Lire un roman d'Alexandros Papadiamantis, c'est voyager dans le temps et dans l'espace. C'est découvrir un univers poétique enchanteur. Dans tous les cas, moi, j'ai été complètement conquis. La Grèce, les belles iles de la mer d'Égée, qui n'en rêve pas ? Et je ne pense pas à ces destinations touristiques couteuses mais plutôt de ces ilots rocheux frappés par les vagues, sur lesquels des s'élèvent les chaumières de pêcheurs et un monastère. Et peut-être même s'y trouve-t-il une oliveraie où des brebis se promènent. Il y a plus de 150 ans, ce paysage idyllique n'était pas encore ruiné par la modernité.
C'est à cette époque que se situe les deux nouvelles qui composent ce bouquin : Gardien au lazaret ainsi que Les rivages couleur de rose. Mais, si le paysage est idyllique, l'histoire des gens qui s'y trouvent l'est beaucoup moins.
La première nouvelle traite d'une pauvre vieille femme, prête à tout pour apporter son aide à son fils unique, se porte volontaire et devient gardienne au lazaret installé sur une ile près de son village. le choléra était encore une menace sérieuse à l'époque, et Skévo Gialis était complètement crédible, émouvante.
Dans la deuxième, quatre hommes prennent la mer et discutent de leurs amours difficiles. Cette nouvelle, malgré son ton anecdotique qui m'a un peu moins interpelé, abordait tout de même plusieurs des thèmes de Papadiamantis qui me sont chers, comme l'exil, la mort, mais aussi la vie, le mariage, toute cette société.
Alexandros Papadiamantis ne met jamais en scène des épopées grandioses, ses personnages ne sont pas des héros, du moins, pas dans le sens traditionnel. Ils n'accomplissent pas des hauts faits d'armes, non, ils sont ordinaires (parfois même, des exclus) mais il ne faut pas les croire inintéressants. Ils vivent près de la nature, dont ils observent les signes, et saisissent la fragilité de la vie. Incidemment, ils en profitent pleinement, ne tergiversent pas. Qu'il faille risquer sa vie, fuir, ou même agir par cupidité, ils le feront. C'est la vie en condensé !
C'est cette touche d'humanité qui me plait chez Papadiamantis, ses thèmes et son écriture par-dessus tout. Elle est toute en contradiction, à la fois réaliste et poétique, sincère et évocatrice. Sans oublier précise, j'ai dû consulter le dictionnaire èà quelques reprises mais, pour de si beaux mots, ça valait le coup. Tout est parfait ! (À l'exception peut-être de ses dialogues que je trouvais parfois un peu répétitif mais ils me rappelaient tellement les choeurs des tragédies antiques que je le lui pardonne.) Il est seulement dommage que si peu de ses oeuvres aient été traduites…
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- Rendez service à vos concitoyens, ça vous retombera toujours sur le nez.
Le choléra peut tout contaminer, seul l'argent reste indemne.