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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avant-propos - Je suis un fan inconditionnel de Jean Becker, cinéaste : « L'été meurtrier, La tête en friche, Les enfants du marais, Effroyables jardins »… sont les films que je préfère dans l'oeuvre de cet homme d'une grande sensibilité.
Néanmoins, il y a aussi « Elisa » et c'est ici ma référence pour vous attendrir, vous émouvoir comme j'ai été intensément troublé lorsque cette mère, accablée par la vie, va étouffer avec son oreiller, son enfant afin de lui éviter la misère.
Cette scène impromptue d'une violence rare m'a, en son temps fortement marqué.

Quelques films et livres plus tard…
Grèce, début du siècle dernier. La vieille Yannou veille sa petite fille et s'interroge : comment échapper à l'indigence, au dénuement à la souffrance ? Et puis des filles toujours des filles.
Elles ne manqueront à personne, elles ne pleureront plus, ne seront plus un fardeau…
On doit la comprendre, c'est pour leur bien, le bien de toutes et de tous, elle fait le bien !
« C'est toi qui nous as fait naître, qui nous as mises au monde.- Elle nous a mises… dans l'autre monde. »
La vieille assume, recommence encore, chez des voisins, chez des bergers. Elle les délivre. C'est irraisonné, ça devient incontrôlé, presque inconscient. Ses mains glissent et serrent.

Souvent les remords vous rattrapent bien avant la police, et les étoiles dans le ciel n'arrivent plus à calmer votre esprit, ni les odeurs du maquis, ni la beauté du bleu de la mer.
Les bleus sont à l'âme, même la fuite ultime ne suffit pas, la tête reste sur les épaules même si les jambes vous emporte dans de vierges territoires.

Moralité… c'est immoral ! C'est bien écrit, très bien écrit, si bien qu'on réfléchit, qu'on rumine, qu'on gamberge…
La compassion pour Yannou, tellement naturelle dans sa démarche m'effleure, mais ma gorge se noue et je sens très vite ses doigts qui me serrent.
« La mort devait être le meilleur des sommeils. » Qui peut dire…

Ferme le livre vite, mais après l'avoir lu.
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Ce roman , les Petites Filles et la Mort a été écrit en 1903 et a comme titre original La Meurtrière .

Dans la Grèce du début du vingtième siècle, rien n'a vraiment changé dans les moeurs , la pauvreté règne dans les campagnes et le sort des femmes y est peu enviable .

Yannou, une femme âgée , veille le dernier né de sa fille ainée, une petite fille de quelques jours qui est déjà entre la vie et la mort .
Ces heures passées dans l'obscurité d'une petite pièce entrainent chez Yannou des réflexions sur sa vie de servitude entre ses parents puis son mari et maintenant ses enfants et le peu d'espoir d'une vie heureuse quand on nait fille, sans compter la dot que devront fournir les parents et elle aboutit dans la demi conscience de ses nuits sans sommeil à l'opportunité d'abréger cette vie sans avenir de petite fille et la galère de la mère de mettre au monde des filles . le geste suit rapidement la pensée et elle étouffe le bébé.
Yannou qui connait bien les plantes sauvages , elle est guérisseuse et faiseuse d'anges, parcourt la montagne avec son panier , elle croise donc souvent des petites filles jouant devant les bergeries , l'occasion est facile alors de les faire tomber dans les puits et de poursuivre ainsi ce qu'elle pense être sa tâche, un devoir qui lui est imposé même si l'effroi de son geste l'obsède et si ses nuits sont hantées par les fillettes qui l'appellent .

Terrible constat d'impuissance devant le sort si ce n'est de donner la mort pour abréger des vies innocentes , la meurtrière devient une femme aux abois et le lecteur est tiraillé entre l'horreur de ses actions et l'empathie vers cette femme profondément malheureuse et qui croit faire son devoir .

Une magnifique description de la condition féminine dans cette Grèce au bord du changement .
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La Grèce c'est les îles.
Elles ont l'air simples et accessibles mais elles recèlent mille et un vallons, grottes, éboulis, collines, minuscules monastères, torrents, plages cachées, un milieu idéal pour les bergers et les rebelles,.
Si en plus on remonte dans le temps jusqu'au 19e siècle, alors nous sommes réellement transportés dans un autre monde.
C'est cette sensation de familiarité et d'étrangeté que l'on éprouve à la lecture de roman du grand écrivain grec Alexandre Papadiamantis.
Il est difficile d'imaginer les conditions de vie dans ces villages retirés. La misère, la lutte pour la survie et la rapacité qui en découle, et les traditions qui finissent de rendre la vie impossible. Il y a de quoi sombrer dans la folie. Et c'est ce qui arrive à la vieille Khadoula, appelée Francoyannou, à la fin d'une vie de privations et d'acharnement. Les conséquences en seront tragiques. Mais entretemps nous faisons connaissance avec divers personnages dont les histoires tracent un portrait de la communauté. Un roman prenant, qui explore l'âme humaine confrontée à l'extrême dureté.
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Je ne sais pourquoi, mais ce livre m'a fait penser d'un bout à l'autre à Accabadora de Michela Burgia. La même atmosphère d'un village perdu dans les campagnes méditerranéennes où la trop forte natalité, surtout lorsqu'il s'agit d'enfanter des filles, est un problème récurrent. Le même personnage de sorcière faiseuse d'anges. Sauf que ce livre-ci a été écrit bien avant et nous relate la difficulté d'être femme et mère dans des pays où les hommes sont ou absents parce que partis tenter leur chance et leur avenir ailleurs au loin, ou présents, mais clairement, on s'en passerait. Quel vide que ces vies !

Un écrivain grec reconnu dans son pays comme un tout grand. A découvrir certainement.
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Alexandros Papadiamantis est un écrivain grec majeur du 19ème siècle très croyant, de religion orthodoxe, caractère que l'on retrouve dans "Les petites filles et la mort".

Ce roman raconte une histoire assez sordide, celle de Khadoula veuve de Yannis Francos, une sexagénaire grecque qui se sent investit d'une mission divine. Elle est poussée à supprimer les petites filles pour leur éviter de souffrir plus tard en raison de leur condition féminine.
Celle que l'on nomme Francoyannou a eu sept enfants, trois filles et quatre garçons, et elle voit la différence y compris par sa propre expérience. Elle s'indigne face à l'obligation de donner une dot au mariage d'une fille surtout dans les familles pauvres trop nombreuses.

Une nuit, elle étrangle sa propre petite fille, bébé qu'elle veillait pourtant consciencieusement. Puis elle supprime les deux petites de trois et cinq ans de Jean Périvolas dont la femme est malade.
La spirale est enclenchée malgré les dévotions de Francoyannou.
Recherchée par les gendarmes, elle fuit dans la montagne, sur le haut plateau des Kambia puis au Malvallon où se trouve la Grotte Noire.
Mais la vie de recluse est difficile et le chemin laborieux pour faire pénitence à l'ermitage de Saint-Sauveur.

C'est un texte un peu trop basé sur la religion à mon goût mais audacieux pour l'époque (il date de 1903) car il aborde la condition des femmes grecques à la campagne de façon tragique malheureusement.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge XXème siècle 2023
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C'est une Grèce presque idéale. Sur une île de la mer Egée - on voit au loin les monts de Thessalie et de Macédoine -, les oiseaux pépient et la nature semble immortelle. Renaissant tous les jours, elle distille ses merveilles et offre, au lecteur comme aux personnages du roman, une harmonie fragile et sublime à la fois. Et pourtant : près d'un foyer, dans une modeste maison, une grand-mère veille sur sa petite-fille, nouvellement née. La petite tousse sans cesse, et cette toux lui arrache des pleurs, et la mort rôde dans la maison. La mère se remet longuement de son accouchement, le père s'en va travailler de bon matin. Khadoula, dite aussi Francoyannou, la grand-mère, passe donc ses nuits sans sommeil à surveiller le petit corps. Durant ces longues nuits, elle se remémore sa vie de femme. Mariée à un homme avec qui elle engendra sept enfants, elle n'eut qu'une misérable dot de la part de ses parents. Bientôt spécialistes des herbes et de leurs vertus médicinales, elle se mit à soigner les habitants de son île de breuvages dont elle a le secret.

Traînant comme un boulet sa dot et l'absence de considération que celle-ci signifiait, Khadoula voit dans la progéniture féminine un malheur tant pour la famille que pour les femmes elles-mêmes. Face à des hommes inconséquents et pourtant tout-puissants (ainsi son mari, ou son gendre Constandis ou, pire encore, son fils Mitros), dont il faut s'occuper aussi bien que respecter la parole et craindre les coups, la femme est soumise à rude vie. le mariage est le summum de cette vie difficile : car pour être mariée, une femme doit apporter une dot ainsi qu'un trousseau. Les femmes de cette époque, en Grèce, ne disaient-elles pas, quand l'une de leurs congénères perdait sa fille nouvellement née, que c'était là un moindre mal, comparé à ce qu'il aurait fallu faire pour assurer à la petite un avenir à peine digne ?
Francoyannou va tuer ces petites innocentes qu'elle rencontre, à commencer par sa petite-fille. Est-ce folie ou force de conviction ? Est-ce bonté d'âme ou psychopathie terrifiante ? La simplicité des crimes glace et effraie. Dans ce monde de la petite enfance, monde féminin exclusivement, Francoyannou est doublement respectable : par son âge et par son statut de guérisseuse. La vieille femme tue pour délivrer : l'enfant d'une vie qui commence mal, ou qui ira mal tôt ou tard, et la famille qui est déchargée ainsi d'un poids terrible.

Pour ces petites qu'elle tue, Francoyannou est tout à la fois une mère et une divinité en charge de leur destin. Comme dans la tragédie grecque, les petites filles sont confrontées au destin tout-puissant qui les manipule pour les éprouver. Les petites filles ne peuvent rien, physiquement, contre la volonté meurtrière de Francoyannou. Cela dit, dans le paradigme chrétien, la mort n'est que le commencement d'une seconde vie : éternelle et douce à ceux qui auront plu à Dieu. Ainsi, les prenant encore innocentes, Francoyannou leur offre la vie éternelle : en cela elle est une mère pour elles, les faisant naître dans l'autre monde, ce que rappellent les rêves étranges de la vieille femme.

On aurait cru à une Grèce idéale : ses monastères isolés, ses grottes où la mer rentre à peine, ses bergers de montagne. Ce serait oublier l'homme, sa folie et ses misères. A l'aune de la condition féminine, exemple particulièrement pertinent et frappant, Alexandre Papadiamantis engage une réflexion sur le renoncement le plus total, sur le poids de la vie et sur la fatalité.
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Un récit sombre et poignant qui ne laisse pas indifférent. le décor rude et sauvage des îles grecques à la fin du XIXe siècle est le parfait écrin de cette histoire.

La vieille Yannou veille sa petite fille malade. Elle se souvient alors de sa vie de femme, de la servitude, de la pauvreté et se demande si chaque petite fille, en plus d'être un poids financier pour sa famille du fait de la dot à fournir, n'est pas condamnée à une vie de soumission et de labeur. Ses réflexions l'amèneront à commettre l'irréparable.

J'ai adoré découvrir les îles grecques à cette époque, très rurales et isolées. Les paysages abruptes, le vent, le bruit des vagues, les maisons blanches, tout cela est magnifiquement retranscrit, c'est très immersif. J'ai aimé suivre cette famille de "sorcières" atypique et haute en couleur. L'histoire est très prenante. Il est impossible de ne pas s'attacher à Yannou malgré ses actes, malgré le cas de conscience qu'elle pose et le malaise voire le dégoût que ce personnage peut inspirer. le livre pose de véritables questions sociales et j'imagine à quel point il a pu choquer au moment de sa publication (1903).

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Tu sais minou je viens de lire l'histoire de Khadoula, qu'on appelle aussi Francoyannou, enfin Yannou c'est toi qui choisis ce que tu préfères et en fait le titre en français il est pas très correct même si on s'en branle un peu parce que du coup je trouve que le parti pris de l'éditeur est quand même assez noble (en fait en grec le titre c'est La Meurtrière)

(ça veut dire que quand tu lis le roman en grec tu places déjà le personnage principal en tant que coupable alors que tu sais même pas son histoire, c'est important même si ok des fois c'est juste de la branlette auto-introspective-personnelle de ma part mais tant pis).

Tu vois Yannou c'est une vieille femme grecque et genre, Alexandre Papadiamantis il dit comme ça que Yannou « Jeune fille, elle avait été la domestique de ses parents. Une fois mariée, elle était devenue l'esclave de son mari - et pourtant, par l'effet de son propre caractère et de la faiblesse de l'autre, elle était en même temps sa tutrice. Quand ses enfants étaient nés, elle s'était faite leur servante ; et maintenant qu'ils avaient à leur tour des enfants, voici qu'elle se retrouvait asservie à ses petits-enfants. »

Ça te pose le cadre. Genre déjà y'a une voix qui s'élève je trouve et qui dénonce la condition de la femme et de son objetisation dû à son corps. Et ça j'ai trouvé ça hyper cool de la part d'un garçon si tu veux tout savoir surtout que le texte il date de quand t'étais pas né, même le plus vieux de tous les vieux tu vois et ça veut dire que Papadiamantis - AAAAAH JE KIFFE CE NOM DE FAMI - il a écrit ça en 1903 donc tu vois les garçons qui disent que c'est juste des lubies à la con ben en fait non trouduc'.

Maintenant que t'as un peu le portrait du personnage principal et du contexte, t'es prêt à suivre l'histoire d'une femme qui pour limiter les conditions de vie déplorables des femmes à l'époque quant aux mariages et aux naissances et aux dots et mets ici n'importe quoi qui puisse oppresser parce qu'on réfléchit vraiment pas assez quand on fait des lois ou des coutumes si tu veux mon avis. Bref pour limiter ça en fait Yannou elle va péter les plombs. En tuant sa petite-fille en l'étouffant. Et comme elle devient un peu cinglée bah elle va pas s'arrêter là.

Et pendant tout le bouquin t'as sa vision des choses sur l'avortement, sur le poids qu'on fait porter aux femmes à tenir un foyer, des enfants et aller bosser tout ça en même temps alors qu'en gros les garçons tout ce qu'ils ont à faire en fait c'est travailler et jouer avec les gosses.

En fait Yannou pour éviter aux futures femmes de se sacrifier elle sacrifie des enfants qui sont pas à elle. Mais comme elle a été élevé dans la religion elle se dit que ce qu'elle fait c'est pas très catholique quand même alors elle doute.

Et ça commence à se faire remarquer les enfants qui meurent alors y'a des courses poursuites avec les flics dans les décors de la Grèce que moi je connais juste dans les jeux vidéos avec Assassin's Creed et dans 300 alors tu vois c'est limité. Ah et t'as aussi des interactions avec l'Eglise et pour le coup y'a un petit côté drôle sur les institutions clairement patriarcales et ça te fait pas mal réfléchir sur comment on a pas avancé du tout sur certains point aujourd'hui.

C'est pas vraiment léger hein, j'ai entendu parler de ce bouquin quand j'ai lu le Sorcières de Mona Chollet et ça m'avait piqué ma curiosité. J'ai pas l'habitude de la littérature grecque ni de leur façon de raconter les histoires ou la culture super différente de la mienne. C'est déroutant un peu. Comme dans les films d'Emir Kusturica j'ai trouvé où t'as de l'absurde, beaucoup de drama déguisée en comédie histoire de te dire que ce qui arrive c'est grave mais on va lui montrer à la vie qu'on peut la niquer un peu aussi à notre tour.

Ça vaut largement le coup si tu veux tout savoir, ça fait évoluer aussi sur la façon dont on aborde les femmes âgées, à vouloir les cantonner dans des rôles de grands mères gentilles et les réduire à juste faire des confitures ou être gâteuses avec les gosses.

En fait plus j'en parle et plus j'ai aimé. Ça te fait pas ça des fois à toi aussi ?

BON LIS LE JE SAIS PU QUOI DIRE.

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Dans la Grèce antique, les petites filles naissantes étaient souvent assassinées en les jetant du haut d'une falaise. Des siècles plus tard, leur sort était encore soumis à la subordination des hommes, et leur mariage conditionné à l'allocation d'une dot, ce qui devenait souvent impossible quand les naissances de filles étaient nombreuses dans la famille.
La vieille Yannou est au chevet de sa petite-fille, âgée de quelques jours à peine et déjà gravement malade. Au fil des heures de veille durant lesquelles elle se remémore sa vie passée, elle découvre qu'elle n'a jamais vécu que dans la servitude. Elle se persuade alors que son devoir est de délivrer - par tous les moyens - les petites filles de l'enfer qui les attend. Ecrit en 1903, Les Petites Filles et la Mort (dont le titre original se traduit par La Meurtrière), est le maître livre de Papadiamantis. Dans une tragédie qui va bien au-delà du tableau de moeurs, il propose une réflexion sur la condition féminine qui se révèle d'une inquiétante modernité car la réalité, dans quelques parties du globe est encore d'actualité, dont l'Inde, où les sacrifices de filles font basculer la démographie du pays.

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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