Alors que "
Celle qui devint le soleil" est visiblement un livre fort médiatisé, j'ai découvert ce dernier un peu par hasard, dans ma quête de me remettre un peu plus sérieusement à la lecture de roman.
Cependant je dois avouer que je n'ai pas été totalement convaincue par ce livre. le problème résidant selon moi dans son personnage principal.
Sans être complètement détestable, Zhu n'est pas un personnage appréciable. On ne s'attache pas spécialement à elle. Sa conviction dans son « destin », bien que usurpé à son frère, lui donne une sorte de suffisance tout au long du roman qui la détache des autres personnages. Tout ce qu'elle entreprend se solde par sa victoire, même ses échecs sont en réalité des victoires en devenir (parce qu'elle devait échouer pour se révéler à elle-même etc.). Ce qui en soi, est un écueil propre à ce genre de roman, où le personnage doit affronter des épreuves pour mûrir, mais là, de part sa foi dans le destin prévu par le Ciel, cela donne le sentiment d'une liste de deus ex machina : elle se réussi pas parce qu'elle devient plus forte, mais parce que c'est la volonté du Ciel.
A tout prendre, j'ai préféré le traitement de l'antagoniste, le général Ouyang. S'il apparaît d'abord comme un suiveur d'ordre assez cruel, son passé et son destin vont être distillé tout au long du roman, au point qu'on en vient presque à lui souhaiter d'accomplir son fameux destin, même si ce dernier causera sa perte, là où le destin de Zhu est une telle évidence, (pour elle comme pour le lecteur), qu'on attend simplement de le voir venir. Les autres personnages sont assez creux, soit ils sont des outils pour que Zhu atteigne la grandeur, soit ce sont des matérialisations des étapes à franchir : Zhu prend un à un leur place pour atteindre le sommet de la chaîne.
Le roman reste tout de même assez plaisant à lire, le style est assez maniéré, mais fonctionne bien avec le décorum des dynasties chinoises, par exemple l'usage des tournures à la troisième personne pour parler de soi ou l'emploi d'adjectifs péjoratifs pour se diminuer et ainsi mettre en avant son interlocuteur « Cet indigne moine vous prie de... » de même, l'auteur utilise énormément d'images et de métaphores pour retranscrire l'ambiance de son roman, ce qui là encore vient bien souligner l'atmosphère pesante pleine de machinations et de traîtrises.
Dommage cependant que la dernière partie soit un peu compressée, l'intrigue s'enchaîne très rapidement dans une succession de scènes courtes du genre : « Eux ils ont gagnés. Eux, ils ont perdus. Lui en fait c'est un traître, Grandeur. FIN »