour à Paris du dramaturge verront intervenir, Jean-Paul Sartre, Albert Camus
Leonardo Padura élargit son propos premier qui ne manque pas d'érudition – la mort d'un travesti mystique où la Transfiguration du Christ n'est pas étrangère – à une réflexion sur l'homosexualité et la place des intellectuels dans un pays, Cuba, qui a beaucoup souffert des vicissitudes du pouvoir en place et des privations. Mario Conde, après bien des sueurs froides au contact de l'homosexuel Alberto Marquès finira par ne plus voir que l'intellectuel banni et prendra plaisir à discuter avec lui, discussions qui lui ouvriront l'esprit au point de le relancer dans son projet d'écriture et peut-être d'avenir…
Un roman sur des vies brisées ou non abouties, conséquence des tabous moraux ou de la censure d'état conduisant à se cacher, à se masquer et par analogie à se travestir, au risque de tomber victime de la délation. Un bien bon roman donc, d'un grand écrivain qu'il va me falloir découvrir mieux encore.

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Comment ai-je pu pendant si longtemps passer à côté de Leonardo Padura ? C'est grâce aux bibliothécaires de ma ville que je l'ai découvert. Un cubain critique du régime qui n'est pas parti en exil ! Electre à la Havane est un bon roman policier par son intrigue mais surtout par la description qu'il fait de l'étrange sort qu'a pu faire le régime castriste à certains de ses artistes, accusés de révisionnisme, réduits au silence, parfois réhabilités et tout particulièrement aux homosexuels. Tout cela je l'avais lu dans Reinaldo Arenas qui a choisi l'exil de Mariel dans les années 80 pour aller mourir en exil; Leonardo Padura a fait le choix de rester et de témoigner avec une certaine distance de cet étrange comportement de la dictature castriste et de la vie à La Havane où le passé envahit toutes les vies.
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On découvre, dans le bois de la Havane, le corps d'un jeune homosexuel assassiné par strangulation. Au moment de sa mort Alexis Arayàn était vêtu d'une belle robe rouge, conçue en 1971 par le metteur en scène Alberto Marquès pour la pièce Electra Garrigó de Virgilio Piňera (laquelle mise en scène n'a jamais été jouée, Marquès ayant été envoyé en rééducation peu avant). Chassé de chez lui par son père, Alexis s'était réfugié chez Marquès, homosexuel également.

Voilà Mario Conde obligé d'enquêter dans le milieu homosexuel de la Havane. Et cela lui pose un vrai problème car, il le reconnaît lui-même, il a des préjugés contre les homosexuels. Cependant, à force de fréquenter le Marquès, le Conde fini par apprécier en lui l'homme intelligent et cultivé, au point de lui faire lire une nouvelle qu'il a rédigée. Si l'homophobie affichée du héros me dérange, j'apprécie qu'il soit capable d'évoluer sur ce point. Par contre les choses restent très confuses dans sa tête : entre homosexuel, travesti et transgenre, il ne fait pas bien la différence.

De plus, si Conde se pose des questions sur ce qu'il peut ressentir vis à vis des homosexuels, il n'a par contre aucun recul quant à son racisme et son sexisme. Voici ce qui lui vient à l'esprit alors qu'il mate une femme dans la rue :

"... le pas prodigieux de cette femme non moins prodigieuse qui combinait brutalement tous les attraits : les très longs cheveux blonds, lourds et langoureux, retombaient sur des fesses chevauchables d'esclave affranchie, un cul au profil strictement africain, dont les rondeurs aux muscles bien dessinés redescendaient à travers deux cuisses compactes vers des chevilles d'animal sauvage. le visage -le Conde était de plus en plus étonné- n'était pas inférieur à cette arrière-garde invincible : des lèvres de papaye mûre prenaient le dessus sur deux petits yeux asiatiques délurés, définitivement mauvais, avec lesquels, à la hauteur du théâtre où s'acheva la poursuite et la fouille optique, elle regarda un instant le Conde avec une arrogance orientale avant de le rejeter sans appel. La grande salope, elle sait qu'elle est drôlement bien foutue et elle y prend du plaisir. Elle est tellement bien foutue que moi je serais capable de la tuer..."

Alors là, c'est la totale ! Rapide analyse : préjugés racistes : Noire = esclave = animal sauvage ; Asiatique = mauvaise = arrogance. Préjugés sexistes : femme = grande salope. Et cette scène de harcèlement de rue sans parole nous mène au féminicide.

A la fin notre héros se demande, au sujet du meurtre sur lequel il enquête, "pourquoi il pouvait se passer dans le monde des événements aussi terribles". Eh, sans doute parce qu'il y en a d'autres qui ont les mêmes préjugés que toi mais que tous n'ont pas le cadre moral qui les empêche de passer à l'acte !

Je dois dire que je supporte de moins en moins cette vision de l'homme blanc hétérosexuel comme norme de l'humanité qui m'a vraiment gênée ici alors que j'ai retrouvé aussi ce qui me plaît habituellement chez Leonardo Padura, la critique très claire du régime cubain et la belle écriture.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Je suis sans doute un capitaliste petit bourgeois, ennemi de la grandeur de la Révolution, mais cet autre roman de Padura se déroule dans une société étouffée par la dictature et correspond plus à ce que j'imagine de Cuba.

Au début de ce 3e roman de la série, Mario Conde est mis sur la touche et l'ambiance au commissariat n'est pas géniale, sur fond d'enquête interne. Un homme est découvert assassiné et l'enquête lui est confiée.

Cet homme est le fils d'un diplomate mais a été découvert déguisé en femme et Conde va enquêter dans le milieu homosexuel de la Havane. L'homosexualité est considérée comme une déviation par le régime, un perversion impérialiste, mais elle est encore moins appréciée par l'enquêteur qui nous offre la palette complète des poncifs du macho homophobe.

Il va rencontrer Marquès, vieil homme de théâtre qui a été banni et rééduqué dans les années 70 à cause de ses moeurs. Son histoire va résonner étrangement chez Conde qui revit ses premières expériences de censure et qui se remet à écrire.
La pourriture du système est liée aux technocrates privilégiés, comme dans les premiers romans, et touche aussi la police. Pour le reste, Conde est moins dépressif que dans le précédent livre et toujours fidèle à ses amis d'enfance.

En fait, ce livre ne m'a pas fait vibrer, la 3e équipe de traduction ne rend pas le style plus fluide. Je crois que Marquès est le premier personnage vraiment attachant de cette série un peu plate. Padura a beau nous dire que son personnage n'existe pas et qu'il est une métaphore, j'ai plutôt l'impression d'une illusion.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Un travesti est retrouvé mort avec deux pièces de monnaie dans l'orifice anal. le point de départ de ce roman pourrait laisser augurer d'un livre vulgaire. Que nenni! La poésie du style transfigure la laideur des hommes et de leurs actions.
Il est question de l'homosexualité dans une société cubaine conservatrice et de la manière dont les écrivains sont mis au pas par le régime castriste. de plus en plus désabusé, Conde, qui est parvenu à renouer avec l'écriture, ne se fait guère d'illusions sur l'avenir de ce pays gangrené par la corruption.
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Le lieutenant de police, amateur de rhum, passionné de littérature, Mario Conde, de roman en roman, est toujours autant désabusé, nostalgique de sa jeunesse, résigné de ses illusions perdues, sans manquer d'humour. Dans Electre à la Havane, il enquête sur la mort d'un jeune homme, vêtu d'une robe rouge, découvert dans le bois de la Havane. Ses investigations le conduisent dans les milieux homosexuels de Cuba, il rencontre Alberto Marquès, un metteur en scène, banni dans son propre pays, qui vit entouré de livres. Ses interrogations des amis et des parents de Alexis Arayan, la victime, notamment celle de son père, éminent diplomate, vont lui révéler en même temps qu'aux lecteurs , l'ostracisme dont les homosexuels font l'objet dans l'île révolutionnaire, les méthodes du pouvoir pour harceler les milieux intellectuels et artistiques, pour surveiller la population, mais aussi la corruption et les trafics en tout genre, auxquels se livrent ceux qui détiennent l'autorité et qui sont prés à tout, même au pire pour la conserver. Dans ce troisième volume des Quatre saisons, Léonardo Padura cite des textes de différents auteurs qui traitent de l'homosexualité et des travestis. Il nous offre la première nouvelle de Mario Conde le policier qui veut devenir écrivain. En réalité, l'auteur le dit dans sa note, son personnage n'est pas policier c'est une métaphore. Il fait dire à un personnage la phrase que j'ai mise en citation. Au delà, des enquêtes policières c'est de la grande littérature, on comprend pourquoi Léonardo Padura a obtenu en Espagne le prestigieux prix Princesse des Asturies en 2015.
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On ne se lasse pas de suivre Condé dans ses enquêtes toutes pareilles et toutes différentes avec des thèmes éclectiques abordés à chaque livres ; souvent dans une Cuba nostalgique parfois passéiste que L.Padula met en valeur par l'entremise de son détective..
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C'était sans doute une mauvaise idée que de lire ce roman en plein épisode de canicule... l'atmosphère étouffante était carrément irrespirable.
J'ai bien aimé la description du contexte et certains personnages (dont el flaco et sa mère ou le chef de la police). J'ai bien aimé aussi les évocations des souvenirs du Conde ou, mieux,ceux de Marques.
Pour autant je n'ai pas été emballée par l'histoire, ni par l'enquête, ni par les états d'âme de l'enquêteur, fussent - ils sexuels et racontés par le menu (aussi détaillés que la recette de cuisine de Jose...)
Pas totalement convaincue par cette première lecture de Padura.
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Quatrième livre de Leonardo Padura à mon crédit, après Hérétiques, L'homme qui aimait les chiens et Passé parfait. Je n'ai pas respecté l'ordre chronologique de la création artistique de cet immense auteur, mais c'était peut-être pour rendre hommage à celui qui, dans ses écrits, aime jongler avec les époques, qui sait ?

Dans ce troisième polar du cycle des quatre saisons après Passé Parfait et Vents de Carême, le lecteur retrouve avec bonheur l'inspecteur Mario Conde. La même nostalgie imprègne les 256 pages de ce roman ; les amitiés indéfectibles sont plus vivaces que jamais. Voici une satire sociale d'une grande intensité pour traiter d'un sujet de fond, la répression de l'homosexualité dans Cuba des années 1970 à 1990.

Leonardo Padura dénonce sans compromis le régime totalitaire et assiste aux désillusions de la population à coup de rhum et de musique. Ses romans sont des marqueurs de la civilisation cubaine des années Castro, espérons-le, révolues à jamais. A lire et à relire.
Lien : https://akarinthi.com/mes-co..
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Une enquête de Mario Conde, flic à la Havane, fumeur et buveur de Rhum, écrivain à ces heures qui va rechercher l'assassin d'un travesti dans le monde caché de la nuit et dans les sphères que le pouvoir rejette. Nous allons croiser des lettrés bannis, des nantis, toute une faune hétéroclite.
Souvent trop érudit pour moi, beaucoup de références littéraires, sans doute très recherchées.
Un policier trop ardu pour moi.
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