Un premier roman vibrant sur les rythmes d'un rap inspiré, bande-son d'une course contre la montre pour empêcher le destin de se répéter. Social et poignant,
Mathieu Palain maîtrise son sujet à travers un jeune délinquant et son éducatrice dévouée.
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« C'est le son pour les sales gosses », comme le chante Dadoo dans sa chanson du même nom. Si cette musique permet à Wilfried de s'évader de sa cité, c'est pour mieux échapper à son “passé cabossé” dans son dédale de tours et de barres enchevêtrées.
Huit mois de suspension, c'est la sanction dont il écopera pour avoir « goumé » un adversaire à terre, jusqu'à lui fracasser la mâchoire.
Huit mois, c'est aussi l'âge auquel il aura été accueilli par une famille aimante et attentive à son bon développement. Tout pour s'en sortir. La passion du ballon chevillée aux pieds. Jouer au foot, plutôt que de passer ses soirées, assis sur un banc à « buter son ennui dans des flasks de Label 5 », devant un sol jonché de clopes éventrées.
Le foot ou la « bicrave ». Sa destinée se construira à l'A.J. Auxerre, comme sa descente aux enfers. « Demain, c'est loin », chantait IAM, mais est-ce « l'empire du côté obscur » que jouait le groupe marseillais, qui tentera Wilfried lorsqu'il commettra son acte irréparable ? Huit mois de suspension, pour un joueur en formation, équivaut à l'exclusion.
« Avec la colère, des fois j'ai l'impression que je pourrais tuer à mains nues. Limite, ça me fait flipper, tu vois ? Je sens le truc monter, je me sens grave puissant »
C'est le retour à la case cité, éberlué et hébété, avec pour seule bouée de sauvetage la P.J.J., la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Un monde à part, méconnu, car ignoré. le monde de Nina, son éducatrice, que l'on va suivre ici de plus près, en « caméra embarquée », rappelant parfois l'atmosphère enlevée du film Polisse.
Un monde que
Mathieu Palain connaît bien. de père éducateur, il a toujours vécu à Ris-Orangis où il est né. Grandi du mauvais côté de la Seine, ce jeune journaliste nous offre sa vision urbaine de la « frontière sociale », dans un premier roman touchant et vibrant, scandé sur les rythmes saccadés d'un rap inspiré.