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EAN : 9782070388547
213 pages
Gallimard (15/03/1994)
3.83/5   20 notes
Résumé :
Les chambres closes d'où filtrent des odeurs bizarres et le cabinet de l'analyste où la parole se trouve en se perdant. Le cahier noir où vient échouer l'amour et le coup de téléphone d'une vieille dame. La villa des grandes vacances, ses jeux et ses rites que la mort vient troubler. La rencontre avec Sartre en classe de philosophie et celle avec Lacan dix ans plus tard. Le Cours H honni et le lycée bien-aimé. Les villes étrangères. Les petits métiers. Autant de lie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai souvent entendu parler, ou souvent entendu cité PONTALIS en référence, sans ne jamais l'avoir vraiment approché. Pourtant, sur le papier, l'homme a tout pour m'attirer : philosophe, psychanalyste, écrivain… Mais voilà, il y a des auteurs que l'on approche tardivement, en temps et en heure.



Suite à une conversation lors d'un déjeuner familial, notamment avec ma soeur qui tentait de me faire pointer du doigt des commencements incessants dans ma vie, suivie par la suite d'une photo reçue sur mon smartphone avec la couverture du livre (on pourrait dire que ma soeur est têtue), j'ai décidé de lire ce fameux essai, en pensant trouver… Une description de l'amour des commencements.



En fait, il ne s'agit pas vraiment de cela, et je ne saurai même pas vraiment dire de quoi cet essai traite exactement, même s'il y a des passages diffus, éparpillés, que j'ai appréciés pour leur justesse.



L'amour des commencements est à la fois une forme d'autobiographie de Jean-Bertrand Pontalis qui a eu comme professeurs Sartre et Lacan (quand même les deux dans une même vie, mais quelle chance !), un récit de ces choses qui marquent durant l'enfance sans savoir encore que cela va laisser de trace, un ressenti sur ses premières approches de la maladie et de la mort, une description de sa plus grosse passion et chagrin qui s'en est suivi… avant que le soleil ne se remette à briller un matin. Un livre très étrange où la vie ne se présente effectivement que comme une succession de commencements divers et variés, certains très impliquants, d'autres non, sans pour autant qu'il y ait une continuité dans l'argumentation… On vient y picorer un peu ce qui retentit chez nous, sans vraiment comprendre au final le vrai message qui est inscrit dans cet essai, si tant est qu'il y en ait un, car après tout, pourquoi n'aurait-on pas le droit à un essai où les messages peuvent se lire différemment selon qui nous sommes ?



Un point quand même qu'il me semble avoir compris : l'importance – excessive, indéniable et indispendable – du langage, vu au travers de son regard de psychanalyste qui justement essaye de ne pas faire de la psychanalyse une toute-puissance (partie intéressante de l'essai d'ailleurs). Ce langage qui a la fois fige les visions de la réalité en réalités, mais qui est néanmoins indispensable pour nommer et dépasser des situations. Je ne sais pas encore quoi faire de cet apport mais j'ai compris qu'il y avait là une ambivalence existentielle à garder en tête.



Finalement plus qu'un résumé, je pense que cet essai peut davantage se transmettre en reprenant quelques citations de l'ouvrage, au risque bien évidemment de figer l'auteur dans sa pensée (qu'il me pardonne de là-haut):



Mais la psychanalyse m'assomme quand elle entre, sans y être invitée, en tout lieu, s'affirme comme interprétation de toutes les interprétations possibles. Je revendique pour tout un chacun non le refuge dans l'ininterprétable mais un territoire, aux frontières mouvantes, de l'ininterprété.
(L'amour des commencements, p.27, Folio)

[...] l'immobile a deux faces. Il y en a une qui rassure, comme le retour des saisons qui fait croire que le rythme de la vie humaine aussi échappe au temps qui passe, comme le café pris au comptoir avant d'aller travailler, comme le chien qui ne consent à dormir que sur ce coussin-là… Cette garantie de continuité m'est nécessaire. L'autre face, accablante, je la trouvais et je la trouve toujours quand, par exemple, au retour d'un voyage, le cendrier que j'ai oublié de vider avant le départ a gardé ses mégots, quand le manuscrit que j'ai cessé de lire, par fatigue ou ennui, est resté ouvert à la même page… Ah, ces restes de nos restes, cette perpétuation du déchet, cette retombée sans fin de ce qui fut vivant !
(L'amour des commencements, p.42, Folio)

[...] je n'ai jamais pu me faire à l'idée qu'on ne pense qu'avec sa tête !
(L'amour des commencements, p.57, Folio)

D'où nous vient l'amour des commencements sinon du commencement de l'amour ? de celui qui sera sans suite et peut-être par là sans fin.
(L'amour des commencements, p.70, Folio)

Je tiens pour suspecte une pensée qui, tout en s'en défendant, a réponse à tout et tient à l'écart sa propre incertitude.
(L'amour des commencements, p.101, Folio)

[...] je me représente [l'âme] comme une ellipse, peut-on imaginer une âme carrée, rectangulaire ?
(L'amour des commencements, p.103, Folio)

[...] vouloir se démarquer du troupeau, c'est encore subir la marque du berger.
(L'amour des commencements, p.142, Folio)

La conversation sans objet, quel luxe !
(L'amour des commencements, p.154, Folio)

Que ne perd-on pas quand le moment vient où on croit avoir acquis son identité, où on se félicite qu'elle ait cessé d'être flottante et de dériver au hasard des rencontres, au gré des jours et des nuits !
(L'amour des commencements, p.176, Folio)

Mais qu'est-ce qu'une vie si on ne se la raconte pas ? Et, nous le savons, pour une seule vie, il y a cent biographies possibles.
(L'amour des commencements, p.178, Folio)

[...] est venu un temps où, moins tourmenté de découvrir ce à quoi on tient vraiment, on se contente d'aimer ce qui vous tient : ceux auprès de qui on vit et qui paraissent trouver quelque plaisir à votre compagnie, le travail dont on ne se demande plus qu'elle est la raison d'être, l'assurance que chaque jour donne de quoi aimer.
(L'amour des commencements, p.183, Folio)

Ne plus rêver, c'est être à demi mort, c'est faire de la réalité sa seule loi.
(L'amour des commencements, p.207, Folio)

Et bien sur :

Tant qu'il y aura des livres, personne, jamais, n'aura le dernier mot.
(L'amour des commencements p.214, Folio)

Jo la Frite
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Fantatique de Pontalis, je trouve que ce livre-ci est le meilleur car je ressens les choses de la même façon... On dirait qu'il écrit à des amis et non à des inconnus!
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Difficile de se lancer dans un tel livre intitulé l'Amour des commencements...
cela pourrait ressembler à un recueil de bulletins d'humeurs, d'un carnet de note écrit avec grand talent. Un ensemble de vignettes cliniques d'analyse sans divan.
Mais non ce n'est rien de cela, c'est de la littérature simplement un roman personnel au sens intime, dit avec des mots travaillés avec talent.
Le fil rouge est le langage , à tous les âges, sous tous les temps, un langage chiadé mais accessible.
Foncez
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lire tout Pontalis
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Et, ne l'oublions pas, en ce temps où l'on vante à l'envi la créativité de tout un chacun, la poésie est une science exacte, la peinture un métier et la littérature un style !
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Mais il arrive que je me sente en subtil accord avec cet univers à l'état réduit, que je lui trouve une pure qualité esthétique, sans empâtement de chair, sans rien de trop. S'il y avait là un érotisme de l'apparence! Me voici séduit: nous sommes de belles machines autorégulantes, nous sommes fonctionnals et vigilants. Dissoutes les humeurs, apaisés les troubles et remous d'origine inconnue. Quel repos délicieux! Mais cette conversion n'est pas faite pour durer, elle me lasse, j'ai envie de gestes inutiles et surtout maladroits, j'aspire à des temps morts, à des échanges futiles, à des jeux sans règles. C'est dans l'indéterminé que je me retrouve.
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"Maintenant encore je mesure à quel point ces mots-là et tant d'autres ne servent qu'à masquer l'incertitude où l'on est de son état, le désarroi où vous plonge l'étrangeté d'une manière d'être, l'éloignement irréversible qui se creuse entre vos proches et vous. Des mots pour ne plus sentir, des mots pour ne pas penser. Il est rare aujourd'hui d'entendre des mots qui, n'appartenant à personne, peuvent être le propre de chacun, des mots lourds, inépuisables comme celui de chagrin ou de haine."
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D'abord, j'y vivais hors de ma famille où, comme dans toute famille, régnait une loi secrète du silence. Non qu'on y fut particulièrement réservé - nous avions même nos volubiles- mais tout ce qui se transmet de fort chez les siens, tout ce qui les attache, les fixe les uns aux autres, la haine ou l'amour, la rancoeur, le malaise, ne peut se dire. Cela, un enfant le perçoit plus vivement qu'un adulte. Et réussirait-elle à s'avouer, toute cette passion, que l'effet, comme on le voit plus tard dans les couples avides de transparence, serait nul. Seul le non-dit cimente la vie des familles, une vie qui ne bouge pas.
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Tant qu'il y aura des livres, personne, jamais, n'aura le dernier mot.

[Excipit]
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