Prenez une petite fille, plongez-là le temps de son enfance dans un pays paradisiaque – le Costa Rica, par exemple – et replongez-la quelques années plus tard à Paris, dans l'urbaine grisaille. Une expérience comme une autre. le résultat est que la ré-adaptation à la métropole sera douloureuse. D'ailleurs, sa mère ne tiendra pas le coup et repartira sous les tropiques en compagnie d'un autre homme.
Cette enfance, c'est sa richesse, son trésor. Celui qui n'appartient qu'à elle et qu'on ne doit pas toucher. Personne, jamais.
Donc, autre expérience : faites apparaître sur l'écran de sa télé un ami et collègue de son père du temps de ses années bénies, et qui prétend avoir été un espion français. Tout vacille. La petite fille devenue grande se pose des questions, en pose autour d'elle. Comme : qui est ce type qui vient saloper mes souvenirs ? du genre : qui était vraiment mon père ? Et la voilà embarquée – le lecteur avec elle – dans une enquête surprenante et sensible traversée par une petite musique modianesque vraiment pas désagréable, qui délivre des réponses et garde avec bonheur une part d'ombre.
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Page 153/206 : "Je piétinais, n'avançais pas d'un pouce".
Quand on se lance dans l'écriture du récit d'une enquête qui piétine, on prend incontestablement quelques risques, notamment celui d'écrire un texte dans lequel le lecteur a l'impression de stagner.
Un soir qu'elle est occupée à zapper, Hortense tombe sur un reportage sur les services secrets français et croit reconnaître un homme qu'elle a déjà vu quand elle était enfant et vivait avec ses parents au Costa Rica. Selon ses souvenirs, cet homme travaillait avec son père qui officiait dans le domaine des transports et notamment dans la pollution des véhicules. Selon le reportage, l'homme se présente comme un ex-agent secret français oeuvrant en Amérique Centrale vingt ans auparavant. À partir de ce moment, Hortense parvient à se convaincre que son père avait certainement lui aussi des liens avec les services secrets et elle entend bien le découvrir. Commence alors une quête de vérité entrecoupée de souvenirs d'enfance illuminés du soleil costaricien.
L'ensemble aurait pu être trépidant mais il se révèle insipide ou au moins fade. Là où on aurait aimé le sel de révélations successives, sans même exiger de l'aventure à la James Bond, on ne trouve qu'une suite d'entretiens un peu mollassons avec des protagonistes qui ne font qu'orienter vers d'autres, un peu comme les bumpers fatigués d'un flipper vieillissant se renverraient une bille essoufflée. le plateau est en France, il est éclairé par le fronton des souvenirs qui, malgré les couleurs d'un Costa Rica empreint à la fois de nostalgie d'adulte et de vitalité enfantine dans des passages plaisants à lire, ne rend pas la partie plus attrayante. On devient impatient qu'enfin LA réponse à LA question arrive, mais… tilt… bille dans le trou, fin de partie.
Est-ce que la fadeur trouvée à ces souvenirs provient de ma lecture précédente qui, sur le thème similaire, de la mémoire, du secret de famille, m'avait enthousiasmé ? Peut-être. Aussi, je ne saurai trop conseiller de le lire pour se faire un avis plus éclairé, moins influencé, La Manufature de livres reste une maison qui vaut le détour.
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