Citations sur Travailler fatigue. La mort viendra et elle aura tes .. (81)
The cats will know
La pluie tombera encore
sur tes doux pavés,
une pluie légère
comme un souffle ou un pas.
La brise et l'aube légères
fleuriront encore
comme sous ton pas,
quand tu rentreras.
Entre fleurs et balcons
les chats le sauront.
Last blues, to be read some day
Ce n'était qu'un jeu
tu le savais bien-
quelqu'un fut blessé
il y a très longtemps.
Mais rien n'a changé
le temps est passé-
un jour tu es venue
un jour tu mourras.
Et quelqu'un est mort
il y a très longtemps-
quelqu'un qui voulait
mais ne savait pas.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
La mort viendra et elle aura tes yeux -
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu'au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Après
La colline s'étend sous la pluie qui l'imprègne en silence
Il pleut sur les maisons: l'étroite fenêtre
s'est remplie d'un vert plus frais et plus nu.
Ma compagne était étendue près de moi : la fenêtre était vide,
nous n'y regardions pas et nous étions bien nus.
Maintenant dans la rue son corps marche secret
de son pas familier mais un peu alangui: la pluie tombe
pareille à ce pas, légère mais très lasse.
Ma compagne ne voit pas la colline nue
assoupie dans l'humidité: elle passe dans la rue
et ceux qui la bousculent ne savent pas.
Atavisme
Caché par les volets, l'enfant respire au frais,
tout en fixant la rue. Par la fente lumineuse,
on voit les pavés sous le soleil. Personne ne marche
dans la rue. L'enfant voudrait sortir tout nu
-la rue est à tout le monde- et se perdre dans le soleil.
C'est interdit en ville. Mais pas à la campagne,
s'il n'y avait au-dessus de la tête la profondeur du ciel
qui atterre et déprime.
Simplicité
L'homme seul pense aux champs, heureux
de les avoir labourés. Dans la salle déserte
il essaye de chanter à voix basse. Il revoit
le long du talus, la touffe de ronciers dénudés
qui était verte au mois d'août. Puis il siffle sa chienne.
Et le lièvre apparaît et ils cessent d'avoir froid.
Travailler fatigue
Est-ce la peine d'être seul pour être toujours plus seul?
On a beau y errer, les places et les rues
sont désertes. Il faudrait arrêter une femme,
lui parler, la convaincre de vivre tous les deux.
Autrement, on se parle tout seul. C'est pour ça que parfois
il y a des ivrognes nocturnes qui viennent vous aborder
et vous racontent les projets de toute une existence.
Travailler fatigue
Traverser une rue pour s'enfuir de chez soi
seul un enfant le fait, mais cet homme qui erre,
tout le jour, par les rues, ce n'est plus un enfant
et il ne s'enfuit pas de chez lui.
Toi aussi tu es colline
Et sentier de rochers
Brise dans les roseaux
Et tu connais la vigne
Qui se tait à la nuit.
Tu es sans paroles.
Il y a une terre taciturne
Et ce n’est pas ta terre
Sur arbres et collines.
Des eaux et des campagnes.
Tu es silence muré
Inflexible, tu es lèvres,
Sombres yeux. Tu es la vigne.
C’est une terre qui attend
Et qui est sans paroles.
Des journées ont passé
Sous des cieux enflammés.
Tu as joué aux nuages.
C’est une terre mauvaise –
Et ton front le sait bien.
9a aussi c’est la vigne.
Tu retrouveras
Nuages et roseaux, et les voix
Comme une ombre de lune.
Tu retrouveras des paroles
Par-delà la vie brève
Et nocturne des jeux,
Et l’enfance fervente.
Le silence sera doux.
Tu es la terre et la vigne.
Un silence fervent
Brûlera la campagne
Comme les feux au soir.