L'idée émerge progressivement qu'à chaque type de pêché correspond un type de supplice afin que l'image devienne une leçon morale. Lorsque se met définitivement en place le système des sept pêchés capitaux, au début du XIIIe siècle, chacun commence à être associé à une couleur privilégiée: l’orgueil et la luxure au rouge, l'envie au jaune, la goinfrerie au vert, la paresse au blanc, la colère et l'avarice au noir.
"Le noir est une couleur" : une telle affirmation est redevenue aujourd'hui une évidence, presque une platitude ; la véritable provocation serait d’affirmer le contraire.
Dans la plupart des villes drapières – l’industrie textile est la seule véritable industrie de l’Occident médiéval –, le métier de teinturier est fortement cloisonné et sévèrement réglementé. … La spécialisation est de règle partout. Elle se fait selon les matières textiles (laine, soie, lin et chanvre, éventuellement coton dans quelques villes italiennes), et surtout selon les couleurs ou groupes de couleurs. Les règlements interdisent en effet de teindre une étoffe ou d’opérer dans une gamme de couleurs pour laquelle on n’a pas licence. Pour la laine, par exemple, à partir du XIIIe siècle, si l’on est teinturier de rouge, on ne peut pas teindre en bleu et vice versa.
Aujourd'hui , le luxe du noir ,né vers la fin du XIVème siècle et encore bien présent il y a deux ou trois générations, ne trouve plus guère à s'exprimer que dans le caviar et dans le packaging de certains produits très coûteux (bijoux, parfums) .
À la question : « Que signifient les mots rouge, bleu, noir, blanc ? », nous pouvons bien entendu montrer immédiatement des choses qui sont de telles couleurs.