AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La peur et autres récits : 8 nouvelles fantastiques, réal.. (9)

La vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois.
Commenter  J’apprécie          10
La peur (et les hommes les plus hardis peuvent avoir peur), c’est quelque chose d’effroyable, une sensation atroce, comme une décomposition de l’âme, un spasme affreux de la pensée et du cœur, dont le souvenir seul donne des frissons d’angoisse.
Commenter  J’apprécie          10
Bien que j’apprécie l’élégance vestimentaire, je ne fais guère attention, habituellement, à la perfection plus ou moins grande avec laquelle sont coupés les complets de mes semblables.

Un soir pourtant, lors d’une réception dans une maison de Milan, je fis la connaissance d’un homme qui paraissait avoir la quarantaine et qui resplendissait littéralement à cause de la beauté linéaire, pure, absolue de son vêtement.

Je ne savais pas qui c’était, je le rencontrais pour la première fois et pendant la présentation, comme cela arrive toujours, il m’avait été impossible d’en comprendre le nom. Mais à un certain moment de la soirée je me trouvai près de lui et nous commençâmes à bavarder. Il semblait être un homme poli et fort civil avec toutefois un soupçon de tristesse. Avec une familiarité peut-être exagérée - si seulement Dieu m’en avait préservé ! - je lui fis compliments pour son élégance ; et j’osai même lui demander qui était son tailleur.

L’homme eut un curieux petit sourire, comme s’il s’était attendu à cette question.

" Presque personne ne le connaît, dit-il, et pourtant c’est un grand maître. Mais il ne travaille que lorsque ça lui chante. Pour quelques clients seulement.

- De sorte que moi... ?

- Oh ! vous pouvez essayer, vous pouvez toujours. Il s’appelle Corticella, Alfonso Corticella, rue Ferrara au 17.

- Il doit être très cher, j’imagine.

- Je le pense, oui mais à vrai dire je n’en sais rien. Ce costume il me l’a fait il y a trois ans et il ne m’a pas encore envoyé sa note.

- Corticella ? rue Ferrara, au 17, vous avez dit ?

- Exactement ", répondit l’inconnu.

Et il me planta là pour se mêler à un autre groupe.
Commenter  J’apprécie          10
Une nuit que je rentrais chez moi – il pouvait être une heure, une heure un quart – j’entendis mon nom prononcé à voix basse. Il me parut venir de la muraille que je frôlais. Je m’arrêtai désagréablement surpris.
- N’y a-t-il plus personne dans la rue ? reprit la voix. C’est moi, Honoré Subrac.
- Où êtes-vous donc ? m’écriai-je, en regardant de tous côtés sans parvenir à me faire une idée de l’endroit où mon ami pouvait se cacher.
Je découvris seulement sa fameuse houppelande gisant sur le trottoir, à côté de ses non moins fameuses pantoufles.
- Voilà un cas, pensai-je, où la nécessité a forcé Honoré Subrac à se dévêtir en un clin d’œil. Je vais enfin connaître un beau mystère.
Et je dis à haute voix :
- La rue est déserte, cher ami, vous pouvez apparaître.
Brusquement, Honoré Subrac se détacha en quelque sorte de la muraille contre laquelle je ne l’avais pas aperçu. Il était complètement nu et, avant tout, il s’empara de sa houppelande qu’il endossa et boutonna le plus vite qu’il put. Il se chaussa ensuite et délibérément, me parla en m’accompagnant jusqu’à ma porte.
Commenter  J’apprécie          10
n dépit des recherches les plus minutieuses, la police n’est pas arrivée à élucider le mystère de la disparition d’Honoré Subrac.
Il était mon ami, et comme je connaissais la vérité sur son cas, je me fis un devoir de mettre la justice au courant de ce qui s’était passé. Le juge qui recueillit mes déclarations prit avec moi, après avoir écouté mon récit, un ton de politesse si épouvantée que je n’eus aucune peine à comprendre qu’il me prenait pour un fou. Je le lui dis. Il devint plus poli encore, puis, se levant, il me poussa vers la porte, et je vis son greffier (1), debout les poings serrés, prêt à sauter sur moi si je faisais le forcené.
Je n’insistai pas. Le cas d’Honoré Subrac est, en effet, si étrange que la vérité paraît incroyable. On a appris par les récits des journaux que Subrac passait pour un original. L’hiver comme l’été, il n’était vêtu que d’une houppelande (2) et n’avait aux pieds que des pantoufles. Il était fort riche, et comme sa tenue m’étonnait, je lui en demandai un jour la raison :
- C’est pour être plus vite dévêtu, en cas de nécessité, me répondit-il. Au demeurant, on s’accoutume vite à sortir peu vêtu. On se passe fort bien de linge, de bas et de chapeau. Je vis ainsi depuis l’âge de vingt-cinq ans et je n’ai jamais été malade.
Ces paroles, au lieu de m’éclairer, aiguisèrent ma curiosité.
- Pourquoi donc, pensai-je, Honoré Subrac a-t-il besoin de se dévêtir si vite?
Et je faisais un grand nombre de suppositions…
Commenter  J’apprécie          10
L'Anglais était mort étranglé ! Sa figure noire et gonflée, effrayante, semblait exprimer une épouvante abominable ; il tenait entre ses dents serrées quelque chose ; et le cou, percé de cinq trous qu'on aurait dits faits avec des pointes de fer, était couvert de sang. Un médecin nous rejoignit. Il examina longtemps les traces des doigts dans la chair et prononça ces étranges paroles : - On dirait qu'il a été étranglé par un squelette. Un frisson me passa dans le dos, et je jetai les yeux sur le mur, à la place où j'avais vu jadis l'horrible main d'écorché. Elle n'y était plus. La chaîne, brisée, pendait. Alors je me baissai vers le mort, et je trouvai dans sa bouche crispée un des doigts de cette main disparue, coupé ou plutôt scié par les dents juste à la deuxième phalange. Puis on procéda aux constatations. On ne découvrit rien. Aucune porte n'avait été forcée, aucune fenêtre, aucun meuble. Les deux chiens de garde ne s'étaient pas réveillés.
Commenter  J’apprécie          10
Le château dans lequel mon domestique s’était avisé de pénétrer de force, plutôt que de me permettre, déplorablement blessé comme je l’étais, de passer une nuit en plein air, était un de ces bâtiments, mélange de grandeur et de mélancolie, qui ont si longtemps dressé leurs fronts sourcilleux au milieu des Apennins, aussi bien dans la réalité que dans l’imagination de mistress Radcliffe. Selon toute apparence, il avait été temporairement et tout récemment abandonné. Nous nous installâmes dans une des chambres les plus petites et les moins somptueusement meublées. Elle était située dans une tour écartée du bâtiment. Sa décoration était riche, mais antique et délabrée. Les murs étaient tendus de tapisseries et décorés de nombreux trophées héraldiques de toute forme, ainsi que d’une quantité vraiment prodigieuse de peintures modernes, pleines de style, dans de riches cadres d’or d’un goût arabesque. Je pris un profond intérêt, — ce fut peut-être mon délire qui commençait qui en fut cause, — je pris un profond intérêt à ces peintures qui étaient suspendues non seulement sur les faces principales des murs, mais aussi dans une foule de recoins que la bizarre architecture du château rendait inévitables ; si bien que j’ordonnai à Pedro de fermer les lourds volets de la chambre, — puisqu’il faisait déjà nuit, — d’allumer un grand candélabre à plusieurs branches placé près de son chevet, et d’ouvrir tout grands les rideaux de velours noir garnis de crépines qui entouraient le lit. Je désirais que cela fût ainsi, pour que je pusse au moins, si je ne pouvais pas dormir, me consoler alternativement par la contemplation de ces peintures et par la lecture d’un petit volume que j’avais trouvé sur l’oreiller et qui en contenait l’appréciation et l’analyse.
Commenter  J’apprécie          10
On remonta sur le pont après dîner. Devant nous la Méditerranée n’avait pas un frisson sur toute sa surface, qu’une grande lune calme moirait. Le vaste bateau glissait, jetant sur le ciel, qui semblait ensemencé d’étoiles, un gros serpent de fumée noire ; et, derrière nous, l’eau toute blanche, agitée par le passage rapide du lourd bâtiment, battue par l’hélice, moussait, semblait se tordre, remuait tant de clartés qu’on eût dit de la lumière de lune bouillonnant.

Nous étions là, six ou huit, silencieux, admirant, l’œil tourné vers l’Afrique lointaine où nous allions. Le commandant, qui fumait un cigare au milieu de nous, reprit soudain la conversation du dîner.

— Oui, j’ai eu peur ce jour-là. Mon navire est resté six heures avec ce rocher dans le ventre, battu par la mer. Heureusement que nous avons été recueillis, vers le soir, par un charbonnier anglais qui nous aperçut.

Alors un grand homme à figure brûlée, à l’aspect grave, un de ces hommes qu’on sent avoir traversé de longs pays inconnus, au milieu de dangers incessants, et dont l’œil tranquille semble garder, dans sa profondeur, quelque chose des paysages étranges qu’il a vus ; un de ces hommes qu’on devine trempés dans le courage, parla pour la première fois :

— Vous dites, commandant, que vous avez eu peur ; je n’en crois rien. Vous vous trompez sur le mot et sur la sensation que vous avez éprouvée. Un homme énergique n’a jamais peur en face du danger pressant. Il est ému, agité, anxieux ; mais, la peur, c’est autre chose.

Le commandant reprit en riant :

— Fichtre ! je vous réponds bien que j’ai eu peur, moi.

(La Peur, Guy de Maupassant)
Commenter  J’apprécie          10
Oh ! personne ne peut comprendre, à moins de les avoir ressenties, ces épouvantables et stupides terreurs. L’âme se fond ; on ne sent plus son cœur ; le corps entier devient mou comme une éponge, on dirait que tout l’intérieur de nous s’écroule
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (58) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Edgar Allan Poe

    De quelle nationalité est-il ?

    Anglaise
    Française
    Irlandaise
    Américaine

    10 questions
    223 lecteurs ont répondu
    Thème : Edgar Allan PoeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}