AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un jour, le crime (13)

Pourquoi ne parvenons-nous pas à tenir notre mort et celle de ceux que nous aimons pour naturelles? Les arbres, même centenaires, finissent par mourir; chez les animaux, certains vivent vieux, comme les éléphants, la plupart, quelques années; un insecte qui a la grâce d'une libellule, quelques heures, il porte le beau nom d' "éphémère". Alors pourquoi nous, êtres éphémères, voyons-nous dans la mort un scandale? Pourquoi refusons-nous d'être soumis à la Loi de la Nature? Elle devrait prévoir quelques exceptions...
Combien de fois me suis-je dit et redit ces mots de Phèdre, en essayant de les faire miens : "Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre?"
Commenter  J’apprécie          345
On a quelque peu oublié aujourd'hui, où il convient de célébrer le désir ("ne pas céder sur son désir", disait Lacan qui effectivement ne céda pas), l'importance qu'accorde Freud à l'idée de renoncement.
Renoncer à obtenir tout immédiatement, consentir à cesser d'être His Majesty the Baby, renoncer à conquérir et à posséder la mère, à supprimer père et frères, reconnaître notre finitude, admettre que nous ne sommes pas immortels et que nous ne sommes ni le centre du monde ni le centre de nous-mêmes, découvrir à nos dépens les limites de notre pensée... La liste est longue e il ne nous plaît pas de voir dans notre vie une succession de renoncements. Telle est pourtant la condition pour que cette vie invente et s'invente, soit toujours en mouvement au lieu de rester à jamais fixée à ses premières attentes, à ses premiers objets d'amour et de haine.
Commenter  J’apprécie          260
Une foule n'est pas une somme d'individus, elle est un ensemble anonyme qui se prévaut de cet anonymat pour revendiquer son irresponsabilité. Elle est totalitaire.
Commenter  J’apprécie          190
Nous n'avons plus affaire, dans le cas du meurtre, au retour ponctuel d'un élément refoulé - ce passager clandestin qui parvient à franchir la frontière - , mais à un retour en masse qui va au-delà du refoulement. Il ne s'agit pas, comme on le dit souvent, d'un fantasme qui demanderait à être réalisé. C'est un moment hallucinatoire. L'hallucination est plus forte que la perception. Je crois qu'à l'instant du meurtre la plupart des criminels sonthallucinés et que ce n'est pas seulement pour leur défense qu'une fois redevenus conscients ils affirment: "J'ai été pris d'un coup de folie."
L'impératif "Tu ne tueras point" se transforme en son contraire, tout aussi impératif "Tu dois tuer". Et alors, c'est le déchaînement, un déchaînement qui brise les barrières, les digues, comme un cataclysme naturel, qui transgresse tout interdit, viole, fracasse, mutile le corps et, à l'extrême, le dépèce ou le dévore... Le réel, pour le meurtrier halluciné, c'est le corps.
Dans quelles chaînes étaient-ils donc enserrés, ces déchaînés? Chaînes sociales, chaînes d'un langage qui leur était devenu étranger au point de les persécuter? Et alors survient l'explosion, leur corps explose dans le moment même où ils s'en prennent au corps de leur victime. Leur corps se déchaîne et devient fou: "J'aurais ta peau. Je t'arracherai les yeux." Le crime commis par les soeurs Papin est exemplaire.
Commenter  J’apprécie          50
une pensée ne saurait être que libre,ou plutôt n’obéir qu'à sa propre contrainte ,qu'à sa propre nécessité intérieure ,elle est par nature opposée à l'endoctrinement comme l'est,comme devrait l'être,la littérature.
Commenter  J’apprécie          30
Bien embarrassé, écrit Pierre Larousse, celui qui, l’histoire en main, voudrait donner une définition du crime et chercher là-dessus le consensus des peuples, et il conclut l’article de son dictionnaire universel consacré au crime par ces lignes : « La philosophie moderne, appuyée par la raison et le bon sens arrivera, par la suite des temps et le progrès des Lumières, à faire mettre au nombre des plus grands attentats, ce que jusqu’à ce jour on a appelé conquêtes et gloire militaires. » De là la question : qu’appelle-t-on crimes de guerre si toute guerre est criminelle ?
Commenter  J’apprécie          20
Donner la mort, sans doute est-ce la manière la plus radicale de conjurer la mort que l'on sait inéluctable tout en ignorant le moment de sa survenue.
La donner : la mort cesse alors d'être perçue comme une menace, ressentie comme une perte, un désastre, un châtiment injuste. Elle est un don que l'on fait à un être cher dont la souffrance est devenue intolérable (l'euthanasie serait un crime altruiste) ou que l'on s'accorde à soi-même (suicide, et bien des accidents, plus ou moins provoqués, qui sont autant de suicides camouflés).
Le suicide relève d'une décision personnelle. J'en choisis le moment et la modalité - revolver, poison, défenestration. La mort n'est plus ce qui me tombe dessus, à son heure à elle. En un sens je deviens, en me donnant la mort, plus fort qu'elle. Je peux me croire son maître.
Commenter  J’apprécie          20
Je déteste la violence et voici que je m’apprête à écrire un livre sur le crime. Si je la déteste tant, cette irruption de la violence, c’est que je la redoute et tente de m’en protéger, tel un enfant qui, après que sa mère a bordé soigneusement son lit, se croit assuré d’être à l’abri du cauchemar.
Commenter  J’apprécie          10
Ce serait peut-être là ce que nous attendons de la littérature, qu'elle transforme l’extrême singularité de fait, mais sans jamais l'effacer, en l'accentuant plutôt, en quelque chose visant l'universel ou du moins capable de rejoindre l'autre dans sa propre singularité.
Commenter  J’apprécie          10
"Le pouvoir corrompt,le pouvoir absolu corrompt absolument" n'avait cessé de m'accompagner. Bien que je sache tout ce que je dois à ceux qui m'ont permis d'aller vers la philosophie puis vers la psychanalyse,je n'en ai pas fait des maîtres ,je n'ai pas eu à endosser le rôle de disciple.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (58) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    851 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}