Peu importe où on se trouve, ce qui rend la vie palpitante, c'est ce qui se passe dans notre tête.
Parfois, on veut faire plaisir à ses parents, ou bien faire comme tout le monde. Et on se laisse enfermer dans une vie qui ne nous ressemble pas. (p.71)
Jusqu'à présent, ni l'une ni l'autre n'était devenue un souffre-douleur parce qu'à deux, on se soutenait. Maintenant qu'elle était passée de l'autre côté, Marina devenait le bourreau absolu, car elle devait faire ses preuves. Elle était plus cruelle que les filles cruelles, plus intolérante et plus insensible. Et moi j'étais la victime idéale. (p.15)
Doucement la machine qui fait avancer mon monde se remet en marche. p. 78
J'attendais de la compassion, un peu de douceur. J'aurais aimé qu'il me plaigne un peu. Mais comme toujours, il était incapable d'être compréhensif et enveloppant. p. 21
- Ce n'est pas en restant enfermée ici que tu vas résoudre les choses.
(…)
- Ah mais je n'avais pas l'intention de résoudre quoi que ce soit. Je voulais juste partir. (…)
Je sais bien que tu as raison. Mais ici je suis loin des idiots du collège.
- Mais les idiots du collège seront toujours idiots quand tu sortiras. En restant ici, tu les laisses gagner, c'est tout. (p.94)
Et puis une fugue que l'on fait dans sa propre maison et avec la complicité de sa sœur, ça n'a vraiment plus l'air de rien. (p.43)
Je réalise que je n'ai pas du tout réfléchi à la manière dont mon père et ma sœur réagiraient. Dans le plan que j'avais vaguement élaboré, je n'étais pas ici, je ne voyais rien du moment où mon père découvrait mon départ et ça m'évitait d'y penser. Assister à ma propre disparition est dérangeant et désagréable. Personne ne fugue pour voir ses proches réagir. On fugue justement pour ne plus se préoccuper de rien. Pour ne pas avoir à affronter les raisons et les conséquences de son départ. (p.25)
L'air sec et glacial envahit mes poumons. Je ne sais pas vraiment où je vais. Je ne rejoins personne. Je n'ai pas envie de voyager, je ne me vois pas traîner dans la rue ou vivre dans un squat. Me droguer ne m'attire pas non plus. Je ne me sens ni punk, ni aventurière, ni hippie. C'est juste que j'en ai assez de cette vie. J'en veux une autre.
C'est une journée grise. Une de ces journées où l'on ne sait pas quoi faire de son corps. Comme dans les cauchemars, j'ai l'impression que mes jambes pèsent des tonnes et qu'elles m'empêchent d'avancer.