Ça roule, ça tangue, ça gueule, on en prend plein la tête.... du bruit, des vagues...ça secoue !
Lili, la narratrice, a tout plaqué. Elle a quitté sa Provence et son chaud soleil pour chercher autre chose, loin de tout, en Alaska.
Promenade sur le port de Kodiak, des bateaux se préparent à partir :
"– Tu cherches quelque chose ?
– du travail…
– Monte donc à bord ! "
Premier contact avec ce monde. Ce ne sera pas sur ce bateau mais sur un autre qu'elle embarquera. Pas de carte verte, pas de licence de pêche. Une sans papiers qui risque à tout moment d'être repérée par les services de l'immigration.
Qu'importe ! une nouvelle vie commence sur le Rebel.
Elle sera la seule femme, inexpérimentée de plus, dans un monde masculin rude, celui de la pêche en haute mer. Une pêche saisonnière, lignes de pêches, casiers à crabes, filets...Morues, crabes géants, flétans, selon les périodes.
Catherine Poulain.... Lili, frêle femme en apparence, si on se fie à sa photo, se frotte alors au dur métier de pêcheur en haute mer. Rude apprentissage, réparer des lignes, les appâter avec des calamars presque pourris, les remonter à la force des bras, décrocher les poissons, les vider, les ranger dans les cales, dans la glace...rien ne lui est épargné. Elle prend son tour comme les autres. Des jours et des jours de mer, sans horaire...on dort quelques heures dans son duvet sur le pont, les hommes lui ont pris sa couchette. de jour, de nuit, sous le pluie, dans les vagues.... gants troués, bottes pleines d'eau, froid, quelques heures de sommeil dans le bruit incessant des moteurs. Puis on reprend.On jette le chalut, on jette les lignes, on dort quelques heures, et on remonte les lignes ou le chalut, on vide, on appâte, on recommence....On rentre, on vide au port, quelques bières, on répare et on repart...Quelques dollars de plus selon les cours, et moins parfois selon les pertes en matériel...c'est sur leurs payes que ces pertes sont retenues par l'armateur !
Une forme de monotonie toutefois dans ce roman : les jours et les saisons se succèdent sans être toutefois totalement identiques : on passe de la morue de quelques kilos aux flétans énormes, poissons dont j'ai découvert la taille et la gueule.
La difficulté, les conditions de vie, l'ambiance ne changent pas. Mais l'accident peut survenir à tout moment. L'incident apparemment bénin peut avoir de graves conséquences...une épine de poisson peut vous mener aux portes de l'amputation... La mort rode, chaque marin peut tomber à l'eau ! Une eau qui laisse peut de chance de s'en tirer.
Lili est respectée par ses compétences, par son travail, elle ne se plaint jamais dans ce monde d'hommes, elle prend ses tours de veille comme les autres, exécute les mêmes tâches, boit sa bière dans les bars du port et paye sa tournée. Pas de machisme, pas de mains au fesses, pas d'allusion sexiste, ce n'est pas le lieu. Ni la mentalité de ces gens de mer. Elle n'est pas affectée seulement à la cuisine ou à la vaisselle... ...mais sera toujours moins bien payée que les hommes !
Puis un jour....un marin, pas comme les autres...au physique de bûcheron...
le Grand marin...
Dur métier que celui des marins pêcheurs de haute mer, le roulis, le froid, le vent, le jour, la nuit, l'humidité, le sel qui creuse les plaies....
Roman précis, fouillé, dont tous les mots sont pesés. On perçoit le vécu des situations, la difficulté de ce métier dur et exigeant. Pas un mot de trop, pas de pathos, peu de romantisme, même avec ce grand marin.
Seulement la nostalgie qu'on perçoit, de
Catherine Poulain pour cette période, pour cette portion de vie qui lui laissera des souvenirs et une expérience indélébile.
Une nostalgie qui marque une vie, qui forge un être humain ! ! Qui évite de "mourir d'ennui"
Qui burine le visage !
Lien :
https://mesbelleslectures.co..