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Critique de Thyuig


Dieu et son pendant, le Diable, dans un livre odieux et magnifique.
Quatre histoires s'interpénètrent ici. Il y a d'abord celle de ce Marines qui s'en revient de la sale guerre du Pacifique. Traumatisé, il fera de sa propre vie un bourbier aussi nauséabond qu'Iwojima. A sa droite, le fils, Arvin, assistera au lent déclin paternel et trouvera plus tard en lui son propre diable. Sa demi-soeur, issue d'une mère dont le meurtrier en fuite ne eut être que son père, cherchera en Dieu un monde pure qu'elle ne trouvera pas plus. Il y a enfin deux couples : un estropier et son prêcheur, une pute et son mac.
Donald Ray Pollock ne voit pas la vie en rose, ou alors c'est que le Diable s'en revêt dorénavant. Il offre avec le Diable tout le temps un roman aussi noir que génial. Son parti-pris ? Trouver en chaque dieu une idole. La vie détruit les idoles, c'est même l'oeuvre du diable, tout le temps.
Le roman est dur. Dense, construit presque méthodiquement comme l'oeuvre d'un chirurgien malade, Pollock va tout ouvrir, scalpel en main. le sang coule, les têtes tombent, les auto-stoppeurs disparaissent en plein ébat. Et toujours la foi en l'homme, et la perte que cette foi induit.
Le diable, tout le temps est un grand roman parce qu'il stigmatise -c'est le bon mot- les plaies d'une Amérique que Pollock n'hésite pas à mettre à nue. Ou plutôt non, il l'écorche, il la fait hurler, se plaindre, il contredit les engagements et les certitudes de cette Amérique de parc d'attraction, celle qui se lève le dimanche pour s'asseoir à l'église, celle qui oublie qu'elle est odieuse en tellement de façon.
Le roman est dur, puissant et de ceux dont on se souvient longtemps. A ce titre il est d'une lecture exigeante car tant de noirceur, tant de pessimisme effraie. Mais parfois, la frayeur permet d'approcher le plus grand : Faulkner, MacCarthy, Ellroy aussi sont effrayants. Et géniaux.
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