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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Incroyable de penser qu'une personne du talent de Mrs Parker soit morte seule et pauvre dans une chambre d'hôtel. Ses opinions politiques et son goût pour l'alcool en sont sans doute la cause.
Mais pourtant quelle écriture! Je ne connais pour l'instant que ce recueil mais j'ai eu grand plaisir à le lire.
Ces seize nouvelles ont en commun l'absence de réelle communication. Que ce soit dans ce couple apparemment si uni, si parfait de la nouvelle par laquelle s'ouvre le recueil (Quel dommage !). Couple dans laquelle l'absence de conversation est telle que chacun vit dans un décor qui lui déplait mais qu'il accepte puisqu'il plait à l'autre. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'attendre plusieurs années de mariage pour n'avoir rien à se dire ou pour ne se parler qu'en attribuant un sens désagréable à toute parole de l'autre (les sexes, la vie à deux). Certaines nouvelles ne sont d'ailleurs que des monologues, comme le coup de téléphone où une jeune femme marchande avec Dieu pour que l'homme qu'elle aime lui téléphone, ou encore Les deux amies dans laquelle on ne connaît les réponses de l'une des deux que par les paroles de l'autre qui ne tient d'ailleurs aucun compte des paroles de son amie, persuadée qu'elle est d'avoir raison. La communication passe parfois aussi par la manipulation (le merveilleux vieux monsieur).
Si l'on est généralement dans la bonne société new yorkaise, on voit parfois aussi l'envers du décor avec la bonne noire qui élève seule son petit-fils aveugle (vêtir ceux qui sont nus). C'est la nouvelle dont la chute m'a parue la plus cruelle.
Et la bêtise n'est jamais loin (Arrangement en noir et blanc).
Non seulement ces tranches de vie nous interpellent par leur réalisme mais le style ironique sans lourdeur est un régal. On voudrait citer presque tout le livre.

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Du mari aveuglé par l'amour qu'il porte à sa femme : "La maternité n'avait rien ajouté à la beauté de Camilla pour la simple raison que la perfection n'a pas besoin d'adjuvant.", à la jeune femme attendant fébrilement l'appel de son amoureux : "Ce n'est pas grand chose et cela vous coûterait si peu, mon Dieu, si peu ! Mais faites seulement qu'il téléphone. S'il vous plaît, mon Dieu, s'il vous plaît.", à la femme ayant adopté un enfant pour se donner bonne conscience et se faire bien voir de ses amies : "Mme Matson l'avait choisi, selon ses propres termes, dans la meilleure maison de New York. Cela ne surprit personne. Mme Matson allait toujours dans les meilleures maisons quand elle faisait des achats. Un enfant se choisissait comme le reste : il fallait qu'il fût solide et durable.", à la jeune épousée formulant une promesse aussi rêveuse qu'inaccessible : "Quand je pense à tous ces gens qui se marient et puis qui gâchent leur vie en se disputant pour des riens. Oh, je ne veux pour rien au monde ressembler à ces gens-là, chéri. On sera différents, nous deux, n'est-ce pas ?", Dorothy Parker décrit avec une plume acide tous ces portraits de couples, de la vie à deux.
Si je qualifie sa plume d'acide, ce n'est pas parce que l'auteur exagère le trait et laisse transparaître ses frustrations, mais bien au contraire parce qu'elle porte sur tous ses personnages un regard extrêmement clairvoyant et juste, et ils ne sont pas sans nous rappeler des personnes que nous connaissons, ou dont nous avons simplement croisé la route, voire ils sont l'écho de notre propre personne.

Ce recueil de nouvelles ne contient que des pépites, les histoires sont toutes plus réalistes les unes que les autres et abordent à peu près toutes les situations de la bourgeoisie New-yorkaise dans le milieu du vingtième siècle.
Les femmes présentes dans ce recueil sont toutes plus ou moins à la dérive, certaines se consolent dans l'alcool, d'autres dans des fêtes ou dans leur cercle d'ami(e)s, elles sont exigeantes voire pénibles, cherchent querelle pour un rien, sont jalouses et envieuses comme des tigresses; quant aux plus jeunes il est facile pour le lecteur de deviner ce qu'elles deviendront par la suite.
Certaines arrivent à être attachantes, comme cette ex reine de beauté qui cherche à retrouver ses illusions dans l'alcool, d'autres ne le sont à aucun moment et m'ont été antipathiques du début à la fin de la nouvelle, particulièrement cette femme riche ayant adopté un enfant et qui au final le dresse plutôt qu'elle ne l'élève et le montre tel un animal de foire plutôt qu'elle ne l'aime.
Quant aux hommes, je n'ai pas trouvé qu'ils avaient le beau rôle, loin de là, ils sont plutôt présentés comme lâches, fuyant leurs responsabilités pour mieux retrouver leur maîtresse ou alors ils s'écrasent devant la femme qu'ils aiment.
Et puis, c'est sans doute l'une des plus grandes forces de ce livre, tous ces petits ratés de la vie conjugale mis bout à bout forment une comédie désopilante que j'ai pris grand plaisir à lire.
Dans ce livre le couple vole en éclat mais c'est une jouissance que de lire cette explosion savamment orchestrée par l'auteur.

Toutes ces nouvelles ont un point commun : elles se passent à New-York ou dans sa proche banlieue.
La ville de New-York est à mon avis un personnage à part entière de ce livre tant elle est présente dans les propos des personnages et tant son agitation, sa réputation sont présentes en toile de fond dans le récit.
A New-York, ce n'est pas vivre qui compte, mais paraître : "Si vous voulez mon avis : à New York vous ne faites qu'exister; ici, on vit.", et si cela était déjà vrai lorsque Dorothy Parker a écrit ce recueil cela l'est tout autant aujourd'hui.
New-York est une présence constante dans ces nouvelles et les enrobe de façon à y laisser son empreinte.

"La vie à deux" n'est pas une ode au couple, loin de là, mais ce n'est pas non plus du cynisme ou de la méchanceté ou de l'aigreur, c'est uniquement le reflet de la réalité dépeint par l'oeil et la plume acérés de Dorothy Parker; et c'est juste un pur plaisir et moment de bonheur que de lire ce livre et pour ma part, de découvrir également cette auteur.

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Un adjectif convient pour décrire ce recueil de nouvelles : décapant. Aucun autre ne peut mieux le définir. Je pourrai bien sûr détailler chaque nouvelle ou plutôt les décortiquer, mais je ne veux surtout pas gâcher le plaisir de lecture que vous pourriez ressentir en lisant ce recueil, je préfère essayer d'en détacher les lignes fortes.
Tout d'abord, la vie à deux qui donne son titre au recueil et à une nouvelle qui met en scène des jeunes mariés, dont je ne suis pas sûre que le mariage dure longtemps. En effet, ils viennent tout juste de s'unir (ils partent en voyage de noces) et déjà.... Non, ils ne sont pas en train de se disputer, c'est beaucoup plus subtil, elle lui assène des reproches avec un raisonnement si tordu que, qu'il acquiesce ou qu'il récuse les propos de sa jeune femme, il est pris au piège et se retrouve coupable d'une longue liste de forfaiture. La vie à deux n'est pas toujours le mariage mais une liaison amoureuse où la femme est trop souvent en position de faiblesse face à un homme moins prisonnier des convenance, moins inquiet à l'idée du temps qui passe. Quand je dis "liaison amoureuse", je n'oublie pas l'intérêt financier : à défaut d'un mari, la femme cherche un homme qui puisse l'entretenir, pour un laps de temps plus ou moins long.Certaines situations sont presque intemporelles. Je pense notamment à l'héroïne de la deuxième nouvelle, qui se ronge les sang pour savoir si oui ou non elle doit rappeler l'homme qu'elle aime, qui devait la rappeler et qui ne la rappelle pas.
Des enfants ? Ils ont peu présents. Il vaut mieux avoir un bel appartement. le bienheureux papa de la nouvelle La jument précise qu'il n'aura pas de deuxième enfant, quand il voit dans quel état de langueur sa tendre épouse se trouve après cette naissance (et le narrateur de souligner perfidement que sa femme est exactement comme d'habitude) et quel désagrément de devoir supporter une infirmière d'une grâce toute chevaline dans leur demeure.
Les domestiques ? Certains sont noirs, comme la blanchisseuse courageuse de Vêtir ceux qui sont nus, qui élève seul son petit fils aveugle. Leurs conditions de vie ne sont pas douloureuse, non, puisque leur patronne, toute en générosité consent à les employer de temps à autre, et même, dans un accès de générosité, à les réemployer quand ils ont osé avoir d'autres occupations (veiller sur un nouveau né aveugle) que de laver, repasser et raccommoder un linge de grande qualité. Je vous rassure : être un artiste nègre... Oh, pardon, un artiste noir est bien plus facile. Il suffit de supporter la condescendance et la commisération de certaines personnes. Les autres préfèrent ne pas être dans la même pièce que vous.
L'action se passe à New York, bien sûr. Il est impossible de vivre ailleurs. Si votre mari est muté ailleurs, eh bien, le divorce n'est pas fait pour les chiens, mais pour les grandes blondes qui noient la vacuité de leur existence dans l'alcool.
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Son style éblouissant, et son sens de l'observation lui ont fait gagner ses lettres de noblesse, notamment avec cette "Vie à deux" où malgré cette peinture de la vie de couple l'amour est presque totalement absent. La rancoeur, l'ennui, la solitude, les désillusions en revanche sont le lot de ces femmes et de ces hommes, coincés dans leur vies monotones et étriquées. Les femmes noient leurs chagrins et leurs désillusions dans l'alcool, sont le plus souvent sottes et bornées, les hommes sont veules, égoïstes et lâches. Et avouons-le, l'époque à laquelle se passent ces histoires est sans importance, ces personnages, nous les connaissons. Il y a un peu de nous, ce sont nos voisins, nos amis, c'est notre société actuelle car enfin, l'humanité change si peu...
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Un homme de lettres du 19eme siècle avait dit : " un couple est une réunion de deux personnes qui font rarement la paire"...

Dorothy Parker nous le prouve...

Remarquablement...

Comment peut-on imaginer qu'une aussi belle plume, que Dorothy Parker ait pu tomber dans l'oubli ?...

Qu'elle est vécu dans l'insouciance et le luxe de son époque, qu'importe !....
Son talent est indéniable...
Et ses personnages si réels et si -malheureusement- actuels...

Les femmes de Parker sont "frivoles" mais imprégnées de liberté. Elles refusent l'autorité masculine mais hésitent à vivre sans. Elles aiment sans détour et attendent de l'être en retour, sans espoir...
Elles semblent libres de leur sexualité mais leur sexualité en est elle libérée pour autant ?

Pure merveille que ces nouvelles que je vous invite à découvrir, seul (e), autour d'un thé ou d'un bourbon - sans glace-
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Au hasard de mes pérégrinations sur Instagram, j'avais noté le nom de Dorothy Parker, dont je ne connaissais rien. Contemporaine de Fitzgerald, elle écrivait des chroniques pour des journaux et des nouvelles. La vie à deux est un recueil de quelques unes d'entre elles, tournant principalement autour de la thématique du couple. L'écriture est piquante et légère, les situations cocasses tout en étant tellement banales. Car même si elle a surtout écrit entre les deux guerres mondiales, il y a des petits bouts de nous dans tous ces personnages qui peuplent son univers : les jeunes mariés se bouffant déjà le nez pour des broutilles, la femme qui attend désespérément un appel de son amant qui semble la délaisser, une femme qui menait une vie légère avant de se marier un peu trop vite avec un homme qui bientôt la déteste, l'abandonne et qui la laisse sombrer dans la dépression... Parce que la vie à deux n'est pas toujours un fleuve tranquille Alors mieux vaut en rire en lisant l'incisive et pétillante Dorothy Parker. Une très belle découverte servant de piqûre de rappel : les nouvelles c'est quand même génial !
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La vie de Dorothy Parker est assez singulière ; ses écrits eurent beaucoup de succès avant de tomber dans l'oubli, elle côtoya les plus grands de l'Amérique du XXe avant de sombrer dans l'alcoolisme et de terminer sa vie dans une totale solitude.

J'ai beaucoup aimé l'humour noir et la satire qui ressortent de ce recueil de nouvelles. Attention, il faut aimer l'humour un peu grinçant puisque l'humour devient "la politesse du désespoir". Les scènes présentées sont comme des esquisses de la vie quotidienne. Les destins des personnages sont assez tragiques et misérables, mais l'écriture est très agréable et les dialogues sont fantastiques, comme dans "Quelle soirée formidable !" où un buveur se rend compte des faux-pas qu'il a fait la veille suite à quelques verres de trop.

J'ai préféré les nouvelles qui se rapportent au couple ; celles se rapportant à un autre type d'amour, un amour familial entre une grand-mère et son petit-fils sourd par exemple, étaient trop violentes.

Une belle découverte !
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Dorothy Parker, bien connue pour son esprit caustique, figure littéraire majeure de l'Amérique de la première moitié du XXème siècle, nous offre ici un festival de nouvelles qui se conjuguent en une fresque, mordante et pleine d'humour, de la haute société new yorkaise de son temps. Elle nous donne à voir in situ, dans le bel écrin des salons new yorkais, l'incommunicabilité entre des êtres censés être proches, mari et femme, amant et maîtresse, amies de toujours, enfants rassemblés autour d'un vieux père mourant, fils adoptif censé tout avoir, sauf l'essentiel, l'amour de ses parents. Elle nous donne à entendre de manière indirecte, mais d'autant plus efficace qu'elle semble laisser les êtres se mettre eux mêmes en scène, le drame quotidien qui se joue, sans cesse répété : l'aveuglement des uns sur les autres (et inversement), le manque d'empathie affleurant sous une politesse de convenance glacée, les lourds silences résultant du manque d'intérêt pour autrui, l'enfermement irrémédiable des êtres, l'incapacité d'être soi, le carcan des conventions sociales et de la respectabilité, le racisme ordinaire drapé dans les couleurs de la vertu (Arrangement en noir et blanc).
Et si les langues se délient parfois, c'est pour faire place à de grands moments parodiques ; face à ces non conversations, à ces professions de foi trahissant les travers des locuteurs, leur médiocrité et leur handicap affectif, on regretterait le silence, si ce n'est que l'on explose quand même de rire. Ces grotesques tentatives de communication traduisent en effet l'illusion naïve que chacun se fait de lui même et de sa position centrale dans un microcosme mondain qui ne fait qu'entretenir l'ignorance, l'irréalité, l'isolation du monde.
Les plus aveugles, comme anesthésiés, ne veulent pas savoir qu'ils sont, au fond, malheureux. Ce n'est que quand la crise éclate qu'un semblant de lucidité leur vient, comme on réveille une plaie mal fermée, et qu'ils finissent par s'en rendre compte, perplexes de chercher en vain le bonheur dans leur écrin doré, incapables d'en tirer les conséquences. On imagine que l'insecte, avant de se figer, se débat dans l'ambre.
Dorothy Parker nous renvoie l'image d'une infinie solitude, où parfois passe, telle une ombre, une « vraie » personne sous les traits d'une servante noire (Vêtir ceux qui sont nus) ou d'une infirmière aux traits chevalins (La Jument), dotée d'un coeur sensible et souffrant. Un être qui, en dépit de son inexistence sociale, met en abîme la farce désespérée de ces tristes pantins, les (not so) happy few de la high society.
Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne
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