Des sales gosses, il y en a un paquet dans le roman de
Mathieu Palain. Qui fuguent, qui volent, qui se battent, qui se prostituent, qui sont abandonné·e·s ou en danger. Qui jouent au foot, qui rigolent, qui doutent, qui s'aiment, qui s'emportent, qui courent, qui veulent tout casser. Malmené·e·s par les un·e·s, accompagné·e·s par les autres ; et, parfois, les deux se confondent.
Il y a notamment Wilfried, quinze ans. Son monde, c'est le foot. Son espoir aussi. Mais une rage sourde le nourrit et le conduit à frapper l'un des joueurs. Exclusion définitive du centre de formation, retour à la case cité, à la famille d'accueil – aimante cela dit –, à l'horizon apparemment bouché. Entre la situation qui se complique (c'est vague et exprès pour ne pas divulgâcher) avec sa mère biologique et la colère qui peu à peu occupe tout l'espace, c'est rien de dire que Wilfried commence à déconner sérieusement. C'est ainsi qu'il fait la rencontre de Nina, éducatrice à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (éduc à la PJJ pour les intimes). Il n'est bien évidemment pas le seul jeune qu'elle accompagne, mais une relation particulière se noue entre eux. Et franchement, ça émeut.
Hiver, nuit, retour de manif, mélange de rage et d'enthousiasme, passage à la librairie. Un roman politique mais qui fait sourire siouplé. Mots-clés sur la quatrième de couverture : éducatrice + Ris-Orangis. Qu'à cela ne tienne, emballé, c'est pesé.
L'écriture est sobre et belle et
Mathieu Palain évite les raccourcis et les écueils du misérabilisme. On sent qu'il a bien mené son enquête, qu'il nourrit de sa propre histoire. L'émotion est palpable – celle des personnages, de l'auteur et la nôtre –, le propos intelligent et l'espoir présent, juste ce qu'il faut.
Je ne sais pas si mon père y trouvera des morceaux d'enfance dans l'atmosphère et le paysage urbain, et ma soeur ce qui fait son quotidien, mais certainement j'y ai trouvé la frustration, riche et finalement assez optimiste, du mien.
Lien :
https://auxlivresdemesruches..