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Tout le talent de Frédéric Paulin semble être, lorsque l'on considère cette trilogie, de se fondre dans son sujet. L'écriture de la guerre est une ruse n'est pas la même que celle de Prémices de la chute, et toutes les deux diffèrent encore de la façon dont est organisé et écrit ce troisième opus, La fabrique de la terreur. Peut-être est-ce, au moins en partie, lié au fait que l'on est de plus en plus proches des événements, puisque ce dernier tome couvre la période allant de 2010 à 2015, avec les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, en janvier, et ceux du Stade de France, des terrasses et du Bataclan en novembre. Et cette plus grande proximité rend probablement plus difficile la prise de recul.

Dans la chronique de la guerre est une ruse, j'évoquais une description clinique de la situation. Ici, on n'est plus dans le clinique : on est davantage dans l'émotion. Et là où, dans la première partie, c'est au travers des personnages et de leur évolution que Frédéric Paulin créait l'émotion, ici on a le sentiment que nos épidermes sont encore tellement à vif…

Et si je devais décrire en un mot ce livre, je dirai que je l'ai reçu comme le roman du désarroi. Désarroi des hommes et des femmes : de Tedj, en retraite forcé, obsédé par des cauchemars qu'il ne maîtrise plus ; de Laureline, qui se sent écartée, vieille, dépassée ; de Réif, séparé de Vanessa, devenu professeur à Lunel, où il est confronté à l'opposition de plus en plus forte des communautés ; mais aussi, au fur et à mesure du livre, de plusieurs personnages partis vivre leur foi musulmane et qui découvrent une réalité qui les heurte.

Mais le désarroi est aussi celui des institutions. La DCRI, créée par Nicolas Sarkozy de la fusion des Renseignements généraux et de la DST, montre ses insuffisances, mais aussi comment sa création, mal préparée, a surtout provoqué une perte de « mémoire ». le service Action de la DGSE également, représenté dans le livre par le capitaine Pantani, mesure sur le terrain tout le décalage entre les discours politiques et la réalité du terrain. La citation initiale, dans laquelle Pantani annonce le lâchage des Kurdes par les Occidentaux, montre bien comment ces hommes étaient en porte-à-faux.

Désarroi, enfin, des sociétés. En Europe, dans les banlieues, des jeunes désoeuvrés, désabusés, découragés, à qui des groupes islamistes proposent un chemin ; de l'autre côté de la Méditerranée, des pays qui, après avoir subi le joug des colonisateurs, ont été saignés à blanc par des autocrates. Tout cela a fabriqué cette terreur, que chacun ressent mais dont personne ne sait comment sortir. Alors les vieux réflexes reviennent, la peur engendre la violence, quand on n'a plus rien à perdre…

On n'imaginait pas une fin heureuse. Frédéric Paulin ne nous la joue pas à la Disney, c'est le moins que l'on puisse dire. Chacun avance vers l'inexorable destin qui nous attend tous…

J'ignore d'où l'auteur tire ses informations, notamment sur l'état des services, le moral des troupes, la vision désenchantée incarnée par Pantani. Mais, dans tous les cas, mention spéciale doit être faite sur la précision des situations, des sources : probablement un gros travail de recherche !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/1..
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« La Fabrique de la terreur » est un roman habilement construit malgré la multitude des lieux et des personnages qui sont cités. le fait que le cadre géopolitique corresponde à la triste réalité de ces années 2010/2015 facilite la compréhension. Certains protagonistes de ce roman (Merah, Kouachi, Colibaly, Abdeslam, Ben Ali, Kadhafi, el-Assad, Hollande, Sarkozy) sont évidemment connus des lecteurs, comme les termes DCRI, DGSE, Ennhdha ou CNT. Et si, par hasard, vous avez quelques lacunes, un glossaire et une chronologie de ces « anni horribiles » placés en fin de livre, vous aideront grandement. le livre reflète les débats qui enflammèrent l'opinion publique au sujet du terrorisme, rappelle les liaisons dangereuses entre certains despotes du Sud et nos dirigeants français et revient sur les erreurs des services de renseignements occidentaux. Les autres personnages du roman sont fictifs, même si l'on se doute que certains sont inspirés par de « vraies » personnes. Ces personnages contribuent à porter un éclairage sur les ressorts intimes qui amènent à rejoindre le djihad ou au contraire à lutter contre lui, mais aussi sur la façon dont les événements historiques influent sur nos vies.
Frédéric Paulin sait parfaitement décrire les événements et développer des intrigues. Les cinquante dernières pages offrent un exemple assez frappant de symbiose réussie entre fiction et reportage. J'ai apprécié ce livre et pourtant, je suis un peu frustré… Il est habituellement convenu de regretter que certains livres soient des pavés, sous-entendu, des livres trop longs. Et bien, dans le cas de cette « Fabrique de la terreur », j'ai le sentiment inverse, j'aurais volontiers signé pour 800 au lieu de 400 pages. La concision de certains passages sur des événements tels que la chute de Ben Ali ou celle de Khadafi donnait un côté trop « Que sais-je ?» au récit. Dans la même veine, si j'ai trouvé l'évolution des rapports dans la famille Benlazar suffisamment étayée, j'ai, en revanche, trouvé que les engagements de Simon et ses échanges souffraient de la comparaison avec le livre de Karine Tuil «La décision».
J'ai quelques remords à émettre un avis tempéré lorsque l'auteur est indéniablement talentueux et surtout lorsqu'il est aisé de l'imaginer passant des milliers d'heures à accumuler une documentation précise sur une thématique aussi sensible. Mais les pages sombres qui sont décrites dans le roman ont eu une telle importance dans nos vies personnelles ou nos parcours professionnels que je permets cette forme d'indélicatesse.
C'est donc avec sincérité et malgré les réserves émises, que j'espère que vous vous plongerez dans « La fabrique de la terreur » qui mérite mieux que les quelques centaines de lecteurs sur Babélio. Croyez-bien, que je serais ravi que vous me fassiez part de votre légitime réprobation pour ma sévérité.
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Politique et religion : voici bel et bien deux bombes incendiaires qui vous pètent à la gueule pour un Oui ou pour un Non.
Quelle tristesse...
Mais pourquoi diable ne peut-on vivre tranquillement sur cette bonne vieille Terre sans que ces deux tyrans ne viennent s'immiscer jusque dans votre petit jardin afin de vous imposer leur façon de penser ?

Un formidable roman, très bien écrit et documenté.
La fin d'une trilogie.
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Le dernier roman de Frédéric Paulin fait figure d'événement tant les deux précédents ouvrages ont marqué les esprits en nous dressant un portrait à la fois éclairé et pertinent de la constellation des mouvances terroristes djihadistes dont l'impact marque désormais durablement le monde. Annoncé comme un triptyque, cet examen débutait avec La Guerre Est Une Ruse nous permettant de découvrir un épisode méconnu de la guerre civile en Algérie dans les années 90 et l'exportation du conflit sur le territoire français tout en faisant la connaissance de Tedj Benlazar, agent de la DGSE. Point de bascule de l'univers du terrorisme, Prémices de la Chute dépeignait les origines d'Al-Qaïda, au gré de l'émergence de mouvances du côté de Roubaix puis des brigades islamistes combattant en ex Yougoslavie et en Afghanistan avec comme focus les événements du 11 septembre 2001. Avec La Fabrique de la Terreur, on connaît déjà la fin de l'histoire puisque c'est à partir des attentats du 13 novembre 2015 à Paris que Frédéric Paulin avait pris le parti de répondre à cette fameuse question de savoir comment on en était arrivé à de telles extrémités en rédigeant cette trilogie dantesque où les faits d'actualité s'imbriquent parfaitement dans le cours d'une intrigue où l'on prend plaisir à retrouver Tedj Benlazar et sa compagne Laureline Fell qui a pris du galon au sein des services du renseignement français. du Printemps Arabe aux tueries de Toulouse et de Montauban, puis de la guerre civile en Libye aux attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, c'est également l'occasion de prendre conscience de ce phénomène de radicalisation poussant de jeunes gens à s'engager dans l'armée de Daech pour combattre en Syrie.



En janvier 2011, Vanessa Benlazar, grand reporter indépendante, se rend en Tunisie pour rapporter les événements de cette révolte du peuple tunisien qui marque le début du printemps arabe. Autour de cette révolution, la jeune journaliste distingue des groupes islamistes tentant de prendre le contrôle du pouvoir que ce soit en Libye avec la chute de Kadhafi puis en Syrie qui sombre dans le chaos tandis qu'une nouvelle organisation prônant la haine de l'occident voit le jour tout en mettant en place des méthodes de recrutement insidieuses pour inciter les jeunes à s'engager dans le djihad. Mutée à Toulouse en tant que responsable de l'antenne régionale de la DCRI, la commissaire Laureline Fell s'interroge de son côté sur les liens de certains individus inquiétants avec des mouvances terroristes à l'instar d'un certain Merah qui a séjourné dans plusieurs pays du Proche-Orient comme l'Irak et l'Afghanistan ainsi qu'au Pakistan. Mais au gré des réformes des services de renseignement français, il n'est guère aisé d'affronter un ennemi qui s'est adapté aux nouvelles technologies afin de retourner la fange d'une jeunesse désemparée qui trouve désormais ses idéaux dans une radicalisation extrême. Reif, le compagnon de Vanessa, désormais professeur au lycée de Lunel en sait quelque chose lui qui observe le comportement hostile de plusieurs de ses élèves ne trouvant plus de sens dans l'enseignement qui leur est dispensé. Une bombe à retardement sociale qu'il va falloir désamorcer coûte que coûte. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?



On poursuit donc cette exploration de la terreur en s'intéressant plus particulièrement au climat social qui conduit de nombreux jeunes à se radicaliser pour se rendre en Syrie afin d'intégrer l'armée de Daech. Avec La Fabrique de la Terreur, Frédéric Paulin décortique ce processus de radicalisation en suivant plus particulièrement les parcours de Simon, habitant de Lunel et celui de Wassin qui a vécu l'effervescence de cette révolte du peuple tunisien. On perçoit ainsi le dénominateur commun de l'exclusion sociale qui conduit ces deux jeunes hommes à s'engager dans des causes extrêmes dans lesquelles ils trouveraient enfin une certaine reconnaissance sans vraiment prendre pleinement conscience de s'engouffrer vers un point de non-retour qui n'a rien à voir avec la propagande islamiste présentant cette guerre comme une espèce de jeu vidéo. le choix de la ville de Lunel, dans laquelle évolue plusieurs protagonistes comme Reif, le professeur décontenancé par l'attitude hostile de certains de ses élèves, n'a rien anodin puisque la cité, classée en zone de sécurité prioritaire, a abrité une filière djihadiste permettant à une vingtaine de jeune de rejoindre les rangs des combattants de Daech. C'est autour de ce phénomène que Frédéric Paulin bâti son intrigue en restituant ce climat délétère qui règne au sein d'une communauté désemparée par le manque de perspectives en étant plus particulièrement plombée par un chômage endémique.



Comme on l'a déjà souligné à la lecture des ouvrages précédents, il faut saluer cette capacité saisissante de Frédéric Paulin à synthétiser une documentation foisonnante sur ce sujet sensible du terrorisme islamiste afin de l'intégrer au fil d'un récit qui se cale parfaitement sur les événements qui ont marqué cette thématique, même s'il faut parfois souligner un concours de circonstances assez exceptionnelle afin que les protagonistes se retrouvent impliqués dans le théâtre des attentats qui ponctuent le roman. Que ce soit les tueries de Montauban et de Toulouse, les attentats de Charlie Hebdo, de l'Hyper Casher ainsi que ceux du 13 novembre 2015 à Paris, Frédéric Paulin a eu le bon goût de ne pas s'attarder sur le déroulement des événements pour mieux se focaliser sur leurs conséquences ainsi que sur les enchaînements qu'observent des journalistes comme l'impétueuse Vanessa Benlazar ou des membres du renseignement français comme Lauréline Fell dont on peut mesurer tout le désarroi à l'aune d'une réorganisation chaotique des différents services qui peinent encore à collaborer. On retrouve donc avec plaisir l'ensemble des personnages qui ont traversé ce triptyque afin d'observer leurs évolutions respectives en nous offrant ainsi une nouvelle dynamique extrêmement bien construite notamment pour tout ce qui a trait aux rapports entre Tedj Benlazar et sa fille Vanessa dont les retrouvailles donnent lieu à un épilogue d'une belle charge émotionnelle qui s'accorde parfaitement avec la trame du récit.



Ainsi La Fabrique de la Terreur conclut avec maestria ce vertigineux et ambitieux portrait de l'univers du terrorisme qui a marqué le monde, et plus particulièrement la France, durant ces trois dernières décennies au gré d'une intrigue au souffle romanesque puissant. Précis et brillant.



Frédéric Paulin : La Fabrique de la Terreur. Editions Agullo 2020.



A lire en écoutant : Et Si En Plus Y'a Personne d'Alain Souchon. Album : La Vie de Théodore. 2005 – Parlophone Music.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Dernier livre de cette trilogie consacrée à la fabrique de la terreur. La conception et la forme sont identiques à celles des 2 premiers avec un important contexte documentaire semblant d'autant plus marqué dans ce volume qu'il se passe dans un environnement français et tunisien plus proche de nous. La partie romanesque est du coup plus réduite mais sans remettre en cause l'intérêt du texte.

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A travers les aventures de la famille de Tedj Benlazar, dorénavant à la retraite mais libre de ses mouvements et devenu une légende des services secrets, voici un tableau très bien documenté des attentats perpétrés dans le monde occidental de 2010 à 2015.

Un décryptage du processus d'enrôlement de jeunes européens – issus de l'immigration ou pas, musulmans ou convertis - qui se jettent dans le terrorisme pour exprimer leur mal-être, habilement manipulés par des forces qu'ils ne conçoivent pas et fascinés par des videos de massacres qui révèlent leur pulsion de violence contre une société qui les marginalise.

Quelques clés pour comprendre les fondements idéologiques et financiers d'une manipulation protéiforme : seule l'identité religieuse est capable de remplacer le nationalisme comme politique mobilisatrice d'un groupe. La technique est universelle : instrumentaliser les symboles culturels pour rallier les « tribus » émiettées.

Nous suivons dans ce troisième opus la trajectoire dangereuse de Vanessa, la fille de Tedj, devenue journaliste d'investigation qui n'hésite pas à s'enfoncer au coeur des conflits (Tunisie, Libye, Turquie, Kurdistan, Syrie, Belgique …) pour recueillir des informations sur les jeunes leaders susceptibles de revenir perpétrer des attentats en France. Hélas, comme jadis, les éléments qu'elle rassemble ne suffisent pas aux services de surveillance pour justifier une action préventive dans un Etat de droit.

Car c'est le chaos dans les structures chargées de la surveillance des suspects de liaisons avec les mouvements criminels : la fusion de la DST et des Renseignements généraux, censée simplifier les procédures, est un échec, même si elle était intellectuellement, techniquement et économiquement logique. Elle a surtout mis à bas « deux services de renseignements aux patrimoines génétiques différents et complémentaires ».

On suivra donc les itinéraires mortifères des fratries Merah, Coulibaly et Abaaoud, de Abou Omar al Baljiki, Abou Backr al Baghdadi, Salah Abdeslam, Djamel Beghal (entre autres), terroristes low cost, financés aussi par les principautés de Golfe, on essaiera de capter la différence entre wahabisme et salafisme (le premier mouvement tolère un dirigeant local s'il fait respecter le charia, le second souhaite un califat qui rassemblerait l'ensemble des croyants).

Une trame dramatique haletante, des personnages complexes des deux côtés, une description de la condition des femmes apocalyptique … cette trilogie reste hélas d'une terrible actualité, malgré le déni des risques toujours présents dans notre société où règne l'incommunicabilité entre sources de renseignements et le manque de moyens.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Mécanismes et impuissances du terrorisme, l'inexorable montée du djihadisme, du départ de jeunes hommes vers la Syrie, des attentats contre Charlie, le Bataclan. Frédéric Paulin retrouve ici son habileté haletante à entremêler le destin des personnages et L Histoire qui les happe. La fabrique de la terreur démonte les rouages des peurs de notre époque.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Ce dernier tome de la trilogie Benlazar nous mène en Tunisie et Lybie lors des évènements qu'on a appelé Printemps Arabe en 2011. Dégager le "clan Ben Ali", corrompu, détournant les richesses du pays, et développer la démocratie. En Tunisie, c'était sans compter sur les islamistes d' Ennahdha qui veut surfer sur ce "dégagisme" et tirer les marrons du feu. Ils y parviendront mais cela ne satisfait pas les plus radicaux d'al Qaïda. Alors, que le salafisme développe sa vision du Maghreb et de la Charia par l'intermédiaire des mosquées, les jeunes désoeuvrés se radicalisent. Ils vont devenir les combattants du futur Daech.
Entre temps l'Egypte s'est débarrassée de Moubarak avec les émeutes liées à l'augmentation du prix du pain.
La Libye s'enflamme à son tour, et dans chaos s'affrontent les Islamistes, les forces occidentales et l'armée de Khadafi.
Puis c'est la Syrie qui s'embrase, et ce conflit va bouleverser le monde entier : Bachar El Assad veut garder le pouvoir aidé par l'Iran et la Russie, l'Occident arme l' Armée Syrienne libre (avec l'aide d'islamistes d'al Qaïda), l'Etat Islamique veut y créer son califat et les Kurdes revendiquent une partie de ce territoire (les YPG combattent les islamistes de l'État Islamique), la Turquie combat les kurdes et est une passoire pour qui veut s'engager avec l'EI. Voilà le topo : c'est le bourbier.
En France, Mohamed Merah, petit voyou en quête d'Islam va assassiner des militaires a Toulouse. Des cellules de recrutement islamistes à Lunel, à Paris, à Molenbeek en Belgique vont dresser les jeunes partir faire le djihad et à tuer.
Vanessa, la fille de Benlazar, devenue journaliste, va s'intéresser à ces jeunes radicalisés, à leur recrutement, et voyager à Tunis, en Syrie pour comprendre le mécanisme du chaos. On croise de personnages bien réels qui feront le une des journaux de 2015 : les frères Kouachi, A. Coulibaly, A. Abaaoud l'organisateur des attentats de Paris (stade de France, Bataclan, terrasses des 10 et 11 ème arrondissements, celui du musée juif de Bruxelles, en Belgique), les frères Abdeslam.
Reif, ex journaliste et marié à Vanessa, s'est reconverti en enseignant et se coltine la radicalisation islamiste des élèves à Lunel.
Laurine Fell, est passée de la DRCI (de Sarkozy) La DGSI (de Hollande) après le fiasco de l'arrestation de Merah.
Les services de renseignements et sécurité intérieurs, en restructuration constante, perdent les traces des Fichés S qu'ils surveillent. Et c'est ainsi qu' Abaaoud se balade et prépare ses méfaits en Europe.
Benlazar, rangé, a encore des connaissances à la DGSE. Il s'en servira pour sauver encore la vie de sa fille.
Ce roman nous parle de l'exportation du conflit Occident- État Islamique en Europe (après les attentats de 2001 aux U.S, voir "prémices de la chute"). Il met en exergue la difficulté de lutter contre la radicalisation d'une jeunesse désoeuvrée, désespérée, parfois révoltée et manipulée par Daech dans les pays cités. Bien documenté, Frédéric Paulin nous écrit des personnages déterminés, mais qui doutent aussi, en Syrie, face à la violence des conflits et celle de Daech. Malgré les puissantes armées et forces de police, malgré les enquêtes des services secrets, c'est l'apparition de "loups solitaires" et leur terrorisme "low cost" que craignent les dirigeants politiques. Et cette terreur ne finit jamais, l'ennemi vengeur de l'Etat Islamique décapité sur son embryon de territoire à Raqqa, est devenu invisible, et potentiellement partout présent. C'est ce qu'on ressent à la lecture de ce très bon roman : une infinie crainte de l'attentat. Évidemment, écrit en 2020, ce roman retrace le parcours des terroristes avec du recul, mais le schéma "pauvreté révolte-guerre civile" alimenté par la corruption, les nationalismes et les radicalisations religieuses terroristes - lui - est toujours d'actualité... C'est le thème de cette excellente trilogie historique, que je recommande. Frédéric Paulin nous aide à comprendre sur quoi se bâtit le monstre. Il est bon de s'en souvenir !
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Troisième et dernier tome de cette trilogie proposée par le breton Frédéric Paulin , «La Fabrique de la terreur” clôt dans le sang et la terreur ce récit au long cours , roman hybride où la fiction renforce le réalisme historique. Outre le personnage principal , Tedj Benlazar , sorte de fil rouge qui relie les trois époques et qui abat ici ses dernières cartes du fin fonds de son village où il vit une retraite forcée , on vit à travers sa fille journaliste et d'autres protagonistes, la genèse des attentats terroristes qui ont émaillés de toutes leurs horreurs les quinquennats Sarkozy et Hollande . Des images qui ont marqué chacun d'entre nous et qui ne pourront s'effacer que difficilement de notre mémoire .
On suit les avancées de l'hydre Daesh qui attrappe dans ses rets les fanatiques de tout bord , qu'ils soient français , belges ou habitants du Maghreb . Qu'ils viennent d'une banlieue de Toulouse, de la région parisienne , de Lunel ou de Tunis .
Qu'ils soient endoctrinés ou juste rêvant de vivre pleinement leur foi dans un futur état islamique idéalisé quitte à pour cela commettre les crimes les plus atroces .
On découvre l'immense espoir que revêt l'avènement des printemps arabes pour une partie de la population et dont l'évolution est scrutée avec attention par l'Occident et la France en particulier .
Au milieu de tout ça , Vanessa Benlazar , une journaliste qui tente de témoigner de la manière la plus neutre possible sur les événements, sur ses acteurs et sur l'Histoire en marche . Mais comment rester insensible devant tant d'horreurs ? Comment ne pas tenter de sauver l'un de ces jeunes partant vers une mort annoncée ?


Frédéric Paulin nous délivre ici un témoignage romanesque où le poids des mots s'allie à la force des personnages. Il ne prend pas parti et nous laisse seul juge .
Il nous démontre également l'incapacité des services secrets face à la détermination de quelques individus, groupuscules autonomes organisées pour semer le chaos .
Comme nous , il essaie de comprendre comment on en est arrivé là . Par quels enchaînements la machine infernale s'est mise en marche . Mais Frédéric Paulin ne joue pas à l'historien qu'il n'est pas , son livre reste un roman avec sa dose de suspens , ses moments d'émotion , sa tension narrative digne d'un bon polar où les rebondissements se succèdent à un rythme effréné. Même si la fin est connue on y savoure chaque chapitre et on quitte avec un certain regret ces personnages qui ont égayé nos soirées ces dernières années.
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Les bonnes choses ont une fin…troisième et dernier volet d'une fresque politico-historique commencée en Algérie durant la décennie noire, la fabrique de la terreur nous mène à l'aune du printemps arabe jusqu'au carnage du Bataclan en 2015.
D'Al- Qaïda à l'Etat-Islamique ; comment d'un mouvement aux aspirations démocratiques dans les pays d'Afrique du nord nous sommes- nous retrouvés face à l'EI mettant à l'épreuve nos démocraties ?

Tel est le propos de ce passionnant ouvrage à la fois fiction et documentaire réaliste. Frédéric Paulin tente de décrypter les rouages d'un engrenage que nous n'avons pas pu, ou su anticiper. Ici, il est beaucoup question des services secrets, fragilisés par une réorganisation qui aurait lourdement pesé sur l'efficience.

Comment ne pas être touchée par Laureline Fell , agent du renseignement qui se bat, avec ses moyens, souvent contre vents et marrées , contre un système qui n'est pas outillé pour mettre hors d'état de nuire des individus comme Merah ?

Que dire de Benlazar, brillant, mais dérangeant ? En retraite, mais toujours rongé la bête immonde qui avance masquée et qui, il le pressent va frapper, mais où, quand et comment ?

Enfin comment ne pas être émue par Vanessa, jeune journaliste (et fille de Benlazar) attachante, enragée, impulsive, engagée mais surtout tellement difficile à canaliser, se mettant en perpétuel danger.

J'oubliais, en filigrane, l'hommage aux kurdes, vaillants combattants contre Daech, que l'on envoie sans vergogne au casse-pipe, et puis qu'on abandonne !

Frédéric Paulin frappe fort, très fort ! Il nous rappelle à chaque page que les choses ne sont jamais noires ou blanches, mais surtout grises et souvent borderline. Les salopards, ne sont pas tous nés salopards ; ils le sont devenus…

Ce dernier opus se lit le pied au plancher et laisse le lecteur KO par tant de réalisme, de minutie et d'érudition. Voilà qui clos avec brio cette fresque foisonnante, instructive, mais qui surtout nous donne beaucoup à réfléchir !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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