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EAN : 978B0858W34TW
269 pages
Éditions Jerkbook (27/02/2020)
4.89/5   9 notes
Résumé :
Fatigué de ce travail de journaliste, de lieutenant de rédaction, d'éditeur, d'écrivain où il faut tout le temps réfléchir, trouver des idées, les réaliser, sans compter la promo derrière, la gestion et tout le reste. Ça fait des années maintenant, et j'en ai marre ! Ajouté à cela : les affres d'une séparation. Il me faut dégager vers une nouvelle vie ; immaculée. Exode loin, en haut d'une montagne, avec mon bas de laine, et recherche d'un travail. Ma femme d'aventu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
JeF Pissard nous invite à pousser une porte et à entrer en ami dans une de ces maisons devant lesquelles nous passons souvent sans jamais nous y arrêter. A l'intérieur, y vivent des gens comme vous et moi, c'est-à-dire se levant, mangeant, s'activant, communiquant… Bref, des hommes et des femmes occupant leur place sur terre. Sinon que… cette maison s'appelle une Institution, et cette Institution est composée de plusieurs pavillons accueillant des résidents polyhandicapés.
Ce sont eux les héros de ce roman, nous prenant la main pour nous mener dans leur « chez eux » qui est une contrée bien inconnue à beaucoup d'entre nous. Un voyage au centre d'un quotidien extra-ordinaire. Alors, tous ces résidents prennent la parole par l'intermédiaire de l'auteur. Leur parole d'ailleurs ce n'est pas nécessairement une combinaison de mots mais une communication à travers leurs rires, leurs pleurs, leurs facéties, leurs gestes, leur besoin d'être reconnus et d'aimer, à travers tout simplement leur manière d'être à leur façon. Pour beaucoup leur âge mental n'est pas celui de leur carte d'identité, il faut apprendre alors à être en phase avec ces adultes dépendants, ces enfants qu'ils ne sont pas.
Les mots et les gestes des soignants s'occupent de ces corps qui ont trahi et trahissent encore car n'obéissant qu'à leur bon vouloir. Se pose alors la question obsédante pour chaque aidant : interprète-t-il bien ce que le résident donne à voir ? Passe-t-il à côté d'une douleur, d'une demande, d'une intention ? Un geste de violence est-il vraiment la volonté d'agresser ou autre chose ? Comment trouver le moyen d'aider cette personne alors que différentes tentatives ont déjà mises en oeuvre, en vain ?
Les résidents doivent donc faire sans ce dont ils ont été amputés. Et croyez-moi, cela est une aventure de chaque instant. Une journée est un vrai défi. L'auteur décrit ce quotidien avec précision, sans censurer les situations qui peuvent déranger le lecteur non initié. Pourtant, parler de tout peut-être fait avec pudeur, soulever certains tabous peut-être fait avec délicatesse malgré un vocabulaire vrai et parfois cru. Décrire une dure réalité sans jamais être larmoyant, c'est bien la prouesse de l'auteur.
Et sous ses corps déformés, enraillés, vibrent de vie des êtres uniques. Nous suivons certains d'entre eux à nous fendre de rire. Ils nous impressionnent par leur esprit créatif et sans artifice. Ils nous agacer de leurs exigences, et nous émerveillent finalement par leur capacité à nous remettre en question et à nous rendre meilleurs. C'est-à-dire à recevoir de belles leçons de vie de leur part.
On s'aime dans ce livre, on s'entraide, on s'engueule, on se pardonne, on rit souvent, on se regarde avec bienveillance, on se sent humain.
Lisez ce livre qui est un témoignage, une sorte de carnet de route pour découvrir, comprendre qu'il n'est pas besoin de tenir debout pour être un grand homme.
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Retour un peu spécial pour bouquin un peu spécial.

Pas de héros craquant au regard gris acier et à la musculature parfaite, pas de bimbo blonde, forte et fragile, maniant l'arc comme personne, pas de meurtre, pas d'enquête, pas de romance, pas de magnifiques paysages, pas de, pas de…

Alors quoi ? me direz-vous, rien ?

Eh bien si, un quotidien brut de décoffrage de gens… Spéciaux. C'est-à-dire ? Des pas comme nous, des différends, des cassés ou des « pas finis ». Pas facile de localiser l'humain se cachant dans un corps tordu. Pourtant il est bien là. Planqué quelque part, compliqué et fantasque, éphémère et changeant. Insupportable parfois, voire violent avec lui-même ou avec les autres… Comme le sont tous les humains quoi ! Uniques et particuliers, avec leurs exigences, leurs sales manies et leurs côtés pourtant attachants.

Au fil de son apprentissage, tout en nous apprenant, l'auteur apprend à le chercher cet humain camouflé, à le trouver, à le reconnaître, à le manier, à communiquer avec lui, à l'apprécier, à tenter d'atténuer ses blessures.

C'est quoi ce bouquin ? L'exposé d'un registre réaliste et parfois dérangeant. La mise en mots d'un univers ignoré. Tout un panel de mots couchés sur le papier par un témoin actif qui découvre tout en décrivant. À moins que ce ne soit le contraire.

On lui emprunte son regard à ce mec-là, on lui vole ses surprises. Par procuration on vit ses petites joies ou ses petites victoires… Ça n'a l'air de rien du tout ou de pas grand-chose… Ça n'en a que l'air, parce qu'en fait, c'est énorme ! Énorme ce que de simples gestes prodigués, ce que l'attention, ce que l'écoute du silence peuvent apporter comme réconfort à des abîmés pourvus d'une âme.

Une âme ? Oui, vous avez bien lu, une âme ! Car chez tout humain, sculptural ou déformé, il y en a une ! L'auteur sans pour autant la nommer, semble même l'affirmer, insister. Et à mon sens il a bougrement raison. Il faut parfois savoir chercher.

Mais à mon avis, faire l'effort de chercher n'est pas suffisant pour comprendre et accepter ! Il faut également une bonne dose d'humilité, de pudeur, de volonté et de professionnalisme pour oser apprendre à le faire.

Ce bouquin est presque une méthode, un cahier du jour tenu par un aide-soignant. Il est utile parce qu'humainement enrichissant.

« Aujourd'hui il se passe ci ou ça. Diarrhée de machin à traiter, grosse colère de Truc à gérer, crise, peur, solitude et fou rire. Journée importante aujourd'hui, nouvelle arrivée, visite de la famille »

Des petits riens, notre monde est fait de petits riens, le leur aussi. Après tout, on se ressemble, un peu.

Pas de recherche de style, c'est télégraphique, répétitif, efficace, précis. Ça informe, ça ouvre les yeux, ça vous dit : « Aucune leçon à tirer de tout ça, acceptez simplement d'entrevoir comment ça se passe, c'est journalier et ce n'est pas loin de chez vous ».

Il me prend l'envie d'énumérer une liste de mots : « Expérience, témoignage, rapport, parcours, quotidien, réalité, souffrance, joie, corps, métier, utile, acceptation, quête, fêlure » J'aurais pu en trouver bien d'autres.

Confiné dans une époque étrange lors de laquelle à vingt heures des balcons applaudissent par mimétisme des soignants qu'ils ignoraient il y a peu, il est bon de rappeler que d'autres, des modestes et des anonymes, sont aussi et à longueur d'année en première ligne. Pour le boulot qu'ils font, eux aussi méritent leur part d'applaudissements. Et pas du haut d'un balcon parce que c'est une mode qui passera, comme toutes les modes. Lire ce bouquin, en parler, remplacera très avantageusement une salve d'applaudissements.

Lien : https://jeanbjouteur.wixsite..
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Ils mangent, ils boivent, ils dorment, ils jouent, ils vont aux toilettes, ils prennent leur douche, ils rient, ils pleurent, ils rêvent, ils aiment, ils n'aiment pas, ils râlent ou sont contents, ils sont sympas ou pas… Ils, ce sont les humains. Tous les humains. Dans ce livre, c'est juste que ce sont des humains lourdement handicapés (pardon, en situation de handicap). Donc faut juste en plus les laver, leur donner à manger, les porter, nettoyer leur bave, leurs couches, etc. Les assister sur tout, quoi. À part ça. À part ça, heureusement qu'il y a des gens comme le personnel soignant pour s'en occuper. Et heureusement qu'il y a des JeFPissard pour un jour envoyer tout balader et se mettre à leur service quelques temps, histoire de faire le tri et de retrouver ce qui est vraiment important. Pas de pathos, de misérabilisme, de fausse compassion compassée… JeF est là, il fait. Il leur donne à manger à la petite cuillère, lave leurs fesses dans la douche, plaisante et rit. C'est ça que j'aime chez JeF Pissard. Cette égalité totale. Il n'y a pas de préséance, de supérieur ou de subordonné, de blond ou de noir, d'imbécile ou d'intelligent, d'handicapé ou pas. Il y a des humains. C'est tout. Et des rencontres. Des superbes rencontres humaines. JeF ne pouvait pas rester tout à fait le même après cette vie au milieu de la vie… Nous non plus après avoir lu son livre. Merci JeF. Merci aussi pour ton hommage aux soignants. Je te tutoie, hein, grâce à toi on a partagé cette histoire pas comme les autres ; on peut dire ce qu'on veut mais ça rapproche.
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Hello,
Mon retour sur Assis par terre , debout au paradis.
Cela fait plusieurs livres que je lis de JeFpissard Jbk et j'ai à chaque fois adoré son univers décalé. Cette fois, je sors groggy d'émotion de ma lecture.
Ici, l'auteur nous raconte le quotidien de personnes polyhandicapées dans un institut.
12 personnes différentes, mais ô combien touchantes se côtoient pour nous raconter leur vie, leur vécu, leur quotidien.
L'auteur nous livre une part de sa vie aussi et traite ces handicapés avec une bienveillance et une humanité hors norme.
L'humour est présent tout le temps et ce carnet de soignant aborde des tas de questions notamment celle de la mort.
Ce témoignage nous montre tout : soins, toilettes, les difficultés, mais aussi et peut être surtout les moments cocasses que ces pensionnaires peuvent connaître. Une complicité réelle nait entre soignants et patients et c'est touchant.
Certaines scènes sont assez difficiles, mais j'ai néanmoins gardé mon sourire malgré toutes les émotions ressenties à ma lecture. le récit ne vrille jamais vers le pathos et j'ai grandement apprécié.
Je conseille ce roman qui permet d'ouvrir les yeux sur le quotidien du personnel soignant et des personnes polyhandicapées.
t
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C'est un livre marquant que celui-là ; JeF Pissard l'a clairement écrit avec ses tripes. L'auteur nous décrit son expérience dans une unité pour handicapés et casse les idées toutes faites ; certains personnages sont espiègles, plein de drôleries, même au moment où la mort les approche de très prés et peu les happer. JeF Pissard nous parle également des « blouses blanches » ; « Il y a de l'humain sous la blouse blanche » écrit-il. En effet, ceux-ci nouent des relations avec les personnes handicapées ; les blouses blanches vont constituer la famille pour certain-e-s qui embarrassent leur famille biologique… Mais attention ; c'est « de l'affection tout en état en métal détachement »… Hé oui, car il s'agit aussi de protéger l'humain derrière la blouse blanche… Dans cette oeuvre que je considère comme parfaitement réussie, on sourit, on rit, on se trouve attendri. Et pour parler du style particulier de JeF Pissard ; il est léger, fluide… Et celui-ci invente même des mots « difficultueux, souventefois... » … chose assez surprenante…et la fin du livre détonne Donc la plume est libre, virevolte…
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
On défait laborieusement les longs lacets de ses chaussures orthopédiques, on lui ôte ses pompes. On lui enlève sa première chaussette de contention arrivant sous le genon. Et on lui met dans la main. D’un mouvement lent et gourd, il la porte à hauteur de son nez. Sent. Marque un temps. Fait une horrible expressive grimace, accompagnée d’un cri : «  Pouah ! », avant de balancer la chaussette à un mètre maxi.
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