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Hélène Fillières (Traducteur)
EAN : 9782264030238
176 pages
10-18 (22/06/2000)
3.99/5   59 notes
Résumé :
"Les personnages de Dorothy Parker ne connaissent pas la soif ! Whisky, champagne et cocktails divers ponctuent leurs journées et leurs nuits, les poussant à se laisser aller à un cynisme bien loin des manières policées qu'ils affichent lorsqu'ils sont sobres. Ces nouvelles, écrites dans les années 30 sont autant de petits diamants étincelants et coupants. Que Dorothy Parker se moque du couple Wheelock, qu'elle brosse un portrait sans concession d'un écrivain un peu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Dorothy Parker, critique et scénariste, qui avait fait du mot d'esprit sa signature, nous a laissé, avec le recueil de nouvelles Thirteen Short Stories, un modèle d'humour caustique. Les personnages sont décrits sans aucune indulgence et nous retrouvons, sous sa plume, l'hypocrisie d'une société conformiste où la seule issue qui reste est parfois la fuite ou encore le rêve de la fuite… Comme pour Mr. Wheelock, dont la vie consiste à rêver sa sortie de scène pendant que ses voisins s'extasient sur la perfection de sa famille. Parfois méchante, mais jamais cruelle, Dorothy Parker nous offre un tableau fidèle des petites mesquineries quotidiennes, des femmes prises au piège dans leur propre maison et qui se réfugient dans l'alcool ou des hommes dépassés par la routine de leur vie, qui rêvent de tout abandonner, mais n'en ont pas le courage.

Elle nous fait parfois franchement rire avec des répliques qui préfigurent l'humour qu'on trouvera plus tard dans les parodies de Chick lit:

"Ce que j'aimerais vraiment, c'est me mettre aux claquettes. Mary Morton l'a fait, l'année dernière, et elle a perdu six kilos.
- C'est comme ça qu'elle les a perdus ? Vraiment ? Sans faire de régime en plus ?
- Non. Elle a juste supprimé les sucreries et les féculents et elle n'avait pas droit à la viande. Seulement du poulet une ou deux fois par semaine. Six kilos, elle a perdu.
- Formidable, c'est tout juste ce que j'aimerais perdre."

Enfin, notre auteure n'a pas hésité à se mettre elle-même en scène, sans plus de compassion que pour ses autres personnages. C'est ainsi qu'elle se présente dans de délicates situations où elle se retrouve lâchée par sa jarretière et obligée de rester immobile ou encore assise à côté d'un voisin mutique à un dîner et se rabattant sur le vin.

Un recueil à lire, donc, pour son humour corrosif, son immoralité, mais aussi et surtout cette ironie particulière qui caractérise l'écriture de Dorothy Parker.
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C'est avec délice que je viens de relire une des histoires de ce recueil de 16 nouvelles, mordantes, piquantes, acides, bref méchantes en définitive mais d'une féroce lucidité sur la vie en société. Je suis charmée, subjuguée, amusée aussi par tant de talent!
Chacun des récits de Dorothy Parker est une petite merveille, une caricature finement ciselée, sèche et claquante à souhait qui, comme un projecteur, illumine certains ridicules des couples dans leur vie mondaine ou restituent leurs pensées sombres et secrètes derrière les apparences policées et souriantes.

M. Wheelock est occupé à couper la haie de son jardin.
Mme Wheelock est assise sous le porche impeccable de leur charmante maison en stuc. Elle recoud des boutons.
Leur fille, âgée de cinq ans, joue tranquillement sur le chemin de gravier qui traverse la minuscule pelouse.
Ils se parlent de choses et d'autres et se sourient de temps en temps.
C'est une charmante et tranquille soirée d'été.
Mme Cole, une voisine, douce mais stérile, qui passe au bras de son mari, reste un moment à contempler la scène et, soupirant avec volupté, s'exclame:
«Quel joli tableau!»

Oui mais voilà: contrairement à nous, lecteurs, elle ignorait les pensées secrètes qui agitaient chaque membre de ce charmant trio! Elle se serait enfuie rapidement!
"Oh! et puis zut!" Vite demi tour!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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De ses recueils de nouvelles, j'ai préféré "La vie à deux", que j'ai trouvé plus abouti car plus caustique.

Les nouvelles qui composent "Mauvaise journée demain" sont plus anciennes et il me semble que le style de Dorothy Parker se soit affiné avec les années.

Cela dit, ce livre offre une formidable photographie des Etats-Unis entre la fin des années 20 et les années 50, tant au niveau des mentalités et du climat en période de prohibition avec ses speakeasy, que de la conception de la femme et des rapports hommes/femmes...

Ce qu'il a y de fantastique chez Dorothy Parker, c'est qu'elle a le don de la formule, du détail qui "tue", car, sans aucune pitié, elle parvient à nous faire visualiser d'une façon cruelle parce que très (voire trop) réaliste, une situation, une physionomie, un caractère , ou encore le côté absurde d'un événement.

Le monde qu'elle dépeint est souvent superficiel, noyé dans les codes ennuyeux des mondanités et des vapeurs de l'alcool.

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En 3 mots… Alcool, cynisme, conversation
Impressions de lecture… Dorothy Parker, auteur (de poèmes, de nouvelles, de pièces de théâtre, de scénarii) et chroniqueuse, fut, dans l'entre-deux guerres, une figure de la scène intellectuelle new-yorkaise. Ses amis, parmi lesquels on trouve nombre de célébrités – le couple Fitzgerald, Hemingway, les Marx Brothers ou Louise Brooks, entre autres - la surnommaient « the wit » : l'esprit.
Et de l'esprit, effectivement, Dorothy Parker en avait ! Dans l'art de la chronique satirique, du trait bien senti, avec ce qu'il faut d'intelligence et de décontraction, elle en est même la parfaite incarnation.
Il y a dans ces nouvelles, réunies en recueil sous le titre Mauvaise journée demain, de l'ironie, du mordant, certains diraient de la cruauté… je parlerais plutôt de sensibilité à vif, d'acuité aiguisée. Aiguisée comme une lame de scalpel qui dissèque d'un mouvement expert les faiblesses, les mensonges, le conformisme niais, les petites hypocrisies, les manipulations du couple, des groupes humains, de l'égo… Avec l'humour et l'autocritique en forme d'indulgence… Car on sent que Dorothy Parker a dû sonder son âme et ses propres comportements pour pousser si loin la finesse d'observation et d'appréhension des ressorts psychologiques et sociaux.
Certaines nouvelles sont comme des petits jeux d'écriture, dans la forme. La brièveté de la nouvelle, en tous cas, sied parfaitement au propos, au regard. Ces textes des années 20 à 50 n'ont pas pris une ride, leurs personnages non plus, on y reconnaît bon nombre de nos contemporains… Pour ne pas dire un peu de soi-même.
Qu'est-ce qu'on voudrait avoir Dorothy pour amie ! de la retrouver dans un salon feutré pour siroter, tout en même temps un alcool fort et ses mots intelligents et piquants… Avant de songer que sa plume, l'heure d'après, ne nous épargnerait guère…
Lien : http://quelscaracteres.eklab..
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Le titre correspond à celui d'une des treize nouvelles de ce livre, qui s'appelle Thirteen Short Stories, en VO. Quel besoin a-t-on toujours de modifier ce genre de choses... Soit.

Ce qui est surtout étonnant c'est ce genre et ce style "osé", sans fil narratif qui se tient et qui se boucle, et surtout que ces mots aient été écrits par une femme à cette période prohibition début de 20e siècle.
Mais bon. Bof.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je le savais. Je savais que si je venais à ce dîner, j’allais me retrouver avec ce genre de petite merveille à ma gauche. Ils me le gardent au chaud depuis des semaines. Oh, mais il faut absolument qu’on l’invite - sa sœur s’est montrée si gentille avec nous à Londres ; on n’a qu’à le coller à côté de Mme Parker - elle a bien assez de conversation pour deux. Oh, je n’aurais jamais dû venir. Jamais. Je suis ici contre mon gré. Vendredi, vingt heure trente : Mme Parker contre Son Gré, à statuer. Pas mal, ils pourraient graver ça sur ma tombe : « Où qu’elle se soit rendue - y compris ici - ce ne fut jamais de son plein gré. » Est-ce bien raisonnable de penser à des tombes juste en début de soirée ? Voilà l’effet que mon voisin à sur moi, déjà ! Et la soupe n’est pas encore refroidie. J’aurais dû rester dîner à la maison. J’aurais pu me servir quelque chose sur un plateau. La tête de saint Jean-Baptiste par exemple. Oh, je n’aurais jamais dû venir. (…)
Si seulement j’avais quelque chose à faire. Je déteste rester comme ça sans rien faire. Les gens devraient vous prévenir quand ils vont vous asseoir à côté d’un truc pareil pour que vous puissiez apporter de quoi vous occuper. Chère Mme Parker, soyez s’il vous plaît des nôtres à dîner vendredi prochain, et n’oubliez pas vos ouvrages en retard. J’aurais pu apporter le tiroir du dessus de mon bureau ; ça aurait été l’occasion d’y mettre un peu d’ordre, ici, sur mes genoux. Ou bien l’album photo, histoire d’y coller enfin les photos de toute la bande sur la plage. Je me demande si mon hôtesse trouverait ça bizarre que je lui demande un jeu de cartes. Je me demande s’il n’y aurait pas une vieille édition du St. Nicholas dans les parages. Je me demande s’ils n’auraient pas besoin d’un petit coup de main à la cuisine. Je me demande si ça ne ferait pas plaisir à quelqu’un que je fasse un saut au coin de la rue pour acheter un journal du soir.
Mais celui à ma droite
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- Tu ne t’es pas amusée ?
- Oh, si, C’était parfait. Idéal. A ma place, quelle fille aurait donc pu ne pas s’amuser ? C’est bien évidemment l’idée que je me fais d’une soirée épatante : plantée toute seule dans mon coin, pendant qu’un tas de grandes gueules complètement soûles chantent bras dessus, bras dessous, quatre heures d’affilée. Ma parole, j’ai passé le meilleur moment de ma vie. Logique.
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Voyons voir, où en étions-nous ? Oh oui, nous en étions au moment où il me déclarait son amour pour le poisson. Je me demande bien ce qu'il aime d'autre. Est-ce qu'il aime les concombres ? oui, il aime les concombres. Et les patates ? Oui, il aime les patates, aussi. Ma foi, c'est un sacré vieil amoureux ce la Nature, celui-là. C'est tout moi, çà : je soirs dîner, et je me retrouve assise à côté du Bon Bars Thoreau. Attendez, il est en train de me dire quelque chose. Ma parole, les mots jaillissent hors de lui. Il me demande si j'aime les patates. Non, je n'aime pas les patates. Aïe ! Ca y est ! J'ai créé un différend C'est notre première dispute. Il sombre dans un silence boudeur. Petit sot, aurais-je crevé ta bulle ? Tu croyais que je n'étais qu'une poupée peinte au cœur en sciure de bois ? Ah, ne le prends pas comme çà. Ecoute, j'ai quelque chose à te dire qui va ter redonner la foi. J'aime les concombres. Ma parole, il se sent déjà mieux.
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En tout cas, nous sommes parfaitement d’accord. Nous nous entendons comme deux moutons. Nous avons passé toute la soupe ensemble, et pas un mot de travers entre nous. Ce serait vraiment dommage de changer de sujet, autant s’en tenir à cette admirable harmonie. Je crois bien que je vais remettre le sujet sur le tapis ; je vais lui demander si la soupe n’était pas délicieuse. Il me dit : « Oui, n’était-elle pas ? » Mais regardez-moi ça : parfaite concordance des temps.
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Chère Mme Parker, soyez s’il vous plait des nôtres à dîner vendredi prochain, et n’oubliez pas vos ouvrages en retard. J’aurai pu apporter le tiroir du dessus de mon bureau ; ça aurait été l’occasion d’y mettre un peu d’ordre, ici, sur mes genoux. (…) Bien sûr, je peux toujours boire, toute seule dans mon coin. Il y a toujours cette possibilité. Oh là, là, là, il y a toujours cette possibilité. Mais je ne veux pas boire. J’aurai le vin triste. Rien que d’y penser, ça me rend mélancolique. (…) Il s’en fout si j’ai le vin triste. Tout le monde s’en moque. Tout le monde s’en fout. Et moi, si gentille. Très bien, bande de bourriches, je vais me soûler à mort, juste devant vos yeux, et je verrai bien ce que ça vous fait. C’est parti…
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