AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le Quinconce, tome 4 : La Clé introuvable (10)

" Bon, Barney et ses poteaux savaient que les clampins qui tenaient le clandé faisaient marcher leur affaire depuis un bon bout de temps, vu qu'ils avaient harnaché le cavé chez eux : au départ, on laisse le pigeon se bourrer les profondes, et tout ce qui s'ensuit. En plus de ça, Barney avait dit à Sam de s'arranger pour se faire engager à la lourde. Seulement ça, les clampins du brelan le savaient pas, forcément. Bon, les michés ont laissé tellement de plumes sur le tapis que les clampins i' nous faisaient totalement confiance, à Barney et à nous autres. Bref, toujours est-il que ce soir là Barney avait dit aux pigeons de rappliquer avec le paquet de braise, vu qu'il avait arrosé comme i' faut le croupier pour qu'il force un brin le destin... "
Commenter  J’apprécie          333
Le volet de la lanterne s'abaissa, et j'eus soudainement devant les yeux le visage le plus atrocement meurtri qu'il m'eût été donné de voir. Partout la peau était grêlée, scarifiée, les traits broyés. Du nez, il ne restait qu'une protubérance informe, et les lèvres, torses, ne découvraient que quelques chicots encore en place. Pis encore, l'un des yeux se réduisait à une cavité rouge et béante. Je m'aperçus enfin que cet être effrayant n'avait plus qu'une main, et qu'à l'autre s'était substitué un affreux crochet de fer qui sortait de la manche. Je tressaillis, me demandant à qui je m'étais livré ; j'allais jusqu'à penser que j'étais bel et bien mort et que la créature ne pouvait qu'appartenir à l'au-delà.
Sans doute mon épouvante fut elle des plus visibles, puisque l'homme me déclara, d'une voix étrangement douce :
- Pour ça, je sais bien que je suis pas Blanche-Neige, mais faut pas vous en apeurer, jeune maître.
Commenter  J’apprécie          311
Pendant ce temps j'eus tout loisir d'observer les alentours. La charrette roulait sur le côté d'une large rue déserte, pas plus pavée qu'elle n'était éclairée. Les maisons étaient plongées dans une nuit à peine trouée par un scintillement de chandelle à la fenêtre d'un lève-tôt.
Commenter  J’apprécie          290
A présent je dors très peu. A mon âge, on a besoin de moins de sommeil. Et puis, le peu de temps qu'il reste à vivre... Je vous vois sourire, mais je suis bien vieille, vous savez. Non, pas vieille, antique. Une relique d'un autre âge... Soit, mais cette nuit-là, je lisais, ici, lorsque j'ai entendu du bruit. Non, cela ne venait pas du dessous. Vous avez agi dans le plus grand silence et je n'ai rien entendu. Ce qui m'a fait tendre l'oreille venait de cet étage même. A la seule exception de Tom, la famille n'était pas ici, mais à Hougham. Il dort au premier... enfin, quand il lui arrive de rentrer ici pour la nuit. Mais je croyais savoir d'où provenait ce mystérieux bruit, car une ou deux fois je l'avais entendu au cours des précédentes semaines, et alors j'avais tout doucement ouvert ma porte et vu Mr Vamplew, qui a aussi ses appartements à cet étage, descendre l'escalier. La chose m'a semblé plutôt bizarre, et j'avais résolu de le suivre, autant que je le pourrais, s'il lui arrivait encore de quitter sa chambre la nuit. 
Commenter  J’apprécie          60
A une heure la famille s'en revenait de l'office ; on remisait l'équipage, qui était aussi de permission : le programme du dimanche après-midi ne connaissait ni promenade au parc ni visites en ville, et si quelqu'un de la famille sortait, on faisait venir de la station la plus proche une voiture de place.
Aux alentours de trois heures et demie, lorsque la famille avit pris son repas et qu'on lui avait servi le thé, prenait place à l'étage du dessous le grand événement de la semaine : le « réfectoire ». Avec les jours de fête, c'était la seule occasion pour tout le domestique – exception faite de Bessie, de moi-même et des crustacés de notre espèce – de dîner à la même table, et de se vêtir en conséquence. (…) Ces dames de la domesticité, il va sans dire, faisaient assaut d'élégance, et chez les simples servantes aussi, c'était à qui ornerait le plus coquettement de faveurs et de rubans noués sa robe de mousseline. 
Commenter  J’apprécie          20
J'essayai de me persuader que mieux valait accepter le caractère inévitable de ma situation et de mon avenir bouché plutôt que de me complaire en chimères. Mais il m'était insupportable de me dire que j'allais passer ainsi toute ma vie, que j'avais touché le fond et que là je demeurerais. Et pourtant, à quoi étais-je bon ? Ainsi que l'avait dit Mr Pentecost, un homme ne valait que le prix qu'on lui accordait sur le marché du travail, et ce prix-là, pour ce qui me concernait, était insignifiant. Ainsi ma rancoeur et mon impatience ne faisaient-elles qu'augmenter tandis que je ne voyais se dérouler devant moi qu'une existence vide et accablante. Le courroux, la haine me rongeaient, et le petit logis des Digweed me semblait une geôle. A présent je les accompagnais presque chaque soir au Pig and Whistle, où l'éclat des lumières et la rumeur me faisaient oublier pour un temps la solitude et l'obscurité des galeries. Petit à petit j'en vins à découvrir que la boisson m'était comme une libération, un exutoire et, à ma grande honte, je dois avouer que, plus d'une fois, c'était en titubant que je regagnais la maison avec les autres. Je ne savais pas très bien si c'étaient les souvenirs du passé ou la perspective de l'avenir que je tentais ainsi d'effacer de mon esprit. Quoiqu'il en fût, je trouvais refuge dans l'oubli, cette sorte de mort qui m'offrait la contrepartie de ma vie dans les égouts.
Commenter  J’apprécie          20
En plongeant, je fus saisi par le froid. Il eût été périlleux de rester immergé pendant plus de quelques minutes. A la différence de la rivière qui coulait à Twycott, cette eau-là n'avait plus rien de vivant. C'était une chose morte qui maintenant se coulait tout autour de mon corps. Je nageai vers la première arche. La tête sous l'eau, la main cherchant la culée, je remontai dès que sous mon doigt je sentis son arête. J'avais espéré que le pourtour de la trappe, qui devait se trouver à grande hauteur, laisserais percer des rais de lumière, mais l'obscurité était toujours totale.
Commenter  J’apprécie          10
Il appartenait à une "loge", entendez une confrérie de buveurs et noceurs qui s'étaient eux-mêmes surnommés les Mohicans. Il perdait de fortes sommes aux dés, dans un établissement du nom d'Almacks, à Pall Mall, où la mise la plus basse était de cinquante livres.
Commenter  J’apprécie          10
Chaque jour m'apportait sans doute un surcroît de besogne, car la sensation de fatigue que j'avais éprouvée au début, loin de s'atténuer avec l'entraînement, ne faisait qu'annihiler ma résistance. Depuis l'enfance, je souffrais d'une constitution qui laissait à désirer, et je vivais en permanence dans la crainte de tomber malade. 
Commenter  J’apprécie          10
En confondant les époques et en me prenant pour un autre, il m'avait carrément plongé dans un passé qui me rendait, j'en étais convaincu, dépositaire de secrets que je ne partageais maintenant avec nul autre au monde que lui. Je savais désormais que le testament dérobé après la mort de Jeoffrey Huffam avait bel et bien existé, et que c'était son homme de loi, le sieur Paternoster, qui l'avait escamoté pour le vendre aux Mompesson. (…) Ce qui me tracassait, c'étaient les raisons qui avaient poussé les Mompesson à conserver ce document, puisque ses clauses les dépouillaient. Sans doute était-ce pure négligence, qu'ils s'empressèrent de réparer par la suite...
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (181) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3204 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}