Benjamin Freeman, "l'homme libre" tel que le disait son nom, le jeune patron dont les employés admiraient l'héroïsme de guerre mais en ignoraient pudiquement le calvaire, était devenu la silhouette d'un rêve que personne n'osait encore vivre - celui des plaies soignées, de l'abandon des conventions, de la liberté d'être soi et d'aimer les autres, même imparfaitement, même pour un bref instant.
Tout le reste de la nuit découlerait de cet acte irrévocable. A l'ombre des choix qu'elle venait de faire, plus rien n'apparaîtrait si grave. Au pire, elle savait où aller. Avec les dollars qui lui restaient, elle prendrait le car.
Un avion passa au loin, pas plus gros qu'un moustique. Voilà encore une chose qu'elle ne faisait pas, voyager. Elle n'avait jamais quitté la Floride de sa vie. Elle rêvait de Paris, d'Italie, ou même plus près, de New York. Elle savait que ce qui était concret, cher et lourd était plus facile à obtenir qu'un désir à combler.
L’alcool était mauvais pour la peau, mais putain, qu’est-ce qu’il faisait du bien à la détresse, diluant le temps jusqu’à l’ultime décision : il lui faudrait partir, d’une manière ou d’une autre. Alors peu importaient ces spasmes qui l’avaient secouée au-dessus des toilettes, sa poitrine qui comprimait son cœur battant trop vite. Le fait qu’elle fût enceinte semblait avoir disparu avec tout le reste
Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Géorgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour, même l’État du Mississippi, un État où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en une oasis de liberté et de justice.
Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère.
Je fais aujourd’hui un rêve !
Elle savait depuis peu que personne n'échappait à l'hypocrisie et aux persiflages. Mais elle avait appris aussi qu'il ne fallait jamais croire ce qu'on disait de vous.
Elle ne négociait pas avec la vie, les choses arrivaient, bonnes ou mauvaises, c’était simple comme un matin à Chooga Pines.
Parfois, il faut partir. C'est le plus beau des chemins.
Les yeux glacés de Jack Merriman étaient pareils aux pierres que l'on jetait aux femmes dans la Bible, coupables d'apostasie, de blasphème ou d'adultère.
Prends soin de ton corps pour que ton âme ait envie d'y rester.