Un ouvrage d'une grande pédagogie, peut être un peu trop, et extrêmement subjectif. Une fois dit cela, les théories matérialistes sont présentées avec force d'exemples simples (parfois un peu trop) et sont métrisées de bout en bout. La réalité du capitalisme sur les classes sociales sont un fait néanmoins nuancées par le libéralisme et l'économie planétaire qui est maintenant plus complexe qu'alors, donc ce n'est pas que cette philosophie n'a plus de raison d'être mais elle doit évoluer sans doute.
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Chapître II – l’idéalisme
Idéalisme moral et idéalisme philosophique.
Nous avons dénoncé la confusion créée par le langage courant en ce qui concerne le matérialisme. La même confusion se retrouve à propos de l'idéalisme.
Il ne faut pas confondre, en effet, l'idéalisme moral et l'idéalisme philosophique.
L'idéalisme moral consiste à se dévouer à une cause, à un idéal. L'histoire du mouvement ouvrier international nous apprend qu'un nombre incalculable de révolutionnaires, de marxistes, se sont dévoués jusqu'au sacrifice de leur vie pour un idéal moral, et pourtant ils étaient les adversaires de cet autre idéalisme qu'on appelle idéalisme philosophique.
L'idéalisme philosophique est une doctrine qui a pour base l'explication du monde par l'esprit.
C'est la doctrine qui répond à la question fondamentale de la philosophie en disant : « c'est la pensée qui est l'élément principal, le plus important, le premier ». Et l'idéalisme, en affirmant l'importance première de la pensée, affirme que c'est elle qui produit l'être ou, autrement dit, que : « c'est l'esprit qui produit la matière ».
Telle est la première forme de l'idéalisme; elle a trouvé son plein développement dans les religions en affirmant que Dieu, « esprit pur », était le créateur de la matière.
La religion qui a prétendu et prétend encore être en dehors des discussions philosophiques est, en réalité, au contraire, la représentation directe et logique de la philosophie idéaliste.
Or, la science intervenant au cours des siècles, il devint bientôt nécessaire d'expliquer la matière, le monde, les choses autrement que par Dieu seulement. Car, dès le XVIe siècle, la science commença à expliquer les phénomènes de la nature sans tenir compte de Dieu et en se passant de l'hypothèse de la création.
Pour mieux combattre ces explications scientifiques, matérialistes et athées, il fallut donc pousser plus loin l'idéalisme et nier l'existence même de la matière.
C'est à quoi s'est attaché, au début du XVIII° siècle, un évêque anglais, Berkeley, qu'on a pu appeler le père de l'idéalisme.
Pourquoi devons-nous étudier l'idéalisme de Berkeley ?
Le but de son système philosophique sera donc de détruire le matérialisme, d'essayer de nous démontrer que la substance matérielle n'existe pas. Il écrit dans la préface de son livre Dialogues d'Hylas et de Philonoüs :
Si ces principes sont acceptés et regardés comme vrais, il s'ensuit que l'athéisme et le scepticisme sont, du même coup, complètement abattus, les questions obscures éclaircies, des difficultés presque insolubles résolues, et les hommes qui se plaisaient aux paradoxes ramenés au sens commun. [p. 13. Collection « Les classiques pour tous ». Librairie Hatier. Pans.]
Ainsi donc, pour Berkeley, ce qui est vrai, c'est que la matière n'existe pas et qu'il est paradoxal de prétendre le contraire.
Nous allons voir comment il s'y prend pour nous démontrer cela. Mais je pense qu'il n'est pas inutile d'insister, pour que ceux qui veulent étudier la philosophie prennent la théorie de Berkeley en très grande considération.
Je sais bien que les thèses de Berkeley feront sourire certains, mais il ne faut pas oublier que nous vivons, nous, au XX° siècle et que nous bénéficions de toutes les études du passé. Et nous verrons d'ailleurs, quand nous étudierons le matérialisme et son histoire, que les philosophes matérialistes d'autrefois font aussi parfois sourire.
Il faut pourtant savoir que Diderot, qui fut, avant Marx et Engels, le plus grand des penseurs matérialistes, attachait au système de Berkeley quelque importance, puisqu'il le décrit comme un
système qui, à la honte de l'esprit humain et de la philosophie, est le plus difficile à combattre, quoique le plus absurde de tous ! (Diderot : « Lettre sur les aveugles », Textes choisis, t. I, Editions sociales « Classiques du peuple », p. 87. (Cité par Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme, p. 16.))
Lénine lui-même a consacré de nombreuses pages à la philosophie de Berkeley et écrit :
Les philosophes idéalistes les plus modernes n'ont produit contre les matérialistes aucun... argument que l'on ne puisse trouver chez l'évêque Berkeley. (Lénine : Matérialisme et empiriocriticisme, p. 18. Editions sociales, 1946.)
Enfin, voici l'appréciation sur l'immatérialisme de Berkeley que donne un manuel d'histoire de la philosophie, utilisé dans les lycées :
Théorie encore imparfaite sans doute, mais admirable, et qui doit détruire pour jamais, dans les esprits philosophiques, la croyance à l'existence d'une substance matérielle. (A. Penjon : Précis d'histoire de la philosophie, p. 320-321. Librairie Paul Delaplace.)
C'est dire l'importance pour tout le monde — bien que pour des raisons différentes, comme ces citations vous l'ont montré — de ce raisonnement philosophique.
Si l'idéalisme est né de l'ignorance des hommes — et nous verrons comment l'ignorance fut maintenue, entretenue dans l'histoire des sociétés par des forces culturelles et politiques qui partageaient les conceptions idéalistes — le matérialisme est né de la lutte des sciences contre l'ignorance ou l'obscurantisme.C'est pourquoi cette philosophie fut tant combattue et c'est pourquoi, sous sa forme moderne (le matérialisme dialectique), elle est peu connue, sinon ignorée ou méconnue du monde universitaire officiel.
Il nous faut donc éviter de nous servir de la dialectique d'une façon mécanique. C'est là une tendance qui nous vient de nôtre habitude métaphysique de penser. Il ne faut pas répéter comme un perroquet que les choses n'ont pas toujours été ce qu'elles sont. Quand un dialecticien dit cela, il doit chercher dans les faits ce que les choses ont été avant. Car dire cela, ce n'est pas la fin d'un raisonnement, mais le commencement des études pour observer minutieusement ce que les choses ont été avant.
Docilité communiste, inflexibilité anti-nazie .Michel Polizer, auteur d'un essai biographique sur son père, ?Les Trois Morts de Georges Politzer? (Flammarion), interrogé pour Mediapart par Antoine Perraud.