Premier roman de
Raphaël Passerin, «
Prince de Galles » est une véritable réussite et la promesse d'un avenir littéraire bouillonnant.
Le récit, à la troisième personne (mais au présent), nous conte les aventures de Samuel alias Silence alias Momo alias toi, moi ou mon voisin… Un traducteur de génie, dont la perte de l'anglais et donc de son identité professionnelle, lui fait prendre conscience de l'urgence de retrouver son identité… réelle.
Son parcours est truffé de rencontres truculentes, de personnages secondaires riches et complexes, de voyages, d'illusions et de désillusions, d'amour et et de doute, de Paris aux Malouines, du Pays de Galles en Argentine.
L'humour est ravageur, le style précis et inventif.
C'est à la fois furieusement moderne et respectueux de ses références. Parmi elles, on pense à Auster, pour les micro-récits, la contingence, les routes qui s'entrecroisent, à
Vian pour le surréalisme poétique, mais aussi à des auteurs américains comme
Bret Easton Ellis, Roth…
Les mots sont une musique dans ce bouquin ! Pas étonnant que l'auteur soit un fan de pop 60's (confère sa bio), car chaque chapitre (court) est un petit tube, à la mélodie littéraire immédiate, et à la légèreté qui cache des émotions bien plus profondes.
Styliste évident,
Raphaël Passerin a un appétit d'écrire contagieux.
C'est un premier roman, donc il y a forcément quelques aphorismes. Mais ils sont toujours légers, jamais prétentieux. le sujet est d'une modernité incontestable (la quête d'identité) et brasse des questions très contemporaines et largement discutées dans nos sphères
médiatiques (religion, langue, sexualité…).
Enfin, l'auteur n'en oublie jamais l'émotion et la délicatesse, en témoignent les dernières pages, purement romanesques et franchement bouleversantes.
Un auteur à suivre de très près donc.
Pour sûr qu'à l'heure où on le lit, lui doit déjà être en train de nous écrire.