Je me dis chaque jour : « Aujourd'hui, je vais écrire une histoire. » Mais le soir, après la vaisselle du dîner, je me mets à bâiller et je me dis : « Demain, je l'écris demain, absolument. »
Je viens de faire la vaisselle. Je nettoie la cuisine, puis je vais m'asseoir devant la télévision. Je me dis : « Je vais écrire sur un bout de papier un résumé de l'histoire que j'ai dans la tête en quelques phrases et je vais coller le papier sur la glace de la salle de bains, comme ça, demain, je me souviendrai que j'ai cette histoire à écrire. »
Histoire du lapin et de la tomate
Je détestais marcher. Je me fatiguais vite et je demandais qu'on me porte. À cinq ans, marcher est la chose la plus ennuyeuse qui soit. Les distances étaient interminables, aucun endroit ne me paraissait assez digne d'intérêt pour qu'on se fatigue à s'y rendre.
Sur le rebord de la fenêtre
Je ne connais pas la voisine d’en face bien que de ma fenêtre je l’aperçoive chaque jour dans sa cuisine ou dans sa cour. Tous les matins, elle y porte son linge pour l’étendre sur une corde tendue entre deux vieux platanes. Puis, elle retourne à sa cuisine où elle prépare le déjeuner. Moi aussi, au même moment, je suis en train de faire le déjeuner. Je fais exactement les mêmes choses au même moment. Seules une ruelle étroite et une petite cour séparent nos activités identiques.
Le platane et moi étions amis. Lui non plus ne comprenait pas la raison de tous ces va-et-vient. Nous nous demandions tout le temps : « Pourquoi ces gens bougent-ils ? Que cherchent-ils ? Où vont-ils ? » ( Sur le rebord de la fenêtre )
C'était comme si toutes ces années n'avaient duré qu'un an, tous ces mois un seul mois, tous les jours du mois un seul jour ; un jour dont tous les instants lui étaient familiers.
Arroser la cour et les pétunias est la dernière tâche de la journée, une tâche qu'elle apprécie mais qui est aussi pour elle une source d'anxiété, car ensuite, il n'y a plus rien à faire. Elle n'aime pas rester inactive. Quand elle reste sans rien faire, elle se met à avoir des idées_des idées noires, des idées vaines.
Je me dis chaque jour : " Aujourd'hui, je vais écrire une histoire." Mais le soir, après la vaisselle du dîner, je me mets à bailler et je me dis:" Demain, je l'écris demain, absolument...demain j'aurais tout le temps...demain il faut que je me souvienne que..."