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EAN : 9782358876254
208 pages
La manufacture de livres (05/03/2020)
3.5/5   12 notes
Résumé :
Son enfance, elle l'a passée dans un petit pays d'Amérique centrale. Seuls perdurent de ces lointaines années tropicales quelques souvenirs heureux. Jusqu'au jour où une image aperçue sur un écran de télévision au beau milieu d'un reportage sur les services secrets français fait tout tanguer. Son paradis enfantin baigné de soleil cacherait-il un arrière-fond plus trouble ? Ne lui reste plus qu'à fouiller sa mémoire et à remonter le temps, suivre les pistes des vieil... >Voir plus
Que lire après Inconstance des souvenirs tropicauxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Dans une interview qu'il accordait au sujet de son chef d'oeuvre, Shantaram, Gregory David Roberts précisait : « une forte expérience d'expatriation ne suffit pas à faire un bon roman. C'est l'histoire qui doit commander, pas les souvenirs ». C'est bien le problème du livre de Nathalie Peyrebonne : l'histoire de son roman sert de prétexte à la rédaction de ses mémoires. L'évocation du Costa Rica de son enfance ne manque pas d'intérêt, entre anecdotes et réalités de la vie locale (ex : p92) mais j'ai surtout ressenti de l'amertume et de la nostalgie. Un syndrome commun à tous mes amis rentrés d'une longue parenthèse à Shanghai, Singapour, le Cap ou Dubaï : une frustration, une incapacité à communiquer la richesse de ce qu'ils avaient vécu.
Dans un style souvent poussif (beaucoup trop d'adverbes, des tournures de phrases malheureuses), l'auteure essaye de nous intéresser au mystère qu'elle a imaginé mais c'est dans les descriptions de ses jeunes années à San José qu'elle est la plus à l'aise, et la plus authentique. Pour le reste, on s'ennuie ferme. On ne parvient ni à s'attacher à son insipide héroïne, ni à se passionner pour son enquête dont l'aboutissement, dans les toutes dernières pages, laisse un goût d'inachevé et de « tout ça pour ça ».
Bilan : 🔪
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Une lecture que j'ai trouvé agréable et entraînante, dont j'ai apprécié la tournure des phrases de l'auteure "Mes débuts au paradis ont été rudes, pourquoi le nier, j'ai eu un peu de mal à en pousser la porte". (p.39).
Ses phrase sont remplies de douceurs, de sensibilité qui nous permettent de s'identifier aux souvenirs de Hortense, et même celles de l'auteures elle-même dont on sait qu'elle a vécu son enfance au Costa Rica comme la protagoniste de son livre " ... il me faisait entrer dans cette langue qui resterait ensuite à tout jamais la langue de mon enfance, celle aussi des sentiments complexes et douloureuse". (p.42).
Cette similitude entre Hortense et l'auteure me donne comme une interrogation du fait que peut-être Hortense est tout simplement Nathalie qui raconte peut-être son histoire. Ce qui fait que l'histoire de ce livre peut s'interpréter comme étant une partie réelle de la vie de l'auteure et que ce livre ne fait pas seulement partie d'une fiction. Moi aussi, je devrais faire une enquête plus approfondie de mon côté au sujet de l'auteure et de sa vie.
De plus, j'adore comment l'auteur/narrateur critique la France et rabaisse l'Europe. Elle est brute et crue dans ses paroles. Ceci donne du punch " ... c'était comme ça, on n'avait pas tout ce bazar et ces télés qui gueulent et nous farcissent le cerveau d'images sans queue ni tête." (p.111)

Une lecture que je conseille de lire.
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A l'âge de 7 ans, Hortense est partie vivre à San José, au Costa Rica, avec ses parents et son petit frère.
Dans ce petit pays d'Amérique centrale considéré, dans le début des années 80, comme une poudrière située au milieu d'états en guerre, elle a vécu les plus douces années de sa vie.
Mais bien longtemps après être revenue en France, alors qu'elle mène une vie d'adulte construite sur ces 5 années d'une vie de rêve au bout du monde, ses « souvenirs tropicaux » vont être ébranlés par des doutes sur la vraie profession de son père.
Menées sous forme d'une enquête, les recherches d'Hortense sur le passé de son père prennent la forme d'un travail de détective mais les conséquences de ses découvertes vont bien au-delà de la découverte de la seule vérité.
Un roman intéressant sur le rôle de la mémoire dans la construction d'une personnalité et sur la fragilité de l'édifice des souvenirs venus de l'enfance.
Nathalie PEYREBONNE relativise les événements importants d'une vie et démontre, avec ce conte tropical très joliment écrit, que les choses essentielles sont souvent au-delà des simples apparences.
Une lecture agréable qui m'a transportée dans ce superbe pays d'Amérique centrale où la vie se déroule tout en couleur et en douceur.
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Page 153/206 : "Je piétinais, n'avançais pas d'un pouce".
Quand on se lance dans l'écriture du récit d'une enquête qui piétine, on prend incontestablement quelques risques, notamment celui d'écrire un texte dans lequel le lecteur a l'impression de stagner.

Un soir qu'elle est occupée à zapper, Hortense tombe sur un reportage sur les services secrets français et croit reconnaître un homme qu'elle a déjà vu quand elle était enfant et vivait avec ses parents au Costa Rica. Selon ses souvenirs, cet homme travaillait avec son père qui officiait dans le domaine des transports et notamment dans la pollution des véhicules. Selon le reportage, l'homme se présente comme un ex-agent secret français oeuvrant en Amérique Centrale vingt ans auparavant. À partir de ce moment, Hortense parvient à se convaincre que son père avait certainement lui aussi des liens avec les services secrets et elle entend bien le découvrir. Commence alors une quête de vérité entrecoupée de souvenirs d'enfance illuminés du soleil costaricien.

L'ensemble aurait pu être trépidant mais il se révèle insipide ou au moins fade. Là où on aurait aimé le sel de révélations successives, sans même exiger de l'aventure à la James Bond, on ne trouve qu'une suite d'entretiens un peu mollassons avec des protagonistes qui ne font qu'orienter vers d'autres, un peu comme les bumpers fatigués d'un flipper vieillissant se renverraient une bille essoufflée. le plateau est en France, il est éclairé par le fronton des souvenirs qui, malgré les couleurs d'un Costa Rica empreint à la fois de nostalgie d'adulte et de vitalité enfantine dans des passages plaisants à lire, ne rend pas la partie plus attrayante. On devient impatient qu'enfin LA réponse à LA question arrive, mais… tilt… bille dans le trou, fin de partie.

Est-ce que la fadeur trouvée à ces souvenirs provient de ma lecture précédente qui, sur le thème similaire, de la mémoire, du secret de famille, m'avait enthousiasmé ? Peut-être. Aussi, je ne saurai trop conseiller de le lire pour se faire un avis plus éclairé, moins influencé, La Manufature de livres reste une maison qui vaut le détour.
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Prenez une petite fille, plongez-là le temps de son enfance dans un pays paradisiaque – le Costa Rica, par exemple – et replongez-la quelques années plus tard à Paris, dans l'urbaine grisaille. Une expérience comme une autre. le résultat est que la ré-adaptation à la métropole sera douloureuse. D'ailleurs, sa mère ne tiendra pas le coup et repartira sous les tropiques en compagnie d'un autre homme.
Cette enfance, c'est sa richesse, son trésor. Celui qui n'appartient qu'à elle et qu'on ne doit pas toucher. Personne, jamais.
Donc, autre expérience : faites apparaître sur l'écran de sa télé un ami et collègue de son père du temps de ses années bénies, et qui prétend avoir été un espion français. Tout vacille. La petite fille devenue grande se pose des questions, en pose autour d'elle. Comme : qui est ce type qui vient saloper mes souvenirs ? du genre : qui était vraiment mon père ? Et la voilà embarquée – le lecteur avec elle – dans une enquête surprenante et sensible traversée par une petite musique modianesque vraiment pas désagréable, qui délivre des réponses et garde avec bonheur une part d'ombre.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pour les enfants, la magie c’est facile, ça tient de l’évidence. C’est bien simple, il y en a dans tous les coins, il suffit de se baisser pour en ramasser de pleines poignées. Ils savent donner à leur univers des contours improbables qui, peu à peu, au fil des ans, deviendront plus nets, voire plus tranchants, plantés au carré quand ils avaient pu, durant des années, se modeler au gré d’une fantaisie inépuisable.
Avec une copine du quartier, nous avions inventé un jeu qui nous a occupées des après-midi entières, durant des semaines. Nous partions dans la rue, munies d’une balle de tennis – une balle, deux gamines – et, une fois choisi l’endroit approprié – un bout de trottoir, le fond d’une impasse… – nous la lancions, prudemment, avec une gravité d’officiantes. L’objet roulait, trajectoire jaune vif que nous suivions avec une concentration absolue : doté de pouvoirs prodigieux, il avançait, mû par une force inconnue, et nous indiquait, quoi exactement ? Je ne sais plus trop, mais nous n’en perdions pas une miette, il nous fallait le suivre scrupuleusement, étudier de près l’endroit où il s’arrêtait, y scruter les gravillons, les insectes ou les plantes, informations précieuses sur lesquelles nous nous arrêtions longuement, l’important étant comme dans toute quête ou enquête, n’est-ce-pas, de ne rien négliger. Avant de relancer la balle, avec précaution, pour recommencer, un peu plus loin, à chercher des indices, du sens, de précieuses révélations. Que lisions-nous exactement dans ces minuscules trajectoires, dans ces détails dérisoires ? Des réponses, nous voulions décrypter des petits bouts d’univers, le médium étant une balle de tennis jaune fluo. Qu’un tel jeu ait pu nous occuper si longtemps est un mystère pour l’adulte que je suis devenue, mais le fait est que nous avons consacré énormément d’heures à sillonner ainsi les rues du quartier, interprètes zélées des mystères d’un monde où nous avions perçu des dessous inaccessibles, alors il fallait bien inventer des voies d’accès, des ouvertures à notre portée, et les balles de tennis ne sont pas seulement bonnes à rebondir d’une raquette à une autre. La preuve.
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Jean-Loup. Qui d’ailleurs au passage avait, à l’écran, des dents d’une blancheur éclatante. Qui donc avait été, merde alors, espion au service de la DGSE.
Espion.
Au service de la DGSE.
C’était ce même homme qui « parlait boulot » avec mon père pendant que mon frère et moi piquions discrètement du dentifrice dans sa salle de bains. Comment ça, boulot ? Mon père était ingénieur au Bureau pour le développement des transports et lutte contre la pollution. Ça alors. D’un coup, le parallèle avec le bureau brésilien de la DGSE me sautait aux yeux. Le développement de la production agricole d’un côté, le développement des transports de l’autre. Et même cette formulation, que je n’osais croire ironique, la « lutte contre la pollution ». De quoi s’agissait-il vraiment ?
Mon père ? Tout cela était-il bien sérieux ?
À peine formulée, la question me fit l’effet d’un poids énorme brusquement déposé sur mes épaules désemparées. Comme une fatigue écrasante, d’un coup. Mon père, espion ? L’homme que je savais plutôt débonnaire pouvait-il avoir agi dans l’ombre de façon occulte, voire violente, quand je le pensais fermement attaché à des valeurs telles que la franchise et la droiture, pouvait-il avoir bâti sa vie et toute notre histoire familiale sur une imposture ? Et ma mère, là-dedans ? Avait-elle, elle aussi, un double visage, Janus inquiétant veillant sur deux mondes opposés et séparés par de lourdes portes ?
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Vingt ans de vie à Paris n’avaient pas fait de moi une Parisienne. C’était là du provisoire qui durait, une existence adoptée, un beau jour, et qui s’était prolongée. Ça ne me dérangeait pas. La vie que je menais me convenait, en gros. Mais le transitoire pouvait bien durer, pouvait bien me plaire même, rien ne me permettait de m’ancrer véritablement dans ces trottoirs, ces rues, ces bâtiments qui pourtant étaient devenus mon quotidien, son unique décor. Mes racines étaient ailleurs. Elles s’étaient allongées, étirées librement durant quelques années, les années d’enfance. Jusqu’à la séparation. Après, elles étaient restées bien plantées, comme savent le faire les racines, quand moi j’avais plié bagage.
Mon enfance, je l’avais passée dans un petit pays tropical. Affaire classée, seuls perduraient quelques souvenirs, soigneusement rangés dans une sorte de boîte, enfin disons plutôt un coffret, imaginons même un bel objet, patiné par le temps, glissé quelque part dans un des replis de mon cerveau. Car le cerveau planque des bribes de vie en des endroits improbables, s’amuse à les réactiver de temps en temps, il coupe, triture, mélange, fait chauffer, griller, rôtir, cramer aussi parfois. Et de cette cuisine énigmatique découlent nos fulgurances comme nos impuissances, la pâte dont nous sommes faits.
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Adulte, j'ai souvent repensé à ces moments un peu brumeux, vécus dans un engourdissement las, mais confiant, j'aurais aimé en retrouver la texture, la saveur, la merveilleuse incertitude, et c'est aussi à cela que je m'explique, jour après jours, à peindre mes grandes toiles colorées. Retisser les sensations passées et, ainsi, épaissir un peu le présent. A ces épisodes, nulle vraie joie n'est attachée, mais c'est qu'ils étaient le prélude, le premier pied posé sur une terre vierge, ils inauguraient. Je serai sidérée, bien plus tard, en cours, lorsqu'un professeur de littérature nous expliquera que le temps initiatique, celui qui permettait de mourir à quelque chose pour renaître autrement, est traditionnellement de trois jours. Trois jours avant que le Christ ne ressuscite du cœur de la terre, trois jours passés par Jonas dans le ventre du monstre marin avant d'en être recraché... Et nous, beaucoup plus modestement bien sûr, nous avions mis trois jours pour arriver.
Au Costa Rica.
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Vingt ans de vie à Paris n’avaient pas fait de moi une Parisienne. C’était là du provisoire qui durait, une existence adoptée, un beau jour, et qui s’était prolongée. Ça ne me dérangeait pas. La vie que je menais me convenait, en gros. Mais le transitoire pouvait bien durer, pouvait bien me plaire même, rien ne me permettait de m’ancrer véritablement dans ces trottoirs, ces rues, ces bâtiments qui pourtant étaient devenus mon quotidien, son unique décor. Mes racines étaient ailleurs. Elles s’étaient allongées, étirées librement durant quelques années, les années d’enfance. Jusqu’à la séparation. Après, elles étaient restées bien plantées, comme savent le faire les racines, quand moi j’avais plié bagage.
Mon enfance, je l’avais passée dans un petit pays tropical. Affaire classée, seuls perduraient quelques souvenirs, soigneusement rangés dans une sorte de boîte, enfin disons plutôt un coffret, imaginons même un bel objet, patiné par le temps, glissé quelque part dans un des replis de mon cerveau. Car le cerveau planque des bribes de vie en des endroits improbables, s’amuse à les réactiver de temps en temps, il coupe, triture, mélange, fait chauffer, griller, rôtir, cramer aussi parfois. Et de cette cuisine énigmatique découlent nos fulgurances comme nos impuissances, la pâte dont nous sommes faits.
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Videos de Nathalie Peyrebonne (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Peyrebonne
Nathalie Peyrebonne aux Rencontres de la Cité des Ecritures de l'Université de La Sorbonne Nouvelle
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