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Citations sur Travailler fatigue. La mort viendra et elle aura tes .. (80)

Tu as un sang, une haleine.
Tu es faite de chair
de cheveux de regards
toi aussi. Terre et arbres,
ciel de mars et lumière,
vibrent et te ressemblent –
ton rire et ta démarche
sont des eaux qui tressaillent –
la ride entre tes yeux
des nuages amassés –
ton tendre corps rappelle
un coteau au soleil.
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Il n’est chose plus amère que l’aube d’un jour
où rien n’arrivera. Il n’est chose plus amère
que l’inutilité. Lasse dans le ciel, pend
une étoile verdâtre que l’aube a surprise.
Elle voit la mer sombre et la tache du feu
et près d’elle, pour faire quelque chose, l’homme qui se réchauffe ;
elle voit, puis tombe de sommeil entre les monts obscurs
où est un lit de neige. L’heure qui passe lente
est sans pitié pour ceux qui n’attendent plus rien.

Est-ce la peine que le soleil surgisse de la mer
et que commence la longue journée ? Demain
reviendront l’aube tiède, la lumière diaphane,
et ce sera comme hier, jamais rien n’arrivera.
L’homme seul ne voudrait que dormir.
Quand la dernière étoile s’est éteinte dans le ciel,
lentement l’homme bourre sa pipe et l’allume.
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“Pauvre âme fatiguée et fardée
nous qui flânons dans la cohue des rues
usés par une vie que nous ne vivons pas”
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Tu es la vie et la mort.
Tu es venue en mars
sur la terre nue -
et ton frisson dure.
Sang de printemps
- anémone ou nuage -
ton pas léger
a violé la terre.
La douleur recommence.
Ton pas léger
a rouvert la douleur.
La terre était froide
sous un pauvre ciel
immobile et fermée
comme dans la torpeur d’un rêve,
comme après la souffrance.
Et la glace était douce
dans le cœur profond.
Entre vie et mort
l’espoir se taisait.
Maintenant ce qui vit
a une voix et un sang.
Maintenant terre et ciel
sont un frisson puissant,
l’espérance les tord,
le matin les bouleverse,
ton pas et ton haleine
d’aurore les submergent.
Sang de printemps,
toute la terre tremble
d’un ancien tremblement.
Tu as rouvert la douleur.
Tu es la vie et la mort.
Sur la terre nue,
tu es passée légère,
hirondelle ou nuage,
et le torrent du cœur
s’est réveillé, déferle,
se reflète dans le ciel
et reflète les choses -
et les choses, dans le ciel, dans le cœur,
souffrent et se tordent
dans l’attente de toi.
C’est le matin, l’aurore,
sang de printemps,
tu as violé la terre.
L’espérance se tord,
et t’attend et t’appelle.
Tu es la vie et la mort.
Ton pas est léger.
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« ici sur la hauteur, la colline n'est plus cultivée.
il y a les fougères, les roches dénudées et la stérilité.
le travail ne sert à rien ici. »
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“Les deux hommes fument sur la rive. La femme qui nage
sans briser la surface, n’aperçoit que le vert
de son bref horizon. Cernée d’arbres et de ciel
s’étend l’eau où la femme glisse
sans corps. Dans le ciel les nuages se posent
et paraissent immobiles. La fumée se fige dans l’air.”
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LA NUIT

Mais la nuit houleuse, la nuit transparente,
que le souvenir ne faisait qu'effleurer, est bien loin,
c'est un souvenir. Un calme persiste stupéfait,
fait aussi de feuilles et de néant. Seule reste,
de ce temps au-delà des souvenirs, une quête
incertaine du souvenir.

Parfois revient au jour
dans la lumière immobile du jour d'été cette stupeur lointaine.

Par la fenêtre vide
l'enfant regardait la nuit sur les collines
fraîches et noires, stupéfait de les voir amassées :
immobilité vague et limpide. Au milieu du feuillage
qui bruissait dans le noir, se montraient les collines
où les choses du jour, versants, arbres et vignes,
étaient nettes et mortes, et la vie était autre
faite de vent, de ciel, de feuilles et de néant.

Parfois
dans le calme immobile du jour revient le souvenir
de cette vie pensive, dans la lumière stupéfaite.


(extrait de " Travailler fatigue " - p. 49)


.
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" [...]
Maintenant ce qui vit
a une voix et un sang.
Maintenant terre et ciel
sont un frisson puissant,
l'espérance les tord,
le matin les bouleverse,
ton pas et ton haleine
d'aurore les submergent.
Sang de printemps,
toute la terre tremble
d'un ancien tremblement.

Tu as rouvert la douleur.
Tu es la vie et la mort.
Sur la terre nue,
tu es passée légère,
hirondelle ou nuage,
et le torrent du cœur
s'est réveillé, déferle,
se reflète dans le ciel
et reflète les choses -
et les choses, dans le ciel, dans le cœur,
souffrent et se tordent
dans l'attente de toi.
C'est le matin, l'aurore,
sang de printemps,
tu as violé la terre.

L'espérance se tord,
et t'attend et t'appelle.
Tu es la vie et la mort.
Ton pas est léger."


25 mars 1950.
(extrait de " La mort viendra et elle aura tes yeux " - pp. 209-210).

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"Il arrive qu'une femme rencontre une épave et qu'elle décide d'en faire un homme sain. Elle y réussit parfois. Il arrive qu'une femme rencontre un homme sain et décide d'en faire une épave. Elle y réussit toujours."

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MATIN

La fenêtre entrouverte enferme un visage
sur la plaine marine. Ses cheveux vagabonds accompagnent la tendre cadence de la mer.

Il n'y a pas de souvenirs sur ce visage.
Rien qu'une ombre fugace, comme celle d'un nuage. L'ombre est humide et douce comme le sable
d'une caverne intacte, quand vient le crépuscule.
Il n'y a pas de souvenirs. Rien qu'un chuchotement qui est la voix de la mer devenue souvenir.

Au crépuscule, l'eau moelleuse de l'aube
s'abreuve de lumière, éclairant le visage.
Chaque jour sous le soleil, c'est un miracle
sans âge : une lumière saline l'imprègne
et une saveur de vivant fruit marin.

Aucun souvenir ne vit sur ce visage.
Aucune parole ne peut le contenir
ou le lier aux choses du passé. Hier,
par l'étroite fenêtre il s'est évanoui
comme il s'évanouira tout à l'heure, sans tristesse, sans paroles humaines, sur la plaine marine.


(extrait de " Travailler fatigue " - p. 56)

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