Héritages

La cueillette a été bonne ? Une dizaine d'oeufs frais reposaient dans le fond du panier.
Sur la douzaine de poules qu'il possédait, c'était un bon rendement. Mais en cette saison c'était normal, l'ancien répondit :
oui, tout en tendant le panier à Imanol. Dans la cuisine, Aitatxi échangea quelques pots en Euskera avec sa femme ; le garçon comprenait cette langue, mais une partie de l'échange lui échappa.
Ils ressortirent et descendirent trois marches. Ils se retrouvèrent dans la lumière tamisée de l'eskaratz. Aitatxi marqua le pas. De son makila, il tapota le sol dallé.
Ton père avait raison lorsqu'il disait que cette maison est une vraie maison basque. Ici par exemple, c'était le coeur de la ferme : tu as remarqué que le plafond est très haut ? autrefois, les charrettes bondées de foin pénétraient jusqu'ici.
Jusque dans la maison ?
Oui, bien sur, tu vois la trappe, là ? Le vieil homme leva son makila. Le foin était monté dans le fenil par cette ouverture et entassé pour l'hiver, ainsi, s'il venait à pleuvoir, la charrette était à l'abri et nous pouvions la décharger. Et même, à la place du bois que tu vois empilé au fond, il y avait à l'époque du matériel agricole....
Pour lui, ce lieu était chargé d'histoire et démotions.
Il s'assit et resta un moment silencieux. Imanol avait pris place sur une des marches de l'escalier, les genoux repliés, les coudes en appui, le menton reposant sur le creux de ses mains, tout près du grand-père. Celui-ci reprit :
cette pièce servait également de salle à manger les jours de fête. Après les dures journées de travail c'était encore là que voisins et amis qui avaient pris part au travail se réunissaient pour se restaurer. Ou bien encore les soirs d'hiver tous réunis autour du maïs. ...