Je ne pense pas possible de parler simplement du livre de
Frédéric Paulin : «
La Fabrique de la terreur ».
Mais comme je l'ai dévoré dès sa sortie, je vais tenter d'en parler un peu car le travail de l'auteur est vraiment intéressant (pour ne pas dire « époustouflant »).
En ouvrant le livre, j'ai lu : « Cette nuit, il y aura des affrontements, il y aura des blessés et des morts. Il y aura la volonté farouche d'un peuple de mettre à bas ses dirigeants. »
Cette fois, nous sommes en Tunisie, en 2010 : « Une gifle. Mohamed a reçu une gifle de trop. Son vrai nom est Tarek. (…) Il vit à Sidi Bouzid, avec sa mère, son beau-père et ses six frères et soeurs. Mohamed a tout sacrifié à sa famille. » (…) « Mohamed Bouazizi a décidé de refuser les gifles. » Un jeune homme s'est immolé à Sidi Bouzid et se trouve entre la vie et la mort.
« le geste de Mohamed Bouazizi ne doit pas rester le geste d'un désespéré. » Pendant ce temps, partout en Tunisie, « les gens hurlent leur haine contre le président Ben Ali ». « Ben Ali dégage ! ». Et la réponse de Ben Ali est « Oueld el kahba ».
Des manifestations ont lieu, des drapeaux tunisiens flottent, des coups de feu claquent, une vraie panique… c'est l'insurrection de peuples trop longtemps opprimés.
Puis on se trouve en France, à Lunel (dont les habitants se surnomment des « Pescalunes » = « pêcheurs de lune. »). On y trouve un jeune garçon, Simon qui s'est converti à l'islam. Il ne veut plus avoir de relations avec des filles car, à présent, c'est « kufr » et les Européens sont des «kouffar. »
En 2011, en France, le brigadier Ihsane Chaoui est en planque avec son acolyte, le lieutenant Bout de l'An, devant la mosquée El-Hussein Basso-Cambo (qui n'est pas vraiment une mosquée), dans la cité du Mirail, et voit arriver les deux frères Merah.
On observe le travail de Laureline Fell, compagne (commandante à la DCRI) de Tedj Benlazar (mis à une retraite forcée), avec la fille de celui-ci, Vanessa (grand reporter) qui se rend en Tunisie pour couvrir les événements, entendre la déception des jeunes à cause de la tiédeur du parti islamiste « Ennahdha ». Ils vont aussi rejoindre Al-Quaïda, puis vont en Libye.
C'est une Histoire où plus rien ni personne n'arrive à maîtriser.
Tedj voit un loup dans ses cauchemars, un loup qui s'attaque à sa fille. On rencontre des terroristes, certains d'entre eux, faisant partie de Daesh ne cessent de faire des allers-retours depuis la Syrie vers l'Europe au nez et à la barbe des policiers … on voit également, sur le terrain, des commandos spéciaux français, des personnages qui ne savaient rien de tout ce « travail de l'ombre. »
L'avantage de Vanessa, est qu'elle comprend et parle parfaitement bien l'arabe, ce qui étonne et déstabilise plus d'un.
On suit donc tout ce qui s'est passé avec Mohamed Merah,
Charlie Hebdo, le Bataclan… et tout ce qui se passe dans ces pays sous la coupe d'islamistes purs et durs, l'horreur de leurs attaques et l'angoisse de ceux qui sont partis « là-bas » et qui ne savent pas comment revenir quand ils se rendent compte que ce n'est pas du tout ce qu'on leur avait dit. le pire, c'est quand ils partent avec leurs femmes et leurs enfants, soumis au même régime. « le sergent-chef Martinez répète souvent que « la Syrie, c'est le bordel. Il a raison : Bachar el-Assad est toujours en place à Damas, et ses alliés chiites, l'Iran et le Hezbollah libanais, vont sans doute être rejoints par les Russes. »
Quand je repense à
Charlie Hebdo, je repense à ces manifestations en soutien à ceux qui en sont morts.
Je pense qu'il est préférable que j'arrête ici ma chronique, non sans recommander de lire cette trilogie dans l'ordre, c'est même nécessaire. Mais en attendant, pourquoi ne pas la relire ?
En fin de livre, se trouve un glossaire qui aide pour la chronologie des faits. Concernant la fin de cet ouvrage étonnant, je vous dirai seulement que c'est émouvant.