« Neuf Géants rêveurs d’étoiles et un petit homme aveuglé par son désir de gloire, c’était toute notre histoire. » (p. 76)
« Ils étaient neuf, cinq Géants et quatre Géantes. Enluminés de la tête aux pieds, y compris sur la langue et les dents, d’un embrouillamini délirant de tracés, de volutes, d’entrelacs, de spirales et de pointillés d’une extrême complexité. A la longue, on pouvait discerner, émergeant de ce labyrinthe fantasque, des images reconnaissables : arbres, plantes, animaux, fleurs, rivières, océans, un véritable chant de la terre dont la partition dessinée répondait à la musique de leurs nocturnes invocations célestes. » (p. 44)
Ils semblaient parfaitement et immuablement heureux. Mais je finis par me lasser de ces chants trop mélodieux, de ces interminables parades, auxquelles je ne pouvais évidemment prendre aucune part. Mon regard se perdait au-delà des cimes éclatantes, cherchant en vain le gris perle des ciels londoniens. Il y avait près de dix mois que j'étais parmi eux...
Je me souviens de nos premiers vrais échanges lors d'interminables veillées nocturnes : des nuits entières, leurs voix s'entremêlaient pour appeler une à une les étoiles. Une mélodie fluide, complexe, répétitive, un tissage merveilleux de notes graves, profondes, orné de variations ténues, de trilles épurés, d'envolées cristallines.
Mes livres les avaient tués bien plus sûrement qu'un régiment d'artillerie. Neuf Géants rêveurs d'étoiles et un petit homme aveuglé par son désir de gloire, c'était toute notre histoire
La fatigue, la faim et le froid se montrèrent de fidèles compagnons, et je puis témoigner ici de toute la sollicitude dont ils m'entourèrent.
La terre se mit à trembler légèrement, mais j'étais trop faible pour réagir. Un soleil froid me fit soulever les paupières avant de s'éclipser dans l'ombre d'un de ces piliers de pierre. Horreur ! Ce dernier se pencha vers moi. Il chantait d'une voix incroyablement douce. Ma raison était-elle à ce point altérée ? Était-ce un rêve ? une hallucination ?
Je comptais sur la peau de Géol , constellée d'étoiles et d'objets célestes, quarante et une apparitions de la comète Halley, ce qui le créditait d'une existence de plus de trois milles ans !
L'interprète me présenta deux guides avec lesquels je perdis, outre la moitié de ma bourse, un temps précieux à négocier les conditions de mon équipée. (p. 12)
"Je compris alors pourquoi ils me regardaient parfois avec pitié. Davantage que ma petite taille, c'était ma peau muette qui les peinait : j'étais un être sans parole."