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4,16

sur 2084 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Extrait : Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués.

Voilà ce qui résume cet ouvrage.
Au départ, j'ai eu beaucoup de mal à lire le livre, le langage lorrain, je suppose. Mais l'histoire m'a bouleversé…
Une belle rencontre d'une famille très attachante : un père se retrouvant seul avec ses deux fils : Fus et Gillou après la mort de leur moman…
Un combat au quotidien qui décimera cette famille… à vous de découvrir comment et pourquoi ?

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Sauce clichés, relevé d'une pointe de condescendance.
Ce foyer lorrain semble comme englué dans le gris, le terne, la mort, celle de "la moman" tout d'abord, la mère, emportée par un cancer au bout de trois longues années de souffrance. "Mais je crois qu'elle énervait les médecins, pas assez motivée, pas assez de gueule en tout cas. Ils attendaient qu'elle se rebiffe, qu'elle dise comme les autres, qu'elle allait lui pourrir la vie à ce cancer, le rentrer dans l'oeuf. Mais elle ne le disait pas. Un truc de film, un truc pour les autres." p 22/23.
Pas de rebellion, pas de face à face, pas d'action, rien que des pensées désespérées et des non-dits qui font mal au coeur, qui collent à la peau tout le long du livre dont le narrateur est le père de famille. Il en va de même quand son fils aîné commence à trainer avec une bande d'extrême droite, ce qui crée un gouffre entre eux où même la communication est rompue. Lui, cheminot, acoquiné à la section PS de son bled. Même le foot n'arrive plus à les réunir, ou alors pour un temps bien fugace.

Tout à fait le cliché du portrait de Cht'is tel que le film du même nom les a caricaturés, mais version tragique, sans DanyBoon, sans J.P Rouve. Des éléments noirs et gris qui s'entassent sous un ciel gris: le milieu "moyen", ouvrier, qui aime le foot en buvant des binouzes, les dérives radicales dans un milieu où rien ne semble décidé à bouger, où l'on se laisse porter à croire que Marine et ses sbires en on la capacité et la légitimité. Où l'on se laisse entraîner par un cancer, comme par le FN, animés d'une sorte de fatalisme et de bêtise horripilants.
Ca se passe dans le Nord, dans ce livre, ça aurait pu se passer n'importe où ailleurs en France, le cliché me semble en fait plus porté sur une sorte d'image de la "France d'en bas" plutôt que sur les lorrains en particuliers. Cette France qui parle mal français et regarde du foot une bière à la main la bouche pleine de chips et de "sale pd, sale arabe". Cette France qui existe bel et bien, il ne faut pas le nier, mais faut-il vraiment la charger d'autant de tares à la fois de façon si directe et simpliste?
Les tournures de phrases du narrateur, pour coller à l'image du pov'type ouvrier qui parle mal français m'ont plus d'une fois agacée. "Les deux lui répondaient, ça il n'y avait pas de problème, mais il n'aurait pas été là, que ç'aurait été la même chose."p93...Sans compter les nombreux "...que je lui dis." ou "...qu'il lui dit." en fin de phrase.


Ce pauvre type est attachant, aussi, je ne suis pas restée insensible à sa peine, au cheminement de son amour pour ses enfants, malgré sa déception, sa honte vis-à-vis de son fils facho. Son incapacité à le secouer, par peur de briser le fil infime qui survit entre eux. Sa culpabilité. Quelque chose aurait-il été différent si la moman était encore là? L'a-t-il délaissé? Comment agir quand son enfant prend un chemin que l'on réprouve et qui nous fait peur? Comment ne pas mettre le feu aux poudres et risquer de le perdre totalement? Etre là quoiqu'il advienne, serrer les fesses? Une sorte "d'entre deux" inconfortable que subit le père de famille avant que le tout ne s'envenime...

"J'avais finalement compris que la vie de Fus avait basculé sur un rien. Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de cette foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards".
Sauf à la détresse de ce père de famille, je n'ai pas adhéré à grand chose de ce roman, ni son ton résolument sans espoir, ni à ce qui m'a semblé de la condescendance pour un certain milieu, celui des "petites gens", dépeint d'une façon qui m'a semblée misérabiliste.
Ce que dit ce père vers la fin du livre (ci dessus) me semble comme une excuse que je ne cautionne pas à la bassesse de certains. Je n'ai pas envie de voir les choses de cette façon, c'est long une vie, et rien ne dit qu'à un moment nous ne soyons pas capable de se prendre en main, de passer de taulard à roi du monde, ou inversement d'ailleurs.

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J'ai lu énormément de chroniques élogieuses lors de la parution de ce livre il y a un an et, influencée par celles-ci, j'ai acheté ce premier roman de Laurent Petitmangin mais il est resté sur mes étagères depuis..... Je le prenais et le reposais comme si je sentais soit que ce n'était pas le bon moment, soit que j'allais être déçue.... Et bien c'est la deuxième hypothèse qui est la bonne.

Je suis restée à distance des personnages et de l'histoire qui n'ont provoqué en moi aucune émotion, trouvant la trame et les éléments assez prévisibles, avec ce qu'il faut de pathos et de stéréotypes dans ce type de récit. Les ingrédients : un deuil, un père méritant et dévoué, une plongée dans le contexte régional avec le phrasé utilisé dans les familles ou entre collègues et voisins :" Le" Jacky, "La"" moman", des relents de l'ambiance de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu (géographiquement similaire) mais également ses rituels (le foot, les voisins, le quotidien etc...). Une description d'un père mettant tout son coeur à élever ses enfants dignement, sacrifiant sa vie à leur bonheur et comment il se retrouve face à une situation à laquelle il ne pensait pas un jour être confrontée, n'ayant rien vu arriver des orientations de son fils et devant faire face à ce fils devenu un homme étranger à l'enfant qu'il a élevé. Voilà.....

Je n'ai pas véritablement de reproches à faire sinon que je l'ai lu sans m'y attacher, l'écriture se voulant au plus près du contexte et devant agaçant au fil des pages avec ses accents locaux, l'auteur explorant à la fois les sentiments d'un père non préparé à se retrouver seul à élever deux enfants, voulant combler l'absence et soigner la douleur en faisant tout ce qu'il faut pour que ses garçons aient une enfance "comme les autres" et qui cherche finalement où a été la faille (si faille il y a), car il ne voit, lui, qu'en Fus, l'enfant qu'il a élevé, offrant toujours avec lui le même visage, le même comportement. Il est son enfant et restera son enfant. 

La pudeur de cette famille, de leurs sentiments jamais exprimés par des mots, cette distance entre eux ne m'a pas permis de ressentir une proximité avec les personnages, j'ai lu le déroulé des événements et ai senti la finalité bien avant qu'elle n'arrive. J'aurai aimé que l'auteur creuse un peu plus, qu'il donne peut-être plus la parole à Fus, que celui-ci s'exprime sur ses choix ou à Gillou, le fils parfait. Pas assez approfondi pour moi, trop superficiel et trop convenu.

Je n'en dirai guère plus mais une déception. J'ai vu qu'il avait obtenu le Prix Femina des lycéens en 2020 et je pense justement qu'il est peut-être plus destiné à des jeunes adultes qui pourront peut-être y trouver une source de réflexion sur les origines et le parcours de ceux que l'on retrouve dans ces groupuscules extrémistes.

J'ai aimé mais sans plus.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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"Ce qu'il faut de nuit" m'avait intrigué par son titre qui évoque les ténèbres par lesquelles un homme doit parfois passer avant de trouver la lumière. C'est d'abord un magnifique portrait de famille d'un papa avec ses deux enfants à la croisée des chemins. Tourné caméra à l'épaule (je me comprends), il ne s'encombre pas de dialogues inutiles ou de longues déclarations d'amour car les personnages semblent se suffire à eux-mêmes. Laurent Petitmangin les laisse exister tels qu'ils sont, sans effets de manche. Il adopte ainsi un regard realiste et pudique qui confère au livre une grande authenticité.




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Voilà, je peux le dire : je l'ai lu.
Car difficile de passer à côté de ce roman qui se rappelle à vous partout où les livres se vendent : dans les rayons de votre hypermarché, vlan un clin d'oeil. Sur la table suggestion de la librairie du coin, re clin d'oeil. Vous ne saviez pas quoi lire avant de sauter dans un TGV ? Vlan : il est encore là. Alors j'ai cédé à sa lecture. Comme on cède à un enfant qui vous demande un bonbon jusqu'à obtenir satisfaction.
Et 10 jours après sa lecture, il ne m'en reste déjà plus grand chose. Comme un encas qui cale un petit creux mais qui gustativement ne laisse pas de souvenir impérissable.
Côté romans sociaux contemporains pourtant, je commence à être assez calée. Celui-ci se lit bien et vite. Mais d'autres m'ont plus marquée. Je cite toujours mon chouchou : Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Je viens aussi de finir La ville où dorment les princesses de Tiphaine Mora, que j'ai vraiment apprécié aussi.
Pour celui-ci, la langue est belle, vraiment adaptée au contexte. le père est touchant. Dans son engagement imparfait de père, de citoyen, de mari. On glisse vers le côté obscur avec lui, sans, comme lui, pouvoir faire quoi que ce soit pour remonter la pente.
C'est triste. C'est noir. C'est sans espoir. Un peu trop peut-être ? J'aime les histoires tristes, mais je n'adhère pas forcément au fatalisme…J'aime bien quand même les personnages qui ont envie d'y croire. Malgré tout. Qui s'entête, au péril de leur vie ou de leur survie. On se parle de Brand de Henrik Ibsen ?

Alors faut-il le lire ? Oui. Si vous n'avez rien d'autre sous la main, c'est toujours mieux qu'une mauvaise série ou un magazine people.
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Voici un premier roman avec beaucoup de qualités et prometteur. L'action se passe dans la Lorraine en voie de désindustrialisation et de paupérisation. le narrateur, le père, militant politique socialiste, perd sa femme victime d'un cancer et reste seul pour élever ses deux garçons. le second comble ses attentes en poursuivant ses études et un avenir serein s'ouvre pour lui. Quant au premier, il file un mauvais coton en s'encanaillant avec des jeunes fachos, tout en restant un bon fils. Jusqu'au drame. Voilà un livre pudique, ancré dans la réalité, écrit avec justesse et sobriété.
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L'histoire se déroule dans l'Est de la France. le narrateur est un père de famille,veuf. Son épouse est décédée d'un cancer. Il élève seul ses deux fils, Fus et Gillou. Il travaille à la SNCF et milite au parti socialiste. Tout se passe bien entre père et fils jusqu'au jour où le père apprend que Fus, son fils aîné, fréquente une bande de jeunes, militants d'extrême-droite. Les rapports entre le père et le fils aîné sont tendus, Gillou est à Paris pour ses études, "la semaine, Fus et moi, on était en apnée, on se parlait sans se parler". C'est alors que l'impensable arrive.

Ce court roman a été choisi pour le prochain club de lecture. C'est sans aucun doute un très bon livre, mais j'ai du mal a donné un avis. je suis troublée ou gênée par l'attitude du père vis a vis de son fils aîné. Je ne comprends pas pourquoi au lieu de s'enfermer dans le silence, il n'a pas essayé de discuter avec son fils pour affronter ses idées et l'aider à réfléchir, à se poser des questions.
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Un père de gauche, deux enfants, une éducation. Et puis, un jour... On s'aperçoit que les choses changent, que ce qui est inculqué ne suit plus son cours. Au fond, on glisse sur une pente, on s'éloigne et on a rien vu venir. Malgré les bonnes critiques à propos de cette histoire, je n'ai absolument pas été sensible à cette lecture. Je l'ai trouvée ennuyeuse.
L'auteur soulève, certes, des sujets comme un père de gauche et un fils qui tend vers l'extrême droite, les choix personnels, l'abnégation familiale, l'amour filial, mais tout cela n'a pas été suffisant.
Je ne sais pas si c'est le coté aquarelle de l'histoire, c'est à dire sans trop de jugements, sans trop de clichés, sans trop de trop, mais pour le coup je n'ai pas été séduit.
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Voilà encore un roman qui a rassemblé un concert de louanges et une avalanche de prix, et que j'ai pourtant trouvé très moyen.
L'auteur choisit de donner la parole à un prolétaire, à la première personne du singulier. Quand je vois ce procédé, je me demande toujours si ça ne cache pas un manque de style ou de vocabulaire. Les phrases sont simples et courtes, les mots accessibles, et cependant chassez le naturel il revient au galop, il y a bien des endroits où on n'y croit pas, parce que l'écrivain reprend le dessus et que le ton change, se fait plus réflexif et intello. Et puis, ce choix de mettre quasiment tout au plus-que-parfait, on en parle ? A-t-on déjà vu quelqu'un raconter sa vie au plus-que-parfait ? C'est un temps qui sert à marquer l'antériorité, or ici, ça ne marque d'antériorité pour rien du tout, c'est juste son "temps naturel".
Certains tics de langage attribués au narrateur sont également assez niais et pénibles ("la moman", "le Jacky"), en contradiction avec le niveau de réflexion de ce monteur de câbles SNCF qui est loin d'être un idiot.
En bref, donner la parole à des "gens du cru", ça passe crème, mais à condition de le faire dans un dialogue, et non dans la narration, sinon ça devient rapidement d'une pauvreté littéraire rebutante.
On présente aussi régulièrement ce roman comme étant bouleversant. Bigre, je dois être un monstre sans coeur, car il ne m'a fait ni chaud ni froid, à part peut-être brièvement lors de l'évocation de la maladie de la mère (non, je ne dirai pas la "moman" !)
Je dois juste faire crédit à l'auteur de m'avoir quand même donné envie de savoir comment ça se terminait, même si je l'avais plus ou moins deviné... Mais j'ai envie de dire que c'est heureux, pour un bouquin de même pas 200 pages en gros caractères et lignes aérées.
Voilà, en bref, pas un navet intersidéral, certes, mais loin, très loin d'être un bouquin qui m'aura marqué.
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D'autres que moi ont su vanter les mérites de ce roman, coup de coeur de la rentrée, pour que je m'autorise à produire un contre-argument, ou du moins un avis en demi-teinte. le titre beau et poétique m'a interpelé, la quatrième de couverture m'a séduit, et des critiques élogieuses ont fini de me convaincre. J'ai donc débuté ma lecture avec un a priori positif. Malheureusement, le coup de foudre n'a pas eu lieu. le style d'écriture, trop sec et simpliste à mon goût, avec cette volonté de rendre sur le papier un parler prolétaire, m'a rebuté dès le début. D'autres auteurs ont su m'emmener à l'assaut d'une langue qui ne me séduit pas d'instinct, comme Nicolas Mathieu avec « Leurs enfants après eux », mais ici, pour moi, l'alchimie n'a pas fonctionné. Il a fallu que j'arrive à la moitié de ce court roman pour que j'oublie le style et que je me laisse habiter par ce qu'éprouve ce père veuf qui voit grandir ses deux garçons à leur façon, se retrouvant face à quelque chose qu'il ne sait pas comment éviter et qui va plonger sa famille dans le drame. À un moment, ce père m'a fait penser à « L'Étranger » d'Albert Camus, du fait de ce chagrin et de cette peine qu'il ne ressent pas et qu'il ne parvient pas à simuler. Alors je me dis qu'un auteur qui me fait penser à Camus ne peut pas être mauvais. Je me dis qu'un auteur qui parvient à me faire réfléchir à ce que je ferais moi-même en tant que parent confronté à ce genre de situation a gagné son pari. Il arrive toujours dans la vie d'un père ou d'une mère ce moment redoutable où on perd prise sur le destin de son enfant. On se demande alors quoi faire, ce qui aurait pu être fait, ce qui ne l'a pas été. Ce sont ces questions qui résonnent à la lecture de ce court roman, dont la veine dramatique enfle jusqu'à ce final particulièrement réussi, et dont l'écho se poursuit même après avoir refermé l'ouvrage.
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