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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une oeuvre importante pour notre mémoire collective.


Serge Pey, poète passé maître dans l'art des performances de sa poésie-action et plasticien, nous livre ici un passionnant recueil de nouvelles façonnées par les souvenirs familiaux de l'Espagne républicaine. Fils de réfugiés catalans, il porte un regard original sur cet héritage républicain d'enfant d'exilés.

De cette quinzaine de nouvelles, souvenirs tressés des années trente à quarante, se dégagent essentiellement deux univers : celui des violences faites aux républicains dans l'Espagne franquiste mais aussi dans les camps en France et celui de la lutte pour la liberté et la démocratie. Elles sont dures et cruelles mais illuminées par des trouvailles et se font parfois agréablement écho les unes aux autres.

De ces récits personnels émergent une dimension universelle grâce à la générosité et à la luminosité de la langue du poète.

Ecouter la lecture d'un extrait du Voleur de cerises par Yvon le Men lors de la remise du Prix Ganzo de poésie 2013 à Serge Pey dans le cadre du Festival Etonnants Voyageurs :
Lien : http://soundcloud.com/jacque..
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Remarquablement écrites, ces histoires sont tour à tour drôles, dramatiques ou poétiques. Deux sont particulièrement drôles -même si elles gardent aussi un côté dramatique :

- le linge et l'étendoir, où la mère du narrateur communique avec les "rebelles" grâce à la manière dont elle étend son linge : "Ma mère m'avait appris le langage secret du linge séché. Elle était la maîtresse des voyelles de l'interrogation, des consonnes clandestines, et des conjugaisons réalisées avec des lacets de chaussures. Les grammaires de silence, les concordances d'espaces et non de temps, les conjonctions de coordination nouvelles, les accords de participe passé entre des auxiliaires qui n'avaient aucun secret pour elle, car elle était le secret." (p.20)

- le cinéma : beaucoup plus amusante et anecdotique qui explique comment grâce aux projections de cinéma de plein air, le narrateur est devenu expert en lecture de français... à l'envers !

Les dramatiques, il y eut malheureusement de quoi les alimenter pendant cette guerre :

- le morceau de bois, où comment on peut devenir enfant-bourreau si l'on n'a pas la force de caractère suffisante : "Le directeur avait mis au point sa méthode. A chaque nouvel enfant qu'il sélectionnait pour en faire un surveillant, il confiait un jeune chiot. L'enfant devait l'allaiter et le faire dormir avec lui. Puis après quelques mois, il le forçait à le torturer, et ensuite, il lui donnait l'ordre de le tuer. C'est ainsi qu'il préparait chaque enfant de la section des Grands à torturer les Petits qu'il voulait faire parler." (p.83)

- L'arrestation qui paraît être simplement le récit d'une arrestation puis d'une évasion, mais qui pousse le raisonnement assez loin et qui contient, à mon humble avis, les plus belles phrases du livre : "Ce wagon a transporté du bétail. Il sent le purin et la paille. Je me dis que nous sommes aussi du bétail et que c'est justement la différence entre le bétail et nous qui fonde l'espérance. Pas la survie. le bétail lui non plus ne veut pas mourir comme la majorité des camarades de ce wagon. Mais la différence entre le bétail et nous est que nous ne nous échappons pas, mais que nous nous évadons.

Ce n'est pas le fait de parler ou d'articuler des mots qui établit notre différence, mais de mettre en alliance cette parole, avec quelquechose qu'elle ne connaît pas. Parler c'est espérer, sinon nos paroles sont des meuglements. (p.121/122)

Les nouvelles poétiques sont présentes également, notamment dans les histoires concernant les joueurs d'échecs (Le Morse, Echecs et beauté, La partie des profanes), mais celle qui m'a le plus touché est La bibliothèque blanche, où comment construire de la poésie avec les titres des ouvrages lus ou non lus ; un véritable amour du livre-objet, de ce qu'il renferme et de ce qu'il représente.

Il y a beaucoup d'autres nouvelles (17 en tout), courtes, assez différentes les unes des autres, autant dans le thème que dans l'écriture : certaines plus factuelles, plus descriptives et d'autres plus irrationnelles, rêvées.

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Recueil de nouvelles dont souvent les enfants sont témoins ou narrateurs
Recueil très éclectique, on passe du sourire aux larmes ( ou presque) selon les récits tirés de la mémoire familiale de l'auteur , fils de républicain espagnol réfugié en France
Peu habituée au lecture de nouvelles , j'ai apprécié , chaque mot à sa place , chaque récit à son poids gai ou tragique
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