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32 pages
Fantagraphics (30/06/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Grooming victims to be slaughtered on the DARK WEB for the enjoyment of psychopaths requires lots of work to keep them from being identified. The Poker Face organization, one of the most successful black market Red Room companies on the internet, goes to great lengths to fulfill their customers' depraved fantasies while avoiding law enforcement every step of the way. From the creator of Hip Hop Family Tree and X-Men: Grand Design comes this ALL-NEW monthly comic boo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Insoutenable
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Ce numéro 2 fait suite à Red Room #1 (2021) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre le principe de Pentagram Pictures. Sa première parution format papier date de juillet 2021. Il a été entièrement réalisé par Ed Piskor : scénario, dessins, encrage, nuances de gris, et texte d'une page pour la postface datant de mai 2021. Il contient 22 pages en noir & blanc avec une teinte sablée pour imiter un papier de mauvaise qualité et légèrement jauni par l'âge. Il se termine avec 8 pages de dessins réalisés par des lecteurs. Ce créateur est également l'auteur de Hip Hop Family Tree et X-Men: Grand Design.

Le web clandestin (Dark Web) permet de surfer anonymement sur le net, à l'abri de toute conséquence. La cryptomonnaie permet des transactions sans traçabilité papier, augmentant encore le degré d'obfuscation. Il est fait un usage abusif de ces outils pour développer une sous-culture toxique de divertissement à base de meurtres en temps réel, filmés par webcam. Qui prendrait part à une entreprise aussi malsaine ? Qui sont les victimes ? Qui sont les clients ? Qui sont les meurtriers ? Les émissions ont pu reprendre sur le site de Pentagram Pictures. Derrière leur écran, les clients peuvent assister à une prestation de Decimator, avec son masque à long bec, tenant l'extrémité d'une chaîne dans sa main droite, et élevant la victime au-dessus du sol en la tenant par le cou, avec sa main gauche. Un message encourage les internautes à verser des pourboires s'ils veulent pouvoir rester dans le chat. Dans ce dernier, une dizaine de clients commentent le carnage : Decimator vient de faire un grand moulinet des mains avec la chaîne, sous l'effet de l'entraînement, le crâne de la victime vient de se fracasser contre le mur.

Dans le bureau de l'entreprise, deux responsables d'un autre site discutent évoquant le hiatus de leurs propres émissions à la suite d'un incident au pénitencier de Braddock, constatant que ce qui faisait leur force, c'était la régularité avec laquelle ils proposaient des produits. Ils se disent qu'il va leur falloir trouver des idées innovantes pour rebondir, travailler beaucoup d'heures pour parvenir à redevenir compétitifs, avant de pouvoir recommencer à se reposer un peu. Puis ils prêtent attention à ce qui se passe à l'écran, très impressionnés par le professionnalisme et l'inventivité de Decimator. Enfin l'un d'eux décide qu'il est temps d'éteindre, et de se remettre au travail : il demande comment va le docteur, car tout dépend de lui pour pouvoir disposer d'une victime fraîche. Il y a quelques temps de cela, un homme d'une trentaine d'années se trouve sur le toit de l'église avec son chien, voyant l'inondation qui a recouvert toute la ville. Il ressert le noeud qui tient en place l'atèle de fortune sur la patte de son chien. Celui-ci se met à aboyer : un hélicoptère de secours arrive. Un individu avec une tenue d'intervention et un casque descend en harnais vers lui. Il lui tend une bouteille d'eau et enlève son casque. le sinistré le reconnaît : c'est Mike Wilkins, une star du bowling.

En réalité, le lecteur n'attend pas le lecteur au tournant car il sait très bien qu'il ne va pas le décevoir. Ed Piskor produit ses comics tout seul du début jusqu'à la fin, et bénéficie de la publication par un éditeur indépendant respectueux des auteurs. Ce troisième chapitre (il y en avait deux dans le premier épisode qui était un numéro double) commence par une séance de meurtre bien sale. le récit reste fermement ancré dans le genre gore, les deux pieds dans la tripaille sanguinolente encore chaude, baignant dans le sang. le gore est un genre assez exigeant du fait de ses paramètres très limités : de la bidoche et des meurtres immondes. Il n'y a pas de possibilité de tricher avec ça, et il est très difficile de se renouveler. En outre, l'artiste doit se montrer assez réaliste pour être convaincant, s'il ne veut pas sombrer dans le grand guignol et un second degré qui rend ridicule, voire pitoyable, chaque prestation de meurtre. de ce point de vue, le premier spectacle gore penche plutôt du côté de la parodie que de l'effroi. Il est présenté sous la forme de 6 cases, à raison de deux par page, chacune se présentant comme un écran d'ordinateur, avec le titre, la vidéo en train de défiler, les messages du site, et la colonne de chat à droite. L'artiste a choisi de montrer un bourreau d'une grande force, capable de tenir en l'air la victime d'une seule main. Il accentue le mouvement circulaire qui envoie la victime heurter le mur avec la tête. Les deux cases de la page suivante montrent la victime au premier plan, le bourreau en arrière-plan, et une masse sanguinolente de chairs tuméfiées à la place du visage, puis le bourreau qui tire à nouveau sur la chaîne avec une grande violence. Enfin dans la troisième page, le lecteur voit la victime avec le dos tellement arqué qu'il en déduit que la colonne vertébrale est sur le poids de céder, et enfin un énorme couteau planté dans le torse du supplicié.

Le lecteur se dit qu'Ed Piskor a choisi de privilégier le second degré au détriment d'une certaine forme de réalisme. Il attaque donc la deuxième séquence avec cette façon de lire en tête. du coup, le rescapé de l'inondation donne l'impression d'être un peu neuneu. La descente du sauveteur dans une contreplongée très accentuée donne l'impression d'une exagération de télévision sensationnaliste, et le lecteur a du mal prendre au premier degré la manière dont elle se conclut. le lecteur se dit que l'intention de l'auteur est plus dans la parodie, et du coup il regarde les images avec cette idée en tête : une crosse frappant un visage au point que le nez semble s'enfoncer dans le crâne, une petite fille souriant de toutes ses dents, trop mignonne pour être vraie, un tout jeune garçon afro-américain avec sa casquette en arrière et ses baskets aux lacets défaits presque caricatural, un patient sur un vélo d'appartement concentré comme s'il pilotait une formule 1. Difficile de prendre ces visuels au sérieux, et donc passage en mode grand guignol. En soit, ce n'est pas un défaut, mais ça va à l'encontre de l'intention explicite de l'auteur qui est de s'interroger sur la plausibilité d'une telle sous-culture, de la possibilité de réaliser ces séances de torture qui seraient l'évolution des snuffmovies.

L'auteur doit également faire preuve d'inventivité pour être intéressant avec le niveau de contrainte qu'il s'est imposé. Il ne montre pas les propriétaires du site Pentagram Pictures, et très peu leurs hommes de main. le point focal de cet épisode n'est donc pas vraiment le fonctionnement interne de l'entreprise, au jour le jour. Ici, Piskor reprend le questionnement sur l'approvisionnement en victime, et la manière de les rendre présentables pour la performance du bourreau. Après le premier show, le lecteur peut donc voir un individu se faire récupérer par l'organisation Pentagram Pictures pour faire office de victime. Dans sa postface, il explique qu'une telle série nécessite qu'il se projette dans une telle organisation pour imaginer et concevoir comment elle peut fonctionner, quelle est la logistique à mettre en place. Ici, il revient au fait qu'il faut réussir à faire disparaître quelqu'un qui ne manquera à personne, avec des moyens qui ne laissent pas de trace. En voyant arriver l'hélicoptère, le lecteur se dit que le scénariste y va trop fort. Mais dans la postface, Piskor explique qu'il part du postulat qu'une industrie d'un tel genre de divertissement ne peut être viable que si elle génère un chiffre d'affaires en millions de dollars. Avec cette idée en tête, les modalités d'enlèvement de cette victime deviennent cohérentes. En outre, l'auteur met en oeuvre une idée intéressante pour diminuer le risque d'identification de la victime massacrée lors de la séance de boucherie. Là, le lecteur se dit que le scénariste s'est projeté assez loin dans son histoire car cette manière de faire apparaît totalement pertinent et plausible, y compris la forme de chantage exercée sur le professionnel qui rend ça possible.

Du coup, arrivé aux trois quarts de l'épisode, l'état d'esprit du lecteur a insensiblement évolué, passant du grand guignol, à quelque chose qui fait froid dans le dos. Arrive la dernière scène, et la tonalité du récit bascule totalement pour revenir dans le gore immonde, dans l'horreur visuelle intense, immonde et très dérangeante. Pendant 5 pages, Poker Face, la nouvelle star des productions Pentagram, réalise une prestation qui retourne le ventre du lecteur par la torture imaginée. Les dessins sont particulièrement graphiques avec un niveau de détails écoeurant. L'exagération présente dans la première scène a diminué au point que la séquence puisse être prise au premier degré, nauséeuse et d'une cruauté insoutenable. le lecteur sent son malaise augmenter d'encore plusieurs crans quand il pense au processus mental du créateur qui l'a amené à imaginer, penser et dessiner cette atrocité.

Deuxième épisode de la série dont le premier a rencontré un succès significatif. le lecteur commence par se dire que l'auteur a choisi de modifier un peu le dosage de ses ingrédients pour se placer plus dans le grand guignol. L'intrigue en elle-même se focalise sur la récupération d'une victime pour la prochaine performance, et sa préparation. La narration visuelle reste très soignée, un bon indicateur du degré d'implication de son auteur. Ces différentes caractéristiques rendent la dernière scène insoutenable, car le dosage revient vers plus de réalisme, rendant cette performance plus intense et plus insoutenable, surtout quand on commence à penser au processus de création qui a mené Ed Piskor à dessiner ça, à son entrain et au temps qu'il a consacré pour imaginer une telle horreur.
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Vidéo de Ed Piskor
Ed Piskor poursuit sa quête gore et repousse les limites de l'inadmissible pour dénoncer une Amérique dont il ne partage pas la même définition de la décence. Spoiler, celle de l'auteur n'est pas la plus intolérable. Mr NFT, les Splatterpunk Outlaws, Poker Face, Maitresse Pentagram toutes ces stars du dark web font leur snuff shows rapportant des milliers de bitcoins. Au menu macabre : tortures, meurtres sordides, violes et mises en scène ignobles, la petite entreprise sanglante ne connaît pas la crise. Mais qui est cette nouvelle star appelée le Décimateur qui fait recettes depuis peu ?
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