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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1977. A Téhéran, le chah et son épouse règnent en despotes sur le pays, affichant un faste qui contraste avec les difficultés quotidiennes du peuple, dont une part croissante survit à peine. Sans compter la crainte obsédante de la Savak, la milice qui traque les potentiels ennemis du régime, pour les emprisonner et les torturer.

L'une des passions Farah Palahvi, la Chahbanou, est la peinture. Ne faisant pas les choses à moitié, elle acquiert pour une fortune des tableaux de maître qu'elle souhaite mettre en valeur dans le musée créé pour cette collection. Étalage de richesse et provocation envers la religion rendent l'inauguration de l'édifice cahoteuse.

C'est dans cet univers qu'il découvre que le jeune Cyrus trouvera son premier emploi, chargé de convoyer les précieuses oeuvres depuis l'aéroport jusqu'au musée. La découverte de cet art transforme sa vie.

Vient le temps de la révolte et de la destitution du dictateur. Après une courte période de liesse, les Iraniens voient avec stupeur et désespoir, leurs espoirs de jours meilleurs s'envoler sous le joug d'une nouvelle oppression, celle de l'imam Khomeini et de ses zélés serviteurs. Que deviendra le musée et ses toiles sulfureuses ?


Passionnante évocation des années désastreuses qui ont métamorphosé l'Iran et créé un bastion solide pour les islamistes intégristes. La chute est d'autant plus douloureuse qu'elle fait suite à un rêve d'égalité et de justice.
Le musée né des lubies sans limites de l'impératrice et la vocation qu'il suscite chez Cyrus, l'enfant du pays échoué par hasard dans ce milieu dont il ne soupçonnait même pas l'existence est un havre de paix au coeur du pays supplicié. Les oeuvres qu'il abrite deviennent pour le jeune gardien l'objet d'un culte pour lequel il donnerait sa vie.

La politique et l'art sont au coeur de ce premier roman passionnant et émouvant. Entre révolte et admiration, le lecteur vit avec le héros ces sentiments disparates et les conflits de conscience que la situation provoque.

La lecture renvoie de plus à l'actualité la plus récente alors que le peuple d'Iran est à nouveau dans la rue.

240 pages Plon 2 mars 2023
Sélection Prix Orange 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Réservation Librairie Chantelivre/ Issy- 5 avril 2023

Un éblouissement complet que ce roman issu d'une histoire réelle !

L'histoire débute en 1977, en Iran, sous le règne du Shah...Un extrait parfait pour camper notre histoire et
" notre héros ", Cyrus...dont on va suivre l'incroyable destinée de 1977 aux années aussi terribles sous la férule de Khomeiny..et au-delà ( jusqu'aux années 2015-2016)...

"De Farah Pahlavi, il ignorait presque tout au moment de son couronnement. (...)
C'était " l'impératrice des arts".L 'empereur lui accordait toute confiance et elle faisait ouvrir les musées les uns après les autres.Qu'est-ce qu'il y connaissait, lui, à l'art, à la culture, à la peinture moderne, le gamin timide qui avait arrêté l'école à 15 ans, fils d'un jardinier et d'une couturière ?
(...)
Et pourtant.Aujourd'hui, en ce mois de mars 1979 chahuté par le révolution islamique, il est l'un des derniers survivants d'un monde en voie d'effondrement. (...)
De lui dépend l'avenir du Musée d'Art moderne de Téhéran, le préféré de l'impératrice, le plus mystérieux aussi. de lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran.A 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges. "

Début du récit avec le mariage dispendieux du Shah avec sa deuxième épouse, Farah Diva...débauche de luxe, de dépenses, de fêtes royales...alors que le peuple iranien vit dans la misère, et une partie dans des bidonvilles, sans omettre la répression sauvage et abusive pour toute opposition au régime...

Le mécontentement du peuple gronde de plus en plus...le couple impérial d'aveugle ou se trouve "déconnecté " des réalités du quotidien des Iraniens.

Dans le même temps, Farah, " L' Impératrice des Arts" ( comme elle est surnommée) a une ambition et une passion: elle voudrait ouvrir son pays " à la modernité ", et pour ce faire, elle veut réaliser, élaborer un vaste Musée d'art moderne, débutant avec les Impressionnistes, qu'elle affectionne, tout particulièrement...mais aussi l'artiste du moment, très en vogue: Andy Warhol...

Les débuts du roman s'attardent sur la mise en place gigantesque de ce fabuleux musée, qui se veut " unique" en soi !

C'est là qu'intervient notre " jeune héros ", Cyrus Farzadi, 25 ans, sans formation particulière, qui se voit propulsé " chauffeur " mais pas n'importe lequel...Chauffeur, " homme de confiance" qui réceptionne l'arrivée des oeuvres d'art, provenant des 4 coins du monde, vérifie, contrôle et les transporte au futur Musée....

Inauguration flamboyante avec tout " le gratin politique et artistique " mondial pour honorer cet exceptionnel musée !

Cyrus est bien conscient que les réalités de son pays sont nettement moins " reluisantes "!! Toutefois, ce travail, ses responsabilité, la découverte de l'Art," hors frontières " ...tout cela va être un " vrai coup de foudre" pour Cyrus....

A un tel point qu' il y consacrera toute sa vie, toute son énergie, en dépit des risques, en louvoyant avec l'arrivée du nouveau régime et le brusque renversement du couple impérial....

"Bien sûr, la face sombre du régime ne lui échappe pas, contrairement à ce que lui reprochait Azadeh, bien sûr, qu"il juge intolérable de voir son peuple trembler de peur, qu'il est écartelé entre deux mondes.Mais la vérité, c'est qu'il se sent chaque jour un peu plus à sa place dans ce Musée et qu'il n'a aucune envie de le quitter. Il y a trouvé un cocon rassurant et feutré, préservé des soubresauts extérieurs et de la tempête qui gronde.Il s'éveille, à sa grande surprise, aux émotions artistiques, avides d'apprendre, de savoir, il aime la folie de ces étrangers qui apportent toute leur énergie créatrice, il apprécie leur contact même s'il n'est pas des leurs et qu'il ne le sera jamais.Lorsque Monsieur Diba réfléchit pendant des heures à la meilleure place pour mettre en valeur un tableau, il est ému. (...) Ce Musée le fait voyager vers des territoires inconnus et insoupçonnés, mais il sait que son oncle Ali, en ce moment, maudit l'art des Pahlavi, et toute leur dynastie."


Ce simple chauffeur- gardien va devenir "la cheville ouvrière " , indispensable de ce temple de l'Art.Il s'adaptera, composera comme il pourra. ..En parallèle de ce personnage romanesque à souhait ...on assiste aux violents soubresauts du pays, des changements radicaux dûs à la Révolution de Khomeiny...Une autre dictature au nom de la Religion et de la haine de l'Occident, diabolisé à l'extrême....

Cyrus navigue, des années durant, avec astuce, intelligence, diplomatie, ruse, pour contourner ou éviter les censures, en laissant cachées les " oeuvres impies " , mais aussi de convaincre le nouveau pouvoir de ne surtout pas vendre les oeuvres, tout cela, avec une grande habileté...

Une histoire EXTRAORDINAIRE, tel un conte de fées, qui nous éblouit sans réserve, à travers cet homme, merveilleux exemple de personnalité pacifique, son esprit s'ouvrant et se délectant de cet Amour de l'Art, de la Création artistique...qui eux, n'ont pas de frontières...

*** je voudrais faire une petite parenthèse en remerciant abondamment l'amie kittiwake, d'avoir attiré mon attention sur cet ouvrage, par sa chronique très incitative !

Sans omettre ....Un immense Merci à Stéphanie Perez...pour cette fabuleuse histoire, qui illumine, nous fait vibrer...nous interpelle dans une actualité brûlante !

**** est jointe in-fine une liste non exhaustive des oeuvres occidentales du Musée d'Art contemporain de Téhéran ( un.peu plus d'une cinquantaine de toiles)

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A la fin des années 1970, l'Iran se tourne vers l'Amérique : Rocky est projeté au cinéma, les bars servent du Pepsi, les discothèques fleurissent, etc. Dans un taxi collectif, sont assises l'une à côté de l'autre, une adolescente en mini-short et une vieille dame voilée, reflétant les contradictions de la capitale. Les mosquées succèdent aux débits de boissons branchés, le muezzin se mêle aux voix des chanteurs pop. Téhéran est en effervescence.


L'empereur Mohammad Rena Pahlavi, le chah, est fier de la direction qu'il impose à l'Iran : celle de la modernité. Cependant, cette vitrine cache la réalité « la répression exercée par les hommes du chah, la censure, les excès de la Cour, les scandaleux écarts de richesse dans la population » (p. 45), les tortures exercées par la Savak, etc. La dictature ne dit pas son nom, mais s'exerce sur le peuple. Les bidonvilles sont cachés, seule l'opulence s'expose. Aussi, des mouvements clandestins de contestation naissent.


En 1977, l'impératrice Farah Diba rêve d'un grand projet : un musée d'Art contemporain à Téhéran. En secret, elle a acheté des grandes oeuvres occidentales, telles que Marilyn Monroe d'Andy Warhol, Nature morte à l'estampe japonaise de Paul Gauguin, Gabrielle à la chemise ouverte de Pierre-Auguste Renoir. Aujourd'hui, ces trésors sont toujours en Iran.


Trois mois avant l'ouverture, Cyrus Farzadi est embauché comme chauffeur. Il est chargé de convoyer les tableaux. Même s'il n'a pas les connaissances pour interpréter les oeuvres, sa rencontre avec l'Art le bouleverse. Aussi, lorsque la Révolution islamique s'empare du pays, Cyrus décide de rester. Il devient le gardien du musée. Malgré sa personnalité timide, il se bat pour sauver les toiles, pourtant jugées décadentes par la loi islamique. Il lutte pour empêcher leur destruction.


Je connaissais peu l'Histoire de ce pays. Pour moi, l'Iran, c'étaient les souvenirs du journal télévisé qui s'ouvrait, dans mon enfance, avec la guerre entre l'Iran et l'Irak. C'était, aussi, l'admiration que j'éprouve pour les femmes iraniennes, qui protestent contre le régime, et pour les hommes qui les soutiennent. C'était le respect profond que j'éprouve pour leur courage et une révolte pour leurs souffrances.


Avec le gardien de Téhéran, j'ai découvert un peuple qui s'était déjà soulevé en 1977 contre la dictature du Chah et contre la pauvreté. Un peuple qui a cru aux promesses des Mollahs et à celles de Khomeini, alors exilé en France ; des hommes et des femmes qui ont pensé pouvoir contrer la loi islamique, une fois le pouvoir renversé. Mais c'est un voile qui a recouvert les cheveux et les libertés qui commençaient à émerger. le mal a remplacé le mal.


Ce récit est captivant. Il m'a montré le peu de connaissances que je possédais sur l'Iran. Stéphanie Perez déroule, avec émotion et sensibilité, le passé douloureux qui se perpétue dans le présent. Enrichie par ces informations, je me suis interrogée sur différents évènements du monde actuel. Ce livre m'a apporté un éclairage qui me manquait pour les comprendre. Il m'a fait beaucoup réfléchir au sujet des insurrections, partout dans le monde, souvent légitimes, mais souvent récupérées. Les Iraniens ont été dépossédés de leurs rêves. Une tyrannie religieuse a remplacé une dictature politique. J'ai été bouleversée par ce roman. C'est un coup de coeur pour moi.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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impossible de ne pas mettre en parallèle le sujet de ce beau roman avec l'histoire de Rose Valland, conservatrice de musée et résistante française. qui a permis la sauvegarde et la récupération de plus de 40 000 oeuvres d'art volés et spoliés par les nazis, notamment aux familles juives, durant l'Occupation.
Ici, nous sommes en Iran, dans le musée d'Art contemporain cher au coeur de Farah Pahlavi, impératrice d'Iran jusqu'au renversement de la monarchie en 1979. Un petit gardien va permettre de sauver des oeuvres que Khomeini juge impures. L'actualité nous rappelle aujourd'hui que la liberté a un prix.
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Ce roman s'inspire d'une histoire vraie, celle du musée d'Art contemporain de Téhéran, ouvert en 1977 et de son gardien, Cyrus Farzadi, un homme simple et timide de vingt-cinq ans, qui a protégé les oeuvres qui risquaient d'être détruites car considérées comme subversives par les fanatiques religieux. Cet homme a gardé un patrimoine culturel inestimable dans la réserve du musée veillant sur elles comme sur ses propres enfants.

Ce roman retrace une page d'histoire de l'Iran, l'auteure raconte l'atmosphère de Téhéran du temps du Shah, les excès et intrigues de la Cour, les scandaleux écarts de richesse dans la population, la corruption, la répression exercée par la Savak, redoutable police secrète du Shah, la censure de la presse, les emprisonnements et la torture.
Stéphanie Perez raconte aussi la volonté de Farah Diba, surnommée "l'impératrice des arts", de contribuer à la modernisation de son pays en ouvrant un musée qui aurait pour ambition de servir de passerelle entre Est et Ouest, regroupant oeuvres iraniennes et chefs-d'oeuvre occidentaux.
Nous revivons l'ambiance survoltée de l'inauguration du musée fin 1977, la colère qui monte face aux excès du régime "les folies précédent toujours les grandes catastrophes... L'Iran danse sur un volcan", les prémices de la révolution jusqu'à la main mise de Khomeiny sur le pays, la campagne de "purification" culturelle qui s'attaque à tout ce qui a symbolisé la politique d'ouverture vers l'ouest des Pahlavi.
Ce roman brosse aussi le portrait de Cyrus, un homme issu des bas quartiers, fils d'un jardinier et d'une couturière, un homme sans diplôme ni formation artistique, qui s'est senti attiré par ce milieu très éloigné du sien. Stéphanie Perez décrit sa volonté d'apprendre, l'éveil de sa sensibilité artistique, sa sensation d'être écartelé entre deux mondes, le monde de l'art qui gravite autour du couple impérial et le monde populaire des bas quartiers de Téhéran auquel il appartient. Deux mondes qui vont finir par rentrer en collision.
En 1979 la révolution islamique mène au pouvoir des fanatiques religieux pour qui les nus et les toiles des artistes homosexuels pourraient être considérées comme impies. Il va falloir cacher les tableaux dans la chambre forte, "dissimuler les tableaux, c'est les condamner à l'obscurité, c'est le pays entier qui s'apprête à plonger dans le noir". Ce chauffeur-livreur, que rien ne prédisposait à cela, va devenir le gardien d'un patrimoine exceptionnel, il va cacher et protéger les tableaux dans la réserve, puiser réconfort et force dans ces toiles, "veiller sur les tableaux comme eux l'ont éveillé". Il va parvenir à dresser l'inventaire de ces oeuvres et les sauver de la folie destructrice des gardiens de la révolution islamique.
Extrêmement fluide et très bien romancée cette histoire est instructive et captivante. Un roman qu'il est impossible de lâcher !
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Persépolis, Ispahan, des villes qui font rêver…..malheureusement, la population iranienne, est loin d'un conte des 1001 nuits.
Pourtant le Shah et L'Impératrice veulent se tourner vers la modernité, avec comme modèle l'Amérique, la France. ….avec en autre autre, l'ouverture d'un très grand musée d'Art Contemporain.

Mais les inégalités avec le peuple sont trop grandes et la police trop répressive…..cette nouvelle folie va précipiter le retour des intégristes

Cyrus, un jeune homme du peuple est engagé comme chauffeur….La rencontre avec ces toiles de Maitres va bouleverser sa vie et sa vision du monde.

Un très beau livre, toujours très actuel, qui aide à comprendre la situation de ce pays, en nous donnant une belle leçon de peinture.

Grand coup de coeur !!!
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2ème lecture 2024 pour les 68premieresfois

Un roman hyper intéressant et éclairant sur les événements qui se sont déroulés en Iran de 1979 à 2016.
Une histoire vraie. Celle d'un homme parti de rien, qui sans le vouloir va devenir envers et contre tout, le gardien des tableaux et peintures achetés par l'impératrice Farah pendant le règne de son époux, le Shah d'Iran.
Des oeuvres d'art peintes par les plus grand artistes du monde entier.
Un gardien d'un courage exemplaire !
J'ai beaucoup aimé découvrir l'écriture de l'autrice.
Une excellente lecture.


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1967, Téhéran fête le couronnement du Chah sous l'oeil de Cyrus, gamin timide, fils d'un jardinier et d'une couturière.
1977, Cyrus est devenu gardien au Musée d'art moderne de Téhéran qui abrite quelques 300 tableaux de maîtres avec pour mission de les protéger contre l'ignorance et la morale islamique.
Sous le règne du chah, la capitale iranienne est devenue une ville moderne ouverte sur le monde.
« Dans l'Iran du chah, la démesure est un art de vivre ». Dans les beaux quartiers, le champagne importé de France, le caviar luxueux, les drogues et le libertinage règnent au sein de la classe aisée tandis que les pauvres se révoltent de tant de dépenses, alors qu'il leur est tout bonnement difficile de se procurer à manger.
La révolte gronde entraînant le départ du Chah et de son épouse pour un exil lointain avant le retour de l'ayatollah Khomenei.
Le musée fermé, Cyrus se retrouve seul avec la folle envie de cacher les oeuvres pour les protéger.
Parfaitement documenté, ce roman s'abrite derrière le personnage de Cyrus pour raconter l'histoire d'un musée.
Plus qu'un roman c'est une quarantaine d'années de l'histoire iranienne qui se déroule au fil des pages, reliant les époques et les êtres à travers la vie de Cyrus.
Il est difficile de lâcher ce roman tant il est passionnant.
Le héros de cette histoire que nous découvrons adolescent devient un homme courageux.
Merci aux Editions Plon qui m'ont permis cette découverte via NetGalley.
#LegardiendeTéhéran #NetGalleyFrance


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Téhéran – 1977. « Ce roman s'inspire d'une histoire vraie, celle du musée d'Art Contemporain de Téhéran ouvert en 1977. Un musée dont le destin est intimement lié à celui de son gardien, gamin des bas quartiers, qui a contribué à sauver et conserver les trésors de l'impératrice Farah Diba, lors de la Révolution Islamique de 1979. »

Cyrus est un jeune homme pauvre, discret, sensible qui va travailler au Musée d'Art moderne de Téhéran, joyau de la Chahbanou.
Cyrus ne connaît rien aux peintures et pourtant, tout de suite, les tableaux vont lui parler, vont donner un sens à sa vie. Ce musée devient sa bulle d'oxygène.
Car l'Iran est un pays de contrastes et tout au long du récit, l'auteure saura parfaitement l'illustrer.

Contraste entre les iraniens, la volonté de modernité pour les uns, de repli et de religion pour les autres.
En quelques mots précis, c'est particulièrement bien évoqué :
« Dans le taxi collectif qui le conduit près du parc Laleh, coincé en entre une adolescente en minishort, maquillée comme une voiture volée et une grand-mère accrochée à son chapelet, sous son tchador… »

Contraste entre les fastes du Shah et la misère de la population. Et ce fossé s'agrandit inexorablement durant ces deux années.
La célébration des 2500 ans de l'Empire Perse est particulièrement significative : « c'était le festin de la démesure, une incroyable débauche de luxe et de fastes, la féerie des Mille et une nuits, grandeurs nature. Une partie du pays criait famine… »

Contraste entre la personnalité discrète, timide de Cyrus et le contexte historique enflammé. Contraste entre sa lucidité, car il redoute, ne serait-ce qu'en voyant le portrait sévère de Khomeiny, une dictature bien pire à la situation qu'il connaît actuellement, alors que les iraniens le voient comme le Sauveur.
En fait Cyrus est le « révélateur » de ce qui va se produire, et il permet au lecteur de mieux appréhender la réalité historique : « La nouvelle République Islamique prône la disparition des corps, la population s'efface, elle n'est plus que voile et froissement de longs tissus. le voile de la peur s'est abattu sur le pays. »



Car, avec la lecture du passé, on touche du doigt ce qui se passe actuellement en Iran. Un peuple poussé à bout, qui va jusqu'au bout de la révolte, quel qu'en soit le prix.
C'est pareil en ce moment qu'en 1978 : « l'Iran danse sur un volcan. La terre gronde de plus en plus fort, la secousse menace, l'éruption n'est qu'une question de jours, les flots de colère vont se répandre inexorablement, un magma révolutionnaire et fumant qui menace de recouvrir le pays. »

J'ai beaucoup aimé aussi la résilience, l'apaisement que peut apporter la peinture et l'art en général. Ce qui devient la raison de vivre d'un gamin misérable, ce qui l'ouvre au monde, ce qui lui permet de grandir et de percevoir avec sa sensibilité, toute l'essence d'un tableau.

Un roman riche d'enseignements sur la complexité du pays et son contexte historique et social. A lire, si on veut mieux saisir l'Iran.

Lu dans le cadre du prix Orange 2023.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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1977. L'Iran, dirigée par le shah, Mohammad Reza Pahlavi, bouillone. D'un côté elle s'ouvre au monde occidental et étale un faste insolent. de l'autre le révolte gronde. Les inégalités sont chaque jour plus criantes et la Savak, police militaire aux ordres du régime, fait régner la terreur sur les opposants. Dans ce contexte, le musée d'art moderne de Teheran s'apprête à ouvrir, avec une collection faisant pâlir d'envie les plus grands musées du monde. Cyrus Farzadi, jeune homme de 23 ans y est embauché comme chauffeur. La découverte de l'art et d'un univers à l'opposé du sien pour ce modeste jeune homme qui a grandi dans un faubourg crasseux de la capitale iranienne. Mais quand la révolution islamique renverse le shah et emmène les mollahs au pouvoir, Cyrus se retrouve seul pour défendre ces oeuvres d'art jugées impies. le destin incroyable d'une chauffeur devenu conservateur et sauveur d'un musée fantôme.

Quand l'art devient universel. Quand il éveille à la beauté et réveille les consciences. Quand il devient un refuge, un rempart contre l'obscurantisme. Certains romans tiennent tout entier sur la beauté de leurs personnages, sur la proximité que l'on noue avec eux et c'est clairement le cas de ce livre. J'ai ressenti une bouffée de tendresse immense pour Cyrus, un homme simple et attachant à la clairvoyance émouvante, un homme sensible et discret, tombé amoureux de ces oeuvres dans lesquelles il puise la force de supporter les soubresauts de son pays. Cyrus, héros de papier, mais mon émotion s'est encore accrue en découvrant que ce personnage existe réellement. Stephanie Perez, grand reporter, l'a rencontré et c'est ce qui donne le supplément d'âme à cette histoire incroyable. On sent aussi dans ce livre la patte de la journaliste, sa connaissance pointue de l'histoire contemporaine iranienne, son sens du récit qui nous permet de comprendre le contexte politique de ce pays et son sens du détail qui en quelques mots nous transportent dans cette ambiance orientale.
Une histoire bouleversante qui résonne encore plus fort aujourd'hui quand on voit les heures noires que traverse encore une fois ce pays. Qu'il envoie plein de force au Cyrus qui encore aujourd'hui veille sur ce trésor.

« Mais l'Iran danse sur un volcan. La terre gronde, de plus en plus fort, la secousse menace, l'éruption n'est qu'une question de jours, les flots de colère vont se répandre inexorablement, un magma révolutionnaire et fumant menace de recouvrir le pays. »
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