AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,47

sur 81 notes
5
3 avis
4
13 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les veuves du jeudi, ce sont les Desperate housewives de Wisteria Lane version Buenos Aires. Bienvenue dans une banlieue chic américanisée et ultra-protégée d'Argentine, où le paraître est plus important que tout, où tout le monde soigne ses façades et ravale ses problèmes, où chacun cache ses petits secrets et grands mensonges, où les époux mentent à leurs femmes pour les protéger, où les couples se croient à l'abri derrière leurs haies, où les scandales éclatent en silence dans cette bulle hors du temps et des problèmes d'argent du reste du pays. Dans cette bulle, pourtant, les différences peinent à trouver leur place et fissurent ce microcosme, où les cancans ruissèlent de bouche de buveuse de thé à oreille de joueurs de golf ; Ici les enfants étouffent et se cherchent, voient les adultes comme des hamster tournant inlassablement et sans but sur la roue inarrêtable du temps, boivent un peu, se droguent parfois. Et observent. Tout. Tous. Ce monde tel qu'il est vraiment, sans fard sous leurs paupières grandes ouvertes qui découvrent l'envers du décors que leurs parents peignent à grand coup de poing, de larmes et de vin.


« Raconter et vivre, ce sont deux choses différentes. Raconter, c'est plus difficile. Vivre, c'est vivre, c'est tout. Pour raconter, il faut mettre en ordre, et c'est cela qu'elle a du mal à faire, mettre en ordre, dans sa tête, ses idées, tout ce qui lui arrive. Sa chambre, heureusement, c'est Antonia qui y met de l'ordre. Mais dans le reste de sa vie, elle sent que tout est confus. Elle a l'impression d'être assise sur une bombe à retardement. Et une bombe à retardement, ça finit toujours par exploser. ».


Les gens d'ici sont « parvenus » à être riches, mais que sont-ils prêts à faire pour le rester ? Ils semblent heureux, mais le sont-ils vraiment ? Ils semblent unis, mais des listes circulent… Ils semblent bienveillants mais, ce jeudi, trois hommes, trois voisins, trois amis sont morts en même temps dans la piscine des Scaglia. Des gentlemen qui avaient l'habitude de se retrouver tous les jeudis soirs pour boire, fumer, jouer aux cartes et deviser entre hommes des problèmes qu'ils n'avaient pas officiellement, tandis que leurs épouses vaquaient à leurs occupations superficielles…


« Dis donc, j'ai du boulot, moi ! rit Gustavo. Et de la dignité, tu en as ? demande Tano. Paire ! Paire ! Pourquoi dis-tu cela ? vingt-neuf. Je joue. Je dis ça comme ça. Qu'est-ce que tu en sais ? Qu'est-ce que je sais de toi ? Ce qui compte, c'est ce que chacun de nous sait de lui-même. Je me couche. Et ce que chacun de nous fait quand personne ne le voit. Truco. Ou quand il croit que personne ne le voit. Je contre. »


Mais ces épouses, aujourd'hui, sont veuves : « Cette nuit-là, la nuit en question, Ronie dinait chez Tano Scaglia. Comme tous les jeudis. Même si ce n'était pas un jeudi comme les autres. Un jeudi du mois de septembre 2001. le 27 septembre 2001. »


Accident de piscine, soirée qui a mal tourné ou règlement de compte prémédité ? Mauvais sort jeté ? Pour le savoir, je me suis fondue avec délice dans les mystères de chaque demeure, dont les murs et les murmures recèlent. Dans cette lecture agréable, Claudia Pineiro nous permet habilement de jeter un oeil indiscret aux petites vies de chacun et aux miroirs aux alouettes qui se brisent, annonçant les années de malheur. En repartant depuis 1991, elle fait monter la tension au fil des années et on assiste à la pression sociale monstrueuse que se mettent ces familles, pour conserver le standing de vie américain qui donne une impression sécurisante de réussite, échappant à la misère des autres, bien protégés dans des tours d'ivoire ; Mais on sait tous que ce modèle américain s'est effondré, et ses tours avec, en ce septembre 2001…


« Certains faits - ils sont peu nombreux, moins nombreux qu'on ne le pense - auraient changé nos vies s'ils n'étaient pas arrivés. Et la vente de ce terrain aux Scaglia, en ce mois de mars 1991, est de ceux-là. »
Commenter  J’apprécie          6021
Les « veuves du jeudi », c'est le surnom que s'est donné un petit groupe de femmes dont les maris, une soirée par semaine, se réunissent entre messieurs de bonne compagnie. « Veuves » au sens figuré et humoristique, certaines d'entre elles vont le devenir, au sens propre et sans le moindre humour, après que l'une de ces soirées « gentlemen only » se soit terminée en drame.
Un accident (voire pire) qui vient perturber la tranquillité chèrement payée de Los Altos de la Cascada, voilà qui était pourtant inimaginable. Résidence ultra-sécurisée à l'américaine sur les hauteurs de Buenos Aires, destinée exclusivement aux familles fortunées et « bien sous tous rapports », La Cascada est censée être un paradis à l'écart du bruit et de la fureur de la ville, protégée de l'insécurité et de la pauvreté des gens ordinaires – sauf les domestiques – par des portiques de sécurité et des autorisations d'entrée signées en quatre exemplaires.
Au coeur de ce rêve doré, réalisé à coups de billets de banque par quelques privilégiés, la vie n'est cependant pas idyllique. Dans ce monde du paraître, fondé sur les apparences, la superficialité est, de fait, portée au rang de valeur, la perfection est une nécessité, et faire toujours mieux que les voisins une obligation qui ne dit pas son nom. Cette pression sociale, obsessionnelle pour certains, se transforme en tension difficilement soutenable quand l'Argentine plonge dans la crise économique au tournant des années 2000. Celle-ci n'épargne pas les riches, qui ont de plus en plus de mal à faire correspondre porte-monnaie et sacro-sainte illusion d'aisance. Pour eux qui croyaient que l'argent faisait le bonheur, imaginez la tragédie quand la source se tarit...
Débutant par l' « accident » qui se produit peu après le 11 septembre 2001, ce roman repart ensuite quelques années en arrière pour poser le décor et amener peu à peu les prémices du drame. le fait que le petit monde de Los Altos s'effondre après les tours du WTC n'est pas anodin : le mode de vie des classes aisées argentines était calqué sur le « modèle » états-unien, en témoignent les « countries » tels que Los Altos et les nombreux anglicismes, ainsi que, sur un autre plan, la politique ultra-libérale des années 1990 et la parité dollar/peso argentin, aberration économique qui, entre autres, mènera le pays à la catastrophe.
Dans cette chronique féroce des malheurs de ces « pauvres petites gens riches », l'auteur livre une étude sociologique implacable de ce milieu huppé, de ses codes et rituels, dans lequel le bling-bling cache mal l'hypocrisie ambiante. Caustique, elle n'y va pas avec le dos de la petite cuiller en argent pour décrire les comportements des résidents de Los Altos, soumis de plein fouet aux affres de la crise qui, terrible comme la Grande Dépression de 1929, en conduira plus d'un au désespoir.
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
Commenter  J’apprécie          404
Altos de la Cascada : une réserve dans les années 1990-2000. Pas une réserve d'Indiens, non, une réserve de gens nantis, riches, privilégiés, en Argentine. A l'abri des risques et dangers de la vie dans un immense quartier clos, sécurisé par des codes et des vigiles, de jour comme de nuit. Dans ce cadre paysagé idyllique, de grandes maisons modernes, fonctionnelles et luxueuses, des cours de tennis, un golf de dix-huit trous. Des habitants vivant entre eux, se recevant, participant à des associations oeuvrant pour la résidence, se connaissant tous. Coulés dans le même moule économique et social.

Dès les premières pages, on apprend que trois hommes de la résidence viennent de mourir noyés dans une piscine. Et puis on n'entend plus parler de ce drame jusqu'aux dernières pages : l'auteur raconte longuement ce qu'est la vie à La Cascada, comment elle a évolué avec les années, les normes, explicites ou sous-entendues, qui doivent y être respectées, les relations et les affinités qui se sont créées.

« Il y a des gens qui se méprennent, qui croient que, parce que nous vivons dans ce type d'endroit, nous finissons toutes par nous ressembler ».

Mais de chapitre en chapitre, on retrouve différentes familles, l'histoire de chacune, les circonstances de son arrivée à La Cascada, son intégration dans ce milieu qu'elle a imaginé de rêve. Chacune a apporté avec elle ce qui la rend unique. Unique et tristement banale souvent. le décor aseptisé ne protège pas du chômage, de l'alcoolisme, de la violence maritale, du snobisme ou de la bêtise. Il ne guérit pas des névroses incrustées, des ambitions déçues, des préjugés imbéciles.

L'auteur décrit avec finesse, juste en les illustrant de détails au jour le jour, les failles, les défaillances, les faiblesses, plus ou moins graves, de chacun des personnages. Deux seulement sauvent la pureté et l'exigence. Deux adolescents magnifiques, insensibles à la perversion des valeurs que leur milieu, trop favorisé, a suscitée chez leurs parents sans même qu'ils en prennent conscience.
Deux adolescents qui rachètent, par leur soif d'absolu et de vérité, les accommodements frauduleux que les adultes prennent avec la réalité.

La structure du livre est surprenante au début de la lecture. Certains chapitres sont d'un narrateur omniscient, d'autres donnent la parole à une femme qui vit à la Cascada depuis longtemps. Ils changent aussi de temporalité, sur une trentaine d'années. Mais comme un puzzle, l'ensemble construit peu à peu la fatalité révélée dès les premières pages. Une construction longue mais fouillée et parfaitement convaincante.

Commenter  J’apprécie          360
Assez réjouissant dans sa noirceur réaliste, ce roman ! Au début, on pense bien sûr au film de Rodrigo Pla, La Zona, propriété privée, ces résidences fermées de toute part dans lesquelles il faut à tout prix éviter de faire tache! Par la couleur de son gazon,la race de son chien l'attitude de ses enfants ou ses origines.. Pas de coréens, pas de juifs! Cette description est d'autant plus réussie qu'elle, on n'en doute pas une minute,est la description d'univers tout à fait réels . J'en connais..
Mais si c'est un livre que l'on lit rapidement , pressé de savoir quand même pourquoi les maris ( sauf un..) se sont électrocutés dans cette piscine, même si ces femmes DHW argentines sont assez attachantes, surtout celle qui est agent immobilier et au courant de tout, c'est surtout un roman intéressant par ce qu'il nous raconte de l'histoire argentine récente, notamment sur le plan économique . Maintenant, on peut transposer un peu partout, bien sûr..

"C'est que beaucoup de nos voisins avaient cru, à tort, que l'on pouvait vivre éternellement en dépensant tout ce que l'on gagnait. Et les sommes que l'on gagnait n'étaient pas rien, et cette manne semblait éternelle. Mais un jour, alors que personne n'avait rien vu venir, le robinet ne coulait plus et ils se retrouvaient dans la baignoire, couverts de savon, à regarder la pomme de la douche d'où plus la moindre goutte ne sortait .
Le vertige de la décennie qui s'achevait me donnait le tournis. Quand j'étais petite, l'argent mettait plus de temps à passer de main en main. Parmi nos connaissances, il y avait des familles très fortunées, dont les noms apparaissaient sous de multiples combinaisons; des propriétaires terriens, le plus souvent. Ils transmettaient ces terres à leurs enfants, qui ne les travaillaient plus, mais qui y installaient des paysans ,ce qui leur permettait d'en tirer encore une bonne rente, même si la somme était partagée entre tous les frères et soeurs. Mais ces frères et soeurs mouraient un jour aussi; alors les terres revenaient aux petits-enfants, et il y avait plus de disputes, plus d'ayants droit, et moins de rentes. Au bout du compte, ce que chaque personne recevait ne lui permettait plus de ne pas travailler, et les terres finissaient par être vendues par lots ou être perdues. Mais, malgré tout, même s'il ne faut jurer de rien, généralement, ce n'est qu'au bout de deux ou trois générations que cet argent qu'ils croyaient acquis ne l'était plus. En revanche, ces dernières années, l'argent changeait de main deux ou trois fois au cours de la même génération, et celle-ci finissait par ne rien y comprendre."

J'aime bien Claudia Piñeiro !
Assez féroce, mais lucide, je vais lire Bétibou, le dernier sorti en France.
Commenter  J’apprécie          120
C'est le livre qui m'a fait découvrir Claudia Piñeiro.
Ici, dans un style très "journalistique", c'est à dire assez documenté, elle nous entraîne dans un lieu clos, celui d'une bourgeoisie affairiste qui vit dans un condominium huppé, ultra protégé, qui se "fréquente" et qui pratique des rites bien établis.
Sur ce fond sociologique, Piñeiro va nous démontrer que des vies en apparence assez limpides, peuvent cacher des imperfections, voire, des vices fort inquiétants...
Et là, l'auteure nous sert une galerie de personnages bien stéréotypés et hauts en couleur que nous n'oublierons pas de sitôt. Une réussite ce livre.
Parmi ces rites, celui pratiqué par les maris, de se réunir "entre hommes" les jeudis, laissant aux épouses la possibilité de se réunir entre elles. Que font elles ? En général, elles papotent à bâtons rompus et s'espionnent beaucoup.

Dans ce milieu, où il faut surtout paraître, plus qu'être, des drames couvent sous les vernis; le bonheur ici est denrée rare. Comme quoi, le vieux poncif "l'argent ne fait pas le bonheur" est richement illustré dans ce roman..
Le film de 2009, dirigé par Marcelo Pyñeiro ( quelle coïncidence!), en co-production argentino-espagnole, est excellent.
Commenter  J’apprécie          70
Que s’est-il passé dans la soirée du 27 septembre 2001, dans les riches faubourgs de Buenos Aires, ou plus précisément dans ce country que constitue un groupe fermé d’habitations baptisé Altos de la Cascada – un peu plus de deux cents hectares protégés auxquels personne ne peut accéder sans autorisation ? Trois hommes appartenant au club fermé des habitants de la Cascada sont retrouvés morts dans une piscine. Noyade ? Accident ? Suicide ? Meurtre ?
Toutes les hypothèses sont ouvertes.

Avec cette introduction digne d’un des meilleurs romans policiers, Claudia Pineiro nous entraîne à sa suite dans le monde des privilégiés argentins des années 90. Après cette scène inaugurale elle revient en arrière dans la décennie précédente et s’insinue dans les vies des quelques couples avec enfants qui vivent dans ce lieu. Il y a là Virginia l’agent immobilier et son mari Ronie, leur fils Juani, Teresa la paysagiste et Tano l’entrepreneur, Gustavo l’homme d’affaires et sa femme Carla, Ernesto et Mariana et leur fille adoptive Ramona rebaptisée par sa mère Romina pour sonner plus juste.

Car la principale activité à laquelle se livrent les habitants est celle-ci : se conformer aux us et coutumes de la Cascada, montrer qu’ils en sont, qu’ils font partie de ce club élitiste où l’on vit Entre amis, mais aussi où tout se sait et tout se voit. Il faut évidemment gagner beaucoup d’argent pour vivre là, mais aussi adopter les comportements qui vont avec : faire du sport, avoir une belle épouse richement vêtue, inviter ses voisins à des barbecues, avoir des enfants bien élevés qui réussissent à l’école, avoir un chien bien dressé. Tous leurs efforts sont tendus vers cet objectif : épouser les mœurs de cette élite bourgeoise argentine vite enrichie grâce à l’économie de marché – une bulle financière qui ne va pas tarder à exploser.

Le personnage principal de l’histoire, c’est ce lieu, Altos de la Cascada. Claudia Pineiro avec beaucoup de maîtrise réussit à nous faire partager le quotidien de ses habitants, leurs efforts pour tendre à simuler la réussite – et le revers de la médaille également : tous ses petits ratés, ses petits contournements à la règle, ces choses qui proviennent d’au-delà des murs infranchissables qui entourent le country. Ronie perd son emploi et Virginia doit développer des trésors d’habileté pour continuer à faire vivre la famille en se spécialisant dans la vente de maisons dans la Cascada. Gustavo bat sa femme. Martin Urovitch est juif dans un pays qui ne le dit pas mais pratique un ostracisme anti-juif. Lala sa femme tente de conserver leur niveau de vie mais sans succès alors il faut vendre - l'échec total. Le père de Romina fait sans doute des affaires un peu louches, mais on n’en dit rien ici, du moment qu’il rapporte à la maison de quoi tenir le niveau de vie exigé. Romina ne sait plus très bien où elle en est, qui elle est. Elle se fait appeler Ramona par son ami Juani qu’elle ne quitte plus d’une semelle. Juani fume des joints, ce qui n’est pas très grave en soi, mais l’inscrit d’office dans une liste d’enfants "à risque" au collège.

Tout se délite. La belle façade se lézarde peu à peu. Jusqu’au drame final.

Mais, comme dans le fil American Beauty, quelqu’un filme les vicissitudes de ses habitants. Et ce ne sera que dans les toutes dernières pages que l’on saura réellement ce qui s’est passé le soir du 27 septembre 2011 à Altos de la Cascada dans la belle maison de Tano, tandis que les épouses, appelées ironiquement des "Veuves du jeudi" parce qu’elles laissent les hommes entre eux un soir par semaine, vont comprendre ce que leur nom aura de prophétique.
Claudia Pineiro dit très bien la longue dégringolade d’une classe sociale qui essaie de préserver ses acquis quand ce n’est bientôt plus possible.

D’une construction diabolique, avec une précision d’horloger, Claudia Pineiro mène la barque de son histoire jusqu’au point ultime, celui où il ne pourra pas y avoir de retour en arrière. Bientôt la barrière de la Cascada se refermera, et rien ne pourra plus être comme avan
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
Commenter  J’apprécie          30
Dans une résidence hyper sécurisée de la région de Buenos Aires, vivent de riches familles, bourgeois et parvenus, qui cherchent à se protéger des dangers extérieurs et n'aspirent qu'à vivre "entre eux", entre gens biens. A tort, ils croient se protéger de tout et comprennent trop tard que le malheur frappe partout, mais plus encore lorsque l'argent gouverne les vies.
J'ai adoré ce livre qui est à la fois une comédie de moeurs, une étude sociologique et un roman noir. J'ai notamment beaucoup aimé sa contruction: dès les premières pages on sait qu'un drame terrible est arrivé sans savoir exactement lequel. On retourne alors plusieurs mois avant cet évènement. Par les voix de chaque personnage, les causes de cette tragédie sont disséquées, les fragilités et souffrances de chacun expliquant la mécanique de ce drame.
Actes Sud propose d'autres romans de Claudia Pineiro que je ne manquerai pas de lire.
Commenter  J’apprécie          30
Les « veuves du jeudi », ce sont ces desperate housewises des quartiers résidentiels hautement sécurisés de Buenos Aires qui voient leurs maris se réunir et discuter le jeudi soir. Privées de leurs maris, elles se regroupent et s'occupent de leur côté. Sauf que lors d'une de ces réunions, les corps des hommes ont été retrouvés dans la piscine.
[...]
Les Veuves du jeudi est un roman captivant parce qu'il décrit de l'intérieur toute la violence symbolique qui règne au sein de ces quartiers résidentiels hautement sécurisés. La tension est constante : se soucier à chaque instant de ce que notre famille montre, de ce que les voisins perçoivent ou entendent, et cacher à tout prix l'échec et la honte. Toute l'énergie est dépensée en une succession de petites actions perpétrées pour paraître et faire que le bonheur continue à rester lisse et normal. L'obsession des apparences est si ancrée qu'elle se confond avec l'honneur et l'amour propre. On atteint alors des degrés de superficialité et de souffrance glaçants. Jusqu'à quel point doit-on sauver les apparences ?

Pourtant, le monde extérieur avec sa propre violence est à leurs portes. À travers Virginia et les autres desperate housewives, on opère des glissements successifs de plus en plus tendus vers ce jour de septembre 2001 où trois maris sont retrouvés morts dans la piscine.

La violence est aussi dans le désir illusoire de vouloir se replier, de vivre dans le communautarisme, désir de vivre entre soi qui habite les classes privilégiées des pays du monde entier et qui ne fait qu'accentuer la ségrégation des peuples et la peur de l'autre.

L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/les-veuves-du-jeudi-claudia-pineiro-a106673206
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
Commenter  J’apprécie          30
Les veuves du jeudi c'est le nom que ce sont donné les épouses des messieurs qui se réunissent tous les jeudis pour discuter entre hommes, certaines de ces veuves fictives vont le devenir réellement puisque le roman démarre par la découverte des corps de ces amis électrocutés dans la piscine.
Puis l'histoire nous replonge dans les temps qui ont précédé ce drame et qui vont expliquer (ou pas) comment une telle catastrophe a pu se produire.
Nous sommes dans une bulle, un havre de paix dans la périphérie de Buenos Aires, un lotissement où seules les familles aisées peuvent vivre.
Mais tout ceci n'est-il pas qu'une façade et les apparences ne sont-elles pas trompeuses?
Ce roman est un témoignage assez glaçant d'une société argentine qui veut donner le change malgré la crise et les soucis. L'intrigue est prenante et l'auteur nous déroule cette histoire en faisant intervenir des personnages très variés mais tous passionnants.
Nous avons Virginia, qui est agent immobilier et son mari Ronie, Teresa paysagiste de son métier et Tano qui lui est entrepreneur, Gustavo homme d'affaires et sa femme Carla, Ernesto et Mariana et leur fille adoptive Ramona qu'ils décident de rebaptiser Romina pour coller davantage au snobisme de cet univers bourgeois.
Toutes ces vies vont s'entrecroiser, se télescoper et l'atmosphère va souvent être tendue au maximum.
Chaque personnage semble relier par un fil à une vie de paraître jusqu'au jour où tout explose.
Ecriture ciselée qui fait ressortir au maximum l'hypocrisie de ces existences basées sur l'illusion de la richesse et surtout du regard d'autrui.
L'auteure ne nous épargne pas les côtés sordides qu'on cache comme la violence conjugale par exemple.
Construit également comme une intrigue policière l'histoire nous emporte totalement et ce n'est qu'à la fin qu'on comprend la cause de ces électrocutions et des ces morts.


A découvrir si vous êtes curieux-ses de littérature d'Amérique du sud.
Lien : http://delcyfaro.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          20
Caustique ert révélateur des sociétés en déréliction, rongées par le vice de l'argent , des nantis, nouveaux riches qui se cloîtrent derrière de hauts murs pour se protéger de la vue et d'éventuelles agressions de ceux qui n'ont plus rien, avant qu'eux-mêmes ne subissent les revers de la crise. Tout n'est chez eux que façades qui ne vont pas tarder à se lézarder.
Excellent écrivain, à découvrir absolument. Son regard acéré et sans complaisance est assassin.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (173) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
373 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}